Le salon qui ouvrira jeudi au public subit de nombreuses défections. Mais ce sont surtout des figurants, les premiers rôles sont toujours tenus par les Allemands.
Alfa Romeo, Alpine, Aston Martin, Bentley, Bugatti, Cadillac, Chevrolet, Citroën, Dacia, DS, Ferrari, Fiat, Infiniti, Jeep, Kia, Lada, Lexus, Lotus, Maserati, Mazda, Mitsubishi, Nissan, Peugeot, Renault, Rolls-Royce, Subaru, Suzuki, Tesla, Toyota, Volvo. La litanie des marques ne pointant pas cette année au Salon de Francfort, qui se tient en alternance avec Paris, pourrait plomber le moral des organisateurs. Mais à bien y regarder, aucune de ces marques à l'exception notable de Toyota n'a la puissance d'un Mercedes, d'un BMW, d'un Audi, d'un Volkswagen qui, à eux seuls, peuvent faire l'affiche.
Et on le verra dans ces colonnes dans les prochaines heures, l'industrie allemande ne compte pas faire profil bas avec une avalanche de modèles et de concepts qui démontrent que l'Allemagne a définitivement tourné la page du dieselgate en se lançant, plus que les autres encore, dans l'électrification des modèles. « Puisque le législateur veut cela, on va lui en donner », peut-on résumer à la veille de ce salon qui apparaîtra néanmoins comme un tournant dans l'histoire de l'automobile moderne.
Messe du piston et de la batterie
Défis multiples

Lamborghini va produire à 63 exemplaires sa première voiture hybride, qui est aussi la plus puissante et la plus rapide.
« Il n'y a jamais eu autant d'annulations. Ce n'est plus une exposition internationale mais un salon national », se lamente Ferdinand Dudenhöffer, directeur du Center Automotive Research (CAR), basé en Allemagne. Selon lui, ces difficultés sont à l'image d'une « industrie automobile allemande malmenée qui a subi le dieselgate puis le départ manqué dans l'électrique ». Des arguments éculés, hors contexte avec les voitures qui vont être révélées à Francfort et dont nous parlerons en détail ici.
Les défis à relever par l'automobile sont néanmoins colossaux, de nature à laminer toute autre activité économique dont on changerait brutalement les règles de fonctionnement. Celles-ci induisent des bouleversements technologiques qui engloutissent des milliards d'euros d'investissements et, comme si cela ne suffisait pas, il y a aussi les guerres commerciales, les menaces d'un Brexit dur et, en Europe, l'entrée en vigueur l'an prochain de plafonds d'émissions de CO2 extrêmement contraignants.
Surcapacités européennes
Le tout dans une conjoncture dégradée, avec un recul d'environ 5 % du marché automobile mondial au premier semestre, souligne Eric Kirstetter, expert automobile pour Roland Berger. « On a perdu 2,4 millions de véhicules. C'est une baisse massive », particulièrement sévère en Chine et dans une moindre mesure en Europe. Il y a aujourd'hui « des surcapacités de production un petit peu partout et ça va peser » sur la rentabilité des entreprises, souligne-t-il.
Le Salon de Francfort va pourtant essayer de positiver en mettant en valeur les nouveaux modèles électriques ou hybrides (essence-électrique). La nouvelle berline 100 % électrique ID.3 de Volkswagen, dévoilée en avant-première lundi soir, et la Porsche Taycan, sportive électrique qui promet le 0 à 100 km/h en moins de 3 secondes, devraient être les stars du salon, qui avait accueilli plus de 800 000 visiteurs en 2017.
Erreur de casting
Favorisé par les pouvoirs publics en Chine et en Europe, le marché des véhicules purement électriques double chaque année dans le monde, mais reste marginal et largement dominé par Tesla qui est resté longtemps quasi le seul acteur. En Europe, les ventes ne représentent encore que 2 % du marché, même si elles vont fortement augmenter avec l'arrivée de nombreux modèles.
Sur ce marché d'avenir, les Allemands sont à la traîne. Sauf BMW arrivé très tôt et qui n'a pas eu le succès espéré avec sa citadine i3. Il a par ailleurs préféré faire un coupé i8 hybride plutôt qu'une grande berline équivalente à Tesla. Une erreur de casting qui a contribué au départ forcé le mois dernier du patron Harald Krüger.
Mercedes et Audi viennent tout juste de se lancer mais vont rattraper leur retard à marche forcée et avec des performances réelles à la hauteur de leurs réputations. Les constructeurs allemands « n'ont pas cru à la mobilité électrique », résume Stefan Bratzel, directeur du Center of Automotive Management, mais il faudra s'en convaincre à Francfort, cela appartient bien au passé.
Écologistes à vélo contre l'auto
Car le vent a tourné. Volkswagen, qui veut redorer une image ternie, a promis 30 milliards d'investissements dans l'électrique, un pari industriel risqué si la demande n'est pas au rendez-vous. Le nouveau modèle ID.3 « doit être un succès », estime M. Bratzel, « c'est vital », ajoute-t-il en évoquant le phénomène Golf mais cette fois en électrique. Le géant allemand profite de ce lancement pour changer d'identité visuelle avec notamment un nouveau logo.
Mais il n'en a pas fini avec les scories du « dieselgate ». Trois semaines après le salon s'ouvrira en Allemagne un méga-procès lors duquel 400 000 clients réclameront le remboursement de leurs voitures. Ils se disent victimes du trucage des moteurs, reconnu par le groupe, qui visait à faire apparaître les véhicules comme moins polluants.
Depuis ce scandale, l'hostilité des écologistes a redoublé contre la filière automobile. Entre 15 000 et 20 000 manifestants, selon la police, ont prévu de rallier samedi à pied ou à vélo le parc des expositions de Francfort pour réclamer une « révolution des transports ». Des centaines de militants tenteront de bloquer le salon dimanche.
En Allemagne, et c'est une autre dimension dont il faut tenir compte, l'automobile et ses centaines de milliers d'emplois n'est plus une vache sacrée. Industriels et politiques sont sous pression pour agir contre le réchauffement climatique dans un contexte de manifestations hebdomadaires de lycéens et d'étudiants et de percée des Verts aux élections.
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