Le designer Dominique Moris a produit à Escoublac des milliers de pièces de carrosserie en matériau composite pour la firme Porsche. En toute confidentialité.
Il a piloté presque toutes les séries de Porsche mais il conduit désormais une BMW. Pour autant, la fibre « porschiste » n'a pas disparu chez Dominique Moris, 63 ans. Loin s'en faut ! Il reconnaît même devoir quasiment tout à la prestigieuse marque allemande.
Beaucoup l'ignorent : le discret patron de D. Moris Styling avait une clause de confidentialité pour le logo aux bois de cerfs des armoiries de la famille Württemberg. Et pourtant, ce sont des milliers de Porsche qu'il a équipées avec des ailerons puis des éléments de carrosserie, en particulier sur la mythique 911.
Face à l'aérodrome d'Escoublac, l'atelier de production, tout blanc, est aujourd'hui bien trop grand pour les trois techniciens qui travaillent les matériaux composites. À l'avant, une immense vitrine présente les éléments produits sur place. Dans un style ultra-dépouillé, un peu à l'image de Porsche et de ce Nazairien d'origine qui s'est lancé presque par hasard dans l'aventure !
« Après des études d'électronique, j'ai travaillé à Paris et à l'étranger. J'adorais le bruit rauque et félin du moteur des Porsche. À 22 ans, j'ai acheté ma première 911 d'occasion. » Dominique Moris aime le tuning et veut ajouter un becquet : mais la pièce commandée arrive cassée en deux, à cause du transport. Le Nazairien se fait rembourser mais « j'ai récupéré les deux morceaux et je suis allé voir un copain qui fabriquait un trimaran en polyester. On a soudé à froid la résine polyester. »
Travail 100 % manuel
Devant le résultat très satisfaisant, Dominique Moris décide de dupliquer des pièces : il suit des cours et fabrique son premier moule « comme pour faire des gâteaux » pour le becquet de Porsche « dans mon garage. »
À 27 ans, le jeune Nazairien lance sans le sou (père ouvrier, mère femme de ménage) son affaire sur un terrain de Saint-Nazaire et installe un mobile-home, où il travaille d'arrache-pied. « J'ai commencé à fabriquer des moules. Il fallait des dizaines voire des centaines d'heures pour cela. » Il achète un becquet aérodynamique de Carrera, le copie et l'adapte. « Je suis un méticuleux, un maniaque de la perfection. » Il vend ses pièces par petites annonces. Son business de tuning prend tournure.
Le travail demeure « 100 % manuel » avec des moules de résine pour petites séries. Une nouvelle usine, rutilante, s'érige à Escoublac voici 22 ans, les commandes affluent : « On est arrivés à 30 salariés avec le plus beau marché en 2001 : celui des ailerons de la Porsche 911 GT3 MK1. 8 600 pièces fabriquées ! » Porsche représente alors 95 % du chiffre d'affaires.
Mais les normes évoluent considérablement à Stuttgart et la structure bauloise ne suit plus. Depuis une dizaine d'années, Dominique Moris a fait fondre ses effectifs : ils ne sont plus que cinq et le fondateur voudrait passer la main. Le Baulois conserve néanmoins 350 000 € de chiffre d'affaires annuels avec un marché de pièces de rechange et de tuning soutenu par la mode du backdating : transformer des caisses, souvent des G et 964, en caisses classic. Le marché de la Porsche reste porteur !
Michel ORIOT.
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