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Le Brexit, de lourds enjeux pour l'automobile - Les Échos

Publié le 31 janv. 2020 à 15h28

C'est reparti pour près d'un an d'incertitude. Après avoir déjà  alerté à la catastrophe potentielle , voire pris des mesures préventives, les constructeurs automobiles se préparent de nouveau à l'attentisme : ils ne connaîtront l'issue des négociations entre Bruxelles et Londres sur le Brexit que dans onze mois. 

« Compte tenu de l'intégration très forte de l'industrie auto entre le Royaume-Uni et l'Union Européenne, personne n'a intérêt à imposer des barrières douanières, qu'elles soient tarifaires ou non », rappelle Marc Mortureux, directeur général de la Plateforme automobile, qui représente la filière dans l'Hexagone. « Ce qui nous inquiète, c'est plutôt  le timing, que nous jugeons assez court  ». 

D'ores et déjà, certaines déclarations récentes ont fait bondir dans le secteur. Le chancelier de l'Echiquier  Sajid Javid a ainsi affirmé que le Royaume-Uni se réservait, de manière générale, le droit de mettre en place ses propres normes… provoquant aussitôt de vives réactions des constructeurs automobiles. Le patron de Volvo, Hakan Samuelsson, a déjà indiqué au « Financial Times » qu'il retirerait ses modèles du marché britannique si tel était le cas, compte tenu du coût engendré par une homologation spécifique pour le pays. 

Industrie basée sur le « juste à temps »

De la même façon, la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), qui représente les constructeurs locaux, s'est inquiétée des conséquences pour les 578.700 voitures  produites au Royaume-Uni et exportées vers l'union Européenne l'an dernier, si elles ne sont plus aux normes du marché européen. « Vous allez tuer toute une industrie », s'est aussi alarmé le syndicat Unite. 

La fluidité des échanges entre le Royaume-Uni et le continent est cruciale pour l'industrie automobile, que ce soit pour les constructeurs ou leurs sous-traitants. Non seulement l'Europe représente 54,8 % des exportations de voitures britanniques, mais le Royaume-Uni a aussi importé près de 90 % des 2,4 millions de voitures immatriculées l'an dernier. Sans même parler des échanges de composants : 1.100 camions traversent la frontière chaque jour pour livrer l'industrie automobile, de part et d'autre de la Manche. Autant dire que, dans une industrie basée sur le « juste à temps », le moindre retard aux frontières ou le moindre droit de douane s'avérerait catastrophique. 

Chute des investissements

Les incertitudes liées au Brexit ont déjà commencé à faire des dégâts outre-Manche. Faute de visibilité, les investissements dans le secteur ont chuté depuis 2016. S'ils ont atteint 1,1 milliard de livres l'an dernier, c'est pour la quasi-totalité grâce à  l'investissement de près de 1 milliard de livres annoncé par Jaguar land River pour moderniser son usine de Castle Bromwich afin d'y construire des véhicules électriques. C'est 60 % de moins que la moyenne des 7 années précédentes. Le chiffre avait fondu à 588,6 millions en 2018, contre 1,1 milliard en 2017, 1,66 milliard en 2016 et 2,5 milliards en 2015. 

Plusieurs constructeurs, qui avaient choisi le pays comme tête de pont pour le marché européen, revoient leur stratégie. Honda a décidé de  fermer son usine locale à Swindon en 2021 , Nissan a annoncé qu'il ne produirait pas la future version de son SUV X-Trail  dans son usine géante de Sunderland , PSA a clairement indiqué que son usine Vauxhall d'Ellesmere Port était menacée en cas de « Brexit dur ». De lourds enjeux pour les négociateurs en perspective. 

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