
C’est une évidence, si l’on veut changer de mobilier, il faut faire place nette. Descendre au vide-greniers ou solder sur Internet ses armoires, tables et canapés. Tout doit disparaître. C’est dans cet esprit que les constructeurs automobiles allemands se sont livrés, en décembre 2019, à une braderie impressionnante, comme s’il s’agissait de tout liquider avant la nouvelle année. Les BMW, Mercedes, Audi ou VW sont parties comme des petits pains à la veille des fêtes de Noël. Plus de 283 000 voitures ont été immatriculées en Allemagne en décembre, soit 20 % de plus que sur la même période de 2018. Du coup, le marché domestique a progressé de 5 % en 2019. Un miracle !
Mais hélas, comme souvent, ce don du ciel cache quelques astuces de prestidigitateur. Ou plutôt de commercial aux abois. Pour vider leur maison, les fabricants des berlines les plus célèbres du monde, qui rechignent à la moindre promotion, n’ont pas hésité à brader, voire à faire acheter leurs propres voitures par leurs concessionnaires afin de les revendre en occasion neuve quelques mois plus tard.
Pratique coûteuse, mais indispensable pour sortir de leurs stocks et de leurs statistiques les voitures les plus polluantes, ces gros 4×4 que les clients adorent mais dont le bilan CO2 provoque la colère des écologistes et, surtout, de la Commission de Bruxelles. Car 2020 sera la première année de la nouvelle législation européenne qui impose de lourdes amendes aux constructeurs dont les immatriculations neuves dépasseront en moyenne les 95 g de CO2 par kilomètre. Il fallait donc s’en débarrasser au plus vite.
Conjonction maléfique
La réalité de l’automobile allemande est moins rose qu’un conte de Noël. Voilà vingt-trois ans que cette industrie n’avait pas produit aussi peu de voitures dans ses usines : avec 4,66 millions de véhicules produits en 2019, elle retrouve son niveau de 1996. Déjà Daimler et Audi ont annoncé près de 20 000 suppressions de postes, et les experts estiment que 50 000 autres emplois seraient à risque dès 2020.
En cause, la conjonction maléfique de l’effondrement du diesel, de la chute du marché chinois, du Brexit et de la politique américaine. Une tempête parfaite qui ébranle le socle du miracle allemand, qui emploie directement 830 000 personnes et génère un chiffre d’affaires supérieur à 400 milliards d’euros, dont les deux tiers proviennent de l’étranger.
L’année qui s’ouvre sera celle de la peine pour les employés, d’autant qu’il faut dégager d’urgence des dizaines de milliards d’euros pour investir dans le véhicule électrique. La transition énergétique n’est déjà pas un chemin de roses, mais quand elle se mêle à la chute du commerce international, elle se transforme en buisson d’épines.
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