
C'est la patate chaude du secteur. Qui pour construire une usine de batterie électrique sur le Vieux Continent ? Pour l'heure, nul grand industriel européen n'entend répondre à l'appel. Alors, les constructeurs se tournent vers les fournisseurs asiatiques comme Samsung SDI, LG Chem, Panasonic ou SK, qui trustent le marché des cellules lithium-ion, composants essentiels des véhicules électriques.
Après Daimler, BMW a ainsi annoncé il y a quelques jours un contrat d'au moins un milliard d'euros avec CATL, un autre cador du domaine. Ce groupe chinois se dit d'ailleurs prêt à établir une usine en Europe pour se rapprocher de ses clients européens, à l'image de Samsung SDI qui s'installe en Hongrie ou de LG Chem en Pologne. L'arrivée d'une usine de CATL outre-Rhin « serait à la fois une bonne nouvelle pour l'Allemagne, pays de l'automobile, et une certaine humiliation », juge sans fard l'hebdomadaire « Wirtschaftswoche ».
Vu les enjeux - il faut vite vendre des voitures zéro émission pour ne pas déroger aux objectifs CO2 de Bruxelles pour 2020 -, les constructeurs européens ont tous décidé d'acheter leurs cellules de batterie. Si des questions se posent toujours sur l'opportunité de fabriquer en interne des modules (l'étape intermédiaire entre la cellule chimique et le pack final de la batterie), tous devraient assembler ces packs en Europe. « Aucun constructeur ne veut intégrer les cellules. Mais beaucoup tergiversent sur les modules. Certains sont tentés d'assembler ces équipements eux-mêmes, pour conserver de la valeur et assurer la sécurité des batteries », précise Eric Kirstetter, partenaire chez Roland Berger.
Composant critique
En revanche, les rois européens de la voiture verraient d'un bon oeil un fournisseur de cellule issu du Vieux Continent. « Nous n'avons aucun intérêt stratégique à ce que le 'sourcing' de ces batteries soit concentré en Asie », affirmait, au printemps, le patron de PSA, Carlos Tavares, à l'Assemblée nationale. Quid de l'approvisionnement, si demain Pékin décidait de fermer le robinet ?
« Il serait quand même dommage que l'industrie automobile, qui est forte en Europe, abandonne ce composant », abondait quelques mois plus tôt Carlos Ghosn, son homologue chez Renault. « Ceci étant dit, il ne faut pas que la batterie soit uniquement européenne, il faut qu'elle soit européenne et compétitive pour que les différents constructeurs puissent l'acheter ».
Mais pour les équipementiers, le pari semble risqué, trop risqué. Ils rechignent donc à bâtir « l'Airbus de la batterie » dont rêve la Commission européenne. Ce n'est pas dans les moyens des équipementiers français. Et si l'allemand Continental a indiqué qu'il ne prendrait pas sa décision avant 2020, Bosch a annoncé en février, après avoir été très tenté, qu'il renonçait à construire une usine de cellules. Le groupe estime à 20 milliards d'euros l'investissement nécessaire pour se lancer dans l'aventure.
Comprendre pour acheter
Des tentatives ont pourtant été menées. Après avoir investi, Daimler-Mercedes a dû renoncer en 2015 à son usine de cellules, développée avec Evonik. Le site fonctionnait à perte, essoré par les économies d'échelle des concurrents. « Les dix premiers fabricants de cellules captent 90 % du marché. En 2020, Panasonic, CATL et LG pèseront plus de 40 % des ventes », note Eric Kirstetter.
Cela ne veut pas dire que les Européens vont lâcher l'affaire pour de bon. Certains, comme Volkswagen ou l'attelage Saft-Siemens-Solvay lorgnent sur les batteries solides, une technologie qui pourrait se substituer au lithium-ion. En attendant, « nous devons comprendre techniquement les cellules », expliquait Rolf Bulander, un ancien dirigeant de Bosch. Une politique suivie par BMW, qui investit 200 millions d'euros dans un centre R&D dédié aux batteries. Volkswagen est même en train de monter une ligne pilote de cellules à Salzgitter. Reste à voir si cela sera suffisant pour éviter à l'Europe de revivre dans les batteries la bérézina vécue dans les panneaux solaires.
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