
Les avancées obtenues la semaine dernière calmeront-elles la grogne ? Alors que les assureurs et les garagistes soupçonnent les fabricants de voitures de vouloir limiter l'accès aux données générées par les véhicules connectés, les groupes de travail réunis de lundi à jeudi à Madrid sur le sujet ont arrêté des principes qui devraient les rassurer.
Un élément clé pour l'écosystème
Il s'agissait de définir les normes internationales ISO régissant l'interface informatique de l'accès aux données, notamment pour le diagnostic à distance. « Les discussions ont abouti à deux avancées majeures », explique Gaël Bouquet, directeur juridique du Comité des constructeurs français d'automobiles. « D'abord, les constructeurs ne pourront bénéficier d'aucun traitement préférentiel sur ces données : en leur qualité de fournisseurs de services, ils auront techniquement le même accès que les autres. Par ailleurs, même si ce sont eux qui hébergent ces données sur des serveurs sécurisés, ils devront respecter une certaine étanchéité, et ne pourront pas surveiller les activités d'autres acteurs sur le véhicule ». Ces résolutions doivent être publiées d'ici un mois, pour un vote définitif au dernier trimestre 2018.
Derrière ce sujet en apparence technique se cache, avec l'émergence de la voiture connectée, un enjeu majeur : le contrôle des millions de données liées au véhicule, à son état, ou à son utilisation (style de conduite, itinéraires, etc.). Les assureurs souhaitent développer des polices « pay as you drive » adaptées à la conduite, les réparateurs indépendants veulent disposer des informations techniques leur permettant d'intervenir, d'autres entendent proposer des services de gestion de flotte , de diagnostic à distance, de maintenance préventive, ou de mobilité... Autant d'acteurs qui, évoquant le précédent de la prise OBD (lire encadré), craignent de voir ces données confisquées par les constructeurs.
Sécurité des données
« Les constructeurs défendent la notion de véhicule étendu. Les données sont stockées dans le cloud et ils peuvent les contrôler », avance Yves Riou, directeur du pôle contrôle maintenance et réparation du Conseil National des professions de l'automobile (CNPA). « Nous aurions préféré travailler sur la notion de plateforme télématique embarquée, qui permettait un accès plus ouvert », dit-il, reconnaissant toutefois que les principes de traitement non discriminatoire et d'étanchéité constituent des « avancées positives ».
De leur côté, les constructeurs se défendent de toute volonté anticoncurrentielle, évoquant l'importance de la sécurité des données ou l'interopérabilité nécessaire des systèmes. « Nous sommes prêts à partager ces données -avec l'accord des clients s'il s'agit de données personnelles, bien sûr. Mais en toute sécurité ! », expliquait il y a quelques mois aux « Echos », Joost Vantomme, de l'Association des constructeurs européens. Une norme ISO a déjà été adoptée en janvier 2018, sur la définition du véhicule étendu.
Loi sur les mobilités
Conscients de l'enjeu, les pouvoirs publics s'intéressent au sujet. Des représentants du ministère des Transports assistent aux réunions sur les questions de normalisation en France. Et la future loi sur les mobilités (LOM) , qui doit être adoptée fin 2018 ou début 2019, pose elle aussi le principe d'un accès non discriminatoire des données aux tiers, sous réserve de l'accord du propriétaire du véhicule.
La filière aval (garagistes, distributeurs de pièces détachées, etc.) a été échaudée fin 2017 par l'affaire de la prise OBD (On board diagnostic): alors qu'il s'agit du seul point d'accès par des tiers aux données techniques d'un véhicule, la Commission Européenne l'avait supprimée du texte sur les homologations de véhicules neufs, applicable à compter de septembre 2020. « Les réparateurs indépendants n'auraient plus pu intervenir. Il a fallu se battre ! », explique le CNPA. La prise OBD a finalement été réintégrée au texte européen, adopté en avril 2018 .
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