
C'est une offensive politique qui illustre à quel point les menaces pesant sur l'industrie automobile allemande inquiètent en Allemagne. Les chefs de gouvernement des trois grandes régions abritant les grands constructeurs automobiles du pays ont rendu publique vendredi une série d'engagements à collaborer pour accompagner le secteur dans sa mue sans précédent. Dans ce document de sept pages, ils appellent aussi le gouvernement à « prendre ses responsabilités ».
« Il y va de notre maîtrise technologique, de l'avenir de nos emplois et de notre prospérité », soulignent le social-démocrate Stephan Weil, l'écologiste Winfried Kretschmann et le social-chrétien Markus Söder, respectivement ministre président de Basse-Saxe, du Bade-Wurtemberg et de Bavière. Ces régions abritent Volkswagen, Daimler, Porsche, BMW et Audi, dont l'activité est à l'origine de plus de 1 million d'emplois . « Avec un chiffre d'affaires de plus de 420 milliards d'euros, l'industrie automobile est de loin le secteur le plus important en Allemagne et sa part dans les exportations dépasse 17 % », rappellent les trois dirigeants.
Un contexte économique propice à l'inquiétude
Leur initiative intervient alors que l'économie allemande multiplie les signes de faiblesse et que les critiques se multiplient au sein des milieux économiques contre le gouvernement. La production industrielle a ainsi reculé en avril de 1,9 %, après deux mois de progression, tandis que les exportations ont accusé une baisse de 3,7 %, selon des données provisoires publiées vendredi par l'Office fédéral des statistiques.
Dans ce contexte tendu, les trois régions s'engagent à jouer un rôle de pionnier dans le développement de la voiture électrique en s'engageant à construire et exploiter des bornes de recharge publiques d'ici l'an prochain. Elles promettent aussi la création de conditions juridiques « nécessaires aux nouvelles formes de mobilités », ainsi que la mise en place de programmes communs de recherche et de formation pour disposer d'experts dans les domaines stratégiques comme l'intelligence artificielle.
« Trop de temps a été perdu »
« Personne ne peut maîtriser seul les énormes bouleversements de l'industrie automobile. A une époque où les constructeurs allemands concluent des alliances stratégiques, les régions doivent aussi trouver un nouvel équilibre entre concurrence et mise en commun des forces. La concurrence vient désormais des Etats-Unis et de la Chine et elle s'accélère », expliquent les trois ministres présidents, qui appellent aussi le gouvernement fédéral à jouer sa partie.
« Trop de temps a été perdu et trop d'objectifs ont échoué. Temporiser n'est plus une option », écrivent-ils. Ils somment l'exécutif fédéral de créer les conditions-cadres favorables au développement de la voiture électrique, notamment en accélérant l'équipement en borne de recharge des habitations et en investissant dans la recherche sur les batteries de nouvelle génération. Leur appel à faciliter le recrutement de main-d'oeuvre qualifiée pourrait en revanche être en passe d'être satisfait avec l'adoption ce vendredi par le Bundestag de la loi sur l'immigration qualifiée.
L'initiative commune de Stephan Weil, Markus Söder et Winfried Kretschmann peut étonner, les deux premiers appartenant chacun à un parti membre de la coalition gouvernementale. Mais en s'en démarquant et en s'alliant à l'écologiste Winfried Kretschmann dont le parti a le vent en poupe, Stephan Weil et Markus Söder protègent leur base régionale. Déjà très secoué, le gouvernement allemand aurait néanmoins pu faire l'économie de ces nouveaux reproches.
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