
Après avoir franchi tous les échelons avec succès, Jonathan Cochet est devenu pilote d’essai en F1, au début des années 2000. S’il n’a pu poursuivre, l’Alençonnais a brillé en Endurance. En 2002, il est notamment monté sur le podium des 24 H du Mans. "Alors que ça aurait dû être un top moment, je suis arrivé exténué au podium", précise-t-il. Entretien.
Jonathan Cochet, les essais hivernaux en F1 se sont lancés hier à Barcelone. Cela doit raviver de vieux souvenirs…
Oui, c’est vrai (sourire). Bon, maintenant, les essais ce sont principalement les pilotes titulaires, c’est très rare qu’il y ait un troisième pilote.
Comment aviez-vous obtenu ce contrat de pilote essayeur en Formule 1 ?
En 2000, j’avais réalisé une belle saison en F3. J’avais été champion de France et j’avais remporté quelques courses internationales. J’ai été approché par Alain Prost, qui dirigeait à l’époque l’écurie Prost Grand Prix. Le feeling était bien passé, j’avais donc été recruté comme pilote essayeur. Ma mission, c’était de réaliser les essais et du développement.
Cela devait être un aboutissement…
Pour tout pilote, l’objectif n’est pas d’être pilote essayeur mais titulaire. Et ensuite de faire des résultats. Par conséquent, quand j’ai signé à Prost Grand Prix, c’était une première marche. Je voulais emmagasiner de l’expérience pour être prêt l’année suivante si l’occasion se présentait…
Cependant, l’opportunité n’a pas eu le temps d’arriver…
Non. Alors que la voiture marchait quand même pas mal, l’équipe a manqué de budget… Quand j’ai appris que l’écurie allait s’arrêter, ça a été un mini-choc car j’avais un pied dedans. Dans ma tête, j’étais sûr de poursuivre.
« Ocon ? Le plus dur maintenant, c’est de confirmer »
Quel regard portez-vous aujourd’hui sur la F1 et notamment les pilotes français comme Esteban Ocon ?
Sincèrement, je regarde toujours avec autant d’attention. Je suis étonné parfois par les médias qui disent qui ne se passe rien… À l’époque de Prost et Senna, il y avait toujours une équipe qui dominait. Quand j’entends qu’on se plaint que Mercedes domine trop, la saison dernière a quand même été fabuleuse entre Hamilton et Vettel… Esteban Ocon et Pierre Gasly méritent leur place en F1 grâce à leurs résultats passés. Ils ne sont pas arrivés avec du budget ! L’an passé, Ocon a réalisé une super saison. Quand on a un pilote de calibre en face comme Sergio Pérez et qu’on est devant, à ce moment-là, votre cote monte encore plus. Le plus dur maintenant, c’est de confirmer.
Pour revenir sur votre carrière, après la F1, vous vous êtes lancé en Endurance. Pourquoi ce choix ? Était-ce un besoin de tourner la page ?
La page s’est tournée naturellement. À partir du moment où votre équipe dépose le bilan, c’est difficile d’en trouver une autre. Il y a des pilotes qui arrivent avec du budget. Après, j’ai essayé de rouler au Japon, aux États-Unis. Mais l’Endurance s’est avérée être une bonne catégorie pour gagner sa vie. Elle permet aussi de découvrir de nouveaux circuits, de se lancer de nouveaux challenges… Et puis, prenons l’exemple des 24 H du Mans, c’est du partage. On ne roule pas seulement pour soit mais pour une équipe.
Justement, vous évoquez les 24 H du Mans. Votre podium en 2002 est-il votre meilleur souvenir ?
Peut-être en endurance et encore… J’ai aussi fait des podiums aux États-Unis. Pour tout dire, le podium au Mans en 2002, ça ne reste pas comme mon meilleur souvenir car j’étais décomposé après chaque relais. Je subissais la chaleur dans la voiture. Alors que ça aurait dû être un top moment, je suis arrivé exténué au podium. Je n’ai pas pu l’apprécier à sa juste valeur…
La 86e édition des 24 H du Mans, en juin prochain, va marquer un tournant dans l’histoire de l’Endurance. Seul Toyota sera présent…
Pour moi, Toyota est quasiment déjà crédité de la victoire s’il ne leur arrive rien. Ce qui est dommage, c’est qu’il y aura peut-être un peu moins de concurrence cette année. Il faudra suivre la bataille en LMP2. Il va peut-être y avoir une surprise si Toyota a des problèmes. Des teams privés pourraient être amenés à jouer la gagne.
Fernando Alonso sera présent sous les couleurs de Toyota. Pensez-vous qu’il puisse l’emporter ?
Il a de très fortes chances, oui. Il n’y a pas deux autres constructeurs comme Audi et Porsche. Des pilotes comme lui, il y en a 2-3 en F1, c’est tout. Du début à la fin, il sera toujours à 100 %, il ne lâche jamais rien. Vous pouvez être sûr qu’il utilisera à 110 % son matériel.
« Aujourd’hui, je fais du coaching sur les circuits »
Aujourd’hui, est-ce que vous continuez à rouler ?
Ça m’arrive mais beaucoup moins que par le passé. Parfois, je réalise des coups ponctuels pour faire un peu de développement. J’en ai fait un, par exemple, pour Solution F à Magny-Cours, en octobre dernier. Mon frère est d’ailleurs peut-être parti pour faire la saison avec eux. Maintenant, Ludovic roule plus que moi (sourire). Il m’a bien aidé par le passé, c’est à mon tour de lui donner un coup de main. Comment ? Je fais du coaching sur les circuits, partout en Europe, pour les pilotes afin qu’ils progressent, ou pour les particuliers.
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