Margrethe Vestager, commissaire européenne à la concurrence, a plusieurs fois montré qu’elle ne craignait pas de s’attaquer aux firmes les plus établies pour combattre toute forme de cartel. Elle l’a de nouveau prouvé, vendredi 5 avril, en rendant ses conclusions dans l’affaire des ententes supposées entre les grands constructeurs automobiles allemands. Selon le document publié par la Commission (une « communication des griefs »), Volkswagen, Daimler et BMW se sont rendus coupables d’entente illégale sur des questions techniques.
La procédure n’équivaut pas à une décision définitive, mais la probabilité que les groupes aient à s’acquitter d’une amende de plusieurs milliards d’euros est plus que probable. BMW a d’ailleurs annoncé, dans un communiqué, qu’il provisionnait 1 milliard d’euros pour faire face aux conséquences de cette procédure, qui devrait « très vraisemblablement déboucher sur une amende d’un montant significatif ».
Les trois entreprises ont reconnu depuis longtemps avoir des échanges réguliers à propos de certaines technologies. C’est Daimler, en 2014, qui avait informé les autorités de la concurrence de l’existence de ces réunions, qui se tenaient depuis 2006. VW a suivi en 2016 en livrant des éléments. Restait à savoir dans quelle mesure ces discussions entraient en conflit avec la législation sur la concurrence. Une procédure a été ouverte en septembre 2018. Dans ses conclusions, la Commission estime que la plupart de ces échanges étaient légaux, sauf sur un sujet, très sensible : le traitement des gaz d’échappement des véhicules essence et diesel.
Entente sur les réservoirs d’AdBlue
La question peut se résumer ainsi : les constructeurs se sont-ils entendus pour qu’aucun d’entre eux ne sorte une technologie plus respectueuse de la santé et de l’environnement que les autres ? Ont-ils de ce fait freiné l’innovation européenne qui aurait permis de produire des véhicules plus vertueux plus tôt ? A ces interrogations, les gendarmes de la concurrence européenne ont répondu par l’affirmative : ils suspectent Volkswagen, Daimler et BMW d’avoir privé le consommateur de la possibilité d’acheter des voitures moins polluantes, alors même qu’ils disposaient d’une technologie plus avancée.
Dans le détail technique, ils considèrent que les constructeurs se sont entendus pour que les réservoirs d’AdBlue, un liquide à base d’urée pulvérisé dans les systèmes d’échappement des véhicules diesel pour neutraliser les oxydes d’azote (Nox) toxiques, soient limités en taille. Impossible donc d’embarquer suffisamment de liquide pour dépolluer les moteurs sur la durée commerciale annoncée. Et pas question de forcer les automobilistes à faire le plein trop souvent. Selon les marques, les constructeurs ont soit manipulé le logiciel du moteur, comme Volkswagen et Daimler, pour réduire la consommation d’AdBlue, soit, comme BMW, introduit un système complémentaire de dépollution ou augmenter la taille du réservoir.
https://www.lemonde.fr/economie/article/2019/04/06/pollution-l-automobile-allemande-accusee-d-entente-par-bruxelles_5446657_3234.htmlBagikan Berita Ini
0 Response to "Pollution : l'automobile allemande accusée d'entente par Bruxelles - Le Monde"
Post a Comment