
« En voiture Simone, c’est moi qui conduis, c’est toi qui klaxonne. » La célèbre boutade adressée à la pilote automobile Simone Pinet de Bordes dans les années 30 n’a rien perdu de son piquant.
Rares sont les femmes qui partagent la piste avec les hommes au plus haut niveau. Et sous le capot, le constat est identique.
À 24 ans, Karen Le Rat, d’Augan (Morbihan) fait partie des exceptions. Elle est mécanicienne automobile de compétition.
L’automobile n’est pas qu’une affaire d’hommes.
Derrière ce petit bout de femme se cache une technicienne hors pair qui est parvenue à se faire une place sur les circuits.
« Il fallait être gonflée pour choisir cette voie »
Pourtant, bien malin qui aurait prédit sa carrière automobile à Karen Le Rat.
Pas d’héritage insidieusement tatoué dans les veines ni de besoin irrépressible de mettre les mains dans le cambouis.
Sa passion pour la mécanique, la jeune femme « ne l’explique pas. »
En fouillant dans sa mémoire, elle se souvient pourtant de ces dimanches en famille passés à suivre les compétitions de Formule 1 à la télévision.
J’ai toujours été attirée par les voitures, mais sans imaginer en faire mon métier. C’était un monde inaccessible.

Sans conviction, elle s’oriente d’abord vers un CAP vente.
Faire de la mécanique la démange, mais les clichés ont la vie dure. « Il fallait être gonflée pour choisir cette voie », admet Karen.
Ce qu’elle ne dit pas, c’est qu’elle en a fait deux fois plus pour s’imposer. « J’ai frappé à la porte de tous les garages du coin pendant un an pour décrocher un contrat d’apprentissage. Personne ne m’a laissé ma chance. »
Son CAP, elle l’obtiendra finalement au lycée de Colbert de Lorient par l’intermédiaire d’une formation pour adulte.
« On ne me prenait pas au sérieux »
Regonflée à bloc, elle imprime à nouveau CV et lettres de motivation pour faire la tournée des garages. Sans entreprise, pas de Bac pro.
Je me déplaçais systématiquement, au téléphone, on ne me prenait pas au sérieux.
Exit aussi la coloration blonde platine, la jeune femme est devenue brune pour « se fondre dans la masse. »
Vannes, Lorient, Rennes, sa maman ne compte pas ses kilomètres pour permettre à sa fille de vivre son rêve.
Mon papa, même s’il m’a toujours complètement soutenue, s’est montré plus réservé. Il avait sûrement peur que sa petite fille n’ai pas assez de caractère face aux hommes.
Chamaillard Automobiles, à Ploërmel, lui donnera finalement les moyens de ses ambitions.
Formée au CFA de Vannes, elle apprend les rudiments du métier et participe au challenge « Les lycées dans la course. »
Comme pilote cette fois. « J’avais déjà fait quelques courses de Kart Cross », dévoile l’intéressée.
Aussi à l’aise sous le capot que derrière le volant, elle décroche le titre de meilleure féminine Grand Ouest.
Un vrai régal, mais j’aime trop mon métier pour faire autre chose de mes dix doigts. Ce qui me plaisait, c’était surtout de régler les voitures pour les compétitions.
Mécanicienne sur les circuits de France et d’Europe
L’expérience se révèle si positive qu’elle ambitionne d’intégrer la prestigieuse école de l’Autosport Academy au Mans pour devenir… mécanicienne de compétition.
Ce que la jeune femme veut, elle l’obtient. Rien d’étonnant à la voir poursuivre son chemin dans la capitale sarthoise, Karen Le Rat est une dure à cuire. Une qualité salutaire qui la guidera jusqu’en région parisienne en mars dernier.
Voir une présentation de l’Autosport Academy du Mans :
Les yeux encore pétillants, elle raconte : « J’ai intégré l’équipe Autovitesse il y a tout juste un an. Je procède à l’entretien, la réparation et l’exploitation des voitures que l’équipe engage en championnat. »
Trois BMW M4 en championnat GT4 et trois Lamborghini Huracan en championnat Européen Lamborghini Supertrofeo.
Sur les circuits de France et d’Europe de mars à novembre, elle se charge de bichonner les bolides, « du simple remplacement de freins, en passant part le réglage des trains roulants ou encore les déposes de boîte de vitesse ou moteur, décrit-elle avec enthousiasme ».
Seul le chrono compte, ça donne de sacrées bouffées d’adrénaline.
« Intégrée dans une équipe 100 % masculine »13
Le meilleur circuit ? « Celui des 24 heures, évidemment, même si celui de Spa-Francorchamps, en Belgique, vaut le déplacement. » Son plus beau souvenir ?
Certainement ma rencontre avec Ari Vatanen. J’ai même eu la chance de faire un inoubliable tour de circuit en sa compagnie à Magny-Cours.
Au milieu de ses confrères, masculins, elle vit « tous les moments à fond sans se poser trop de questions. »
Ni porte-voix ni langue de bois, Karen Le Rat l’assure : « Tout n’est pas noir même si quelques clichés persistent. »
Aujourd’hui, elle dit « être parfaitement intégrée dans une équipe 100 % masculine. »
Celle qui déconstruit les clichés à coup de clef à molettes force le respect de ses collègues sans pour autant perdre sa féminité. La brune est redevenue blonde, « il faut avouer que c’est ce qui me va le mieux », sourit l’intéressée.
Et ne se prive plus d’afficher des ongles parfaitement manucurés. Assurément, Karen Le Rat en a sous le pied.
Tant mieux, il en faut de la résilience pour percer dans le monde de l’automobile.
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