Automobile : la chasse aux SUV est ouverte ! - Ouest-France

Ces types de 4X4 de ville très à la mode sont de plus en plus décriés. Plus gros et plus lourds, ils sont gourmands en carburant. Et participent à la hausse des émissions de CO2… que les constructeurs doivent abaisser.

Une véritable épidémie. Les SUV, ces voitures surélevées aux allures de 4X4, représentaient moins de 10 % des ventes de voitures il y a dix ans. Aujourd’hui, ils frôlent les 40 % de parts de marché.

Tous les constructeurs se sont mis à proposer des déclinaisons hautes sur pattes de leurs modèles : la C3 Aircross pour la C3 de Citroën ; le Kadjar pour la Megane de Renault ; le 3008 pour la 308 de Peugeot… Même les marques de sport se sont lancées dans la course, avec un succès fulgurant. Les SUV Cayenne et Macan représentent désormais plus de 60 % des ventes de Porsche.

Plus rentables

Pour les constructeurs, c’est tout bénéf, puisque ces voitures offrent de plus grosses marges. Le prix d’une Clio démarre à 10 990 €. Celui du Captur, son équivalent en SUV, à 18 000 €. Parmi les quelque soixante-dix nouveaux modèles sortis en France l’an dernier, trente-six étaient des SUV.

Il n’y a pas de raison de se priver, puisque c’est ce que réclament les clients. La publicité les y encourage. En jouant sur des notions séduisantes d’espace, de dynamisme, de vie au grand air…

Mais cette irrésistible ascension pourrait connaître un coup de frein. Plus grosses, ces voitures sont aussi bien plus lourdes, ce qui augmente leur consommation. Comptez 370 à 430 kg de plus pour un Tiguan par rapport à une Golf, par exemple.

Les voitures lourdes et à moteur essence consomment pus de carburant et émettent par conséquent plus de CO2. | SERVICE INFOGRAPHIE OUEST FRANCE

Et les émissions de CO2, qui ne cessaient de baisser depuis des années, sont reparties à la hausse il y a trois ans. En cause, notamment : le désamour du diesel (qui consomme 15 à 25 % de moins qu’une essence) et la mode des SUV.

Depuis quelques semaines, les assauts « anti-SUV » se multiplient. Greenpeace a lancé l’offensive en septembre. L’Agence internationale de l’énergie a renchéri cette semaine. Selon elle, les SUV (pour sport utility vehicle) ont été la deuxième source d’augmentation des émissions de CO2 dans le monde entre 2010 et 2018, derrière le secteur de l’énergie et devant l’industrie, les poids-lourds ou l’aviation.

Ce jeudi 17 octobre, le député européen EELV Yannick Jadot a plaidé pour l’interdiction de leur publicité. L’idée avait déjà été défendue, au mois de juin, par un de ses proches, le député du Maine-et-Loire, Matthieu Orphelin.

Ce dernier a déposé un amendement proposant de prendre en compte le poids des voitures dans le calcul du malus automobile. Il a finalement été rejeté, jeudi, lors de l’adoption, par les députés, du barème 2020 du malus.

Réglementation plus sévère

Quoi qu’il en soit, les constructeurs sont déjà incités à abaisser les émissions de CO2 de leurs véhicules. Au 1er janvier prochain, la réglementation change et gare aux amendes. Les constructeurs contrevenants s’exposent à d’énormes amendes : 95 € par voiture vendue, par gramme de CO2 supplémentaire, au-delà de la limite.

Selon plusieurs études, dans l’état actuel des choses, la facture avoisinerait les deux milliards d’euros pour Renault et PSA. Plus de 3,5 milliards pour Volkswagen.

Conséquences, les concessionnaires seront, de fait, incités à lever le pied sur les ventes des voitures les plus gourmandes en carburant : les essences et les plus lourdes. D’ici là, on peut donc s’attendre à de belles promotions sur ce type de véhicules.

L’effet de mode va-t-il retomber ? « La prochaine fois, je ne suis pas sûr de reprendre un SUV, confie Patrick, 48 ans, ingénieur en génie civil. Je n’ai pas envie d’être montré du doigt dans une voiture accusée d’être plus polluante que les autres. »

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