La fiscalité a changé depuis début mars, des nouvelles valeurs d’émission WLTP. Selon votre automobile, un nouveau malus écologique est appliqué. Enquête.
Si vous prévoyez d’acheter une voiture neuve, la fiscalité a changé avec l’entrée en vigueur, le 1er mars 2020, des nouvelles valeurs d’émission WLTP. Selon le modèle, vous y gagnerez… ou pas ! Décryptage.
Début 2020, le malus écologique automobile, qui frappe tous les véhicules neufs au moment de l’immatriculation, a été sérieusement alourdi par rapport à celui qui prévalait en 2019. Son seuil de déclenchement, calculé à partir des émissions de gaz carbonique (C02) a été abaissé à 110 g/km et le « supermalus » a été déplafonné. Résultat : les véhicules les plus émetteurs pouvaient être pénalisés à hauteur de 20 000 euros. Une vraie catastrophe pour nombre de voitures.
Ainsi, la Suzuki Jimny écopait d’un malus de 10 980 euros, contre 4 890 euros en 2019, soit plus de la moitié de son prix de vente (21 690 euros) ! La marque a donc décidé, fin janvier, de suspendre toutes les nouvelles commandes du modèle jusqu’en 2021. Cette situation a totalement changé depuis le 1er mars.
Une nouvelle grille de malus s’applique, calquée sur une norme différente de mesure des émissions, le WLTP. De quoi rebattre les cartes pour nombre de modèles.
Comment fonctionne le nouveau protocole d’évaluation WLTP ?
Jusqu’à présent, pour homologuer les consommations et les émissions polluantes d’une voiture neuve sur le marché européen, les constructeurs devaient se soumettre à une procédure d’essai appelée NEDC, pour New european driving cycle, en vigueur depuis 1992. Ces tests étaient réalisés en laboratoire dans des conditions impossibles à reproduire dans la vraie vie. C’est pourquoi vous constatiez souvent un écart – jusqu’à 20 % – entre les valeurs affichées en concession et ce que votre voiture consommait vraiment.
Puis est arrivé le scandale du « dieselgate ». L’Union européenne s’est alors fixé l’objectif ambitieux de réduire de 30 % les émissions de CO2 à l’horizon de 2030. Pour y parvenir, elle a donc poussé pour l’instauration d’un protocole d’évaluation plus sévère, plus réaliste et harmonisé avec les pays hors UE : le fameux WLTP, pour Worldwide harmonized light vehicles test procedure. Tous les pays membres devront s’y soumettre d’ici à la fin de l’année. En France, il est en place depuis le 1er mars, après la phase transitoire du NEDC corrélé instauré le 1er janvier dernier et qui a fait bondir les malus.
Comment sont calculés les nouveaux seuils d’émission ?
En France, c’est l’Utac, un organisme indépendant, qui est chargé de procéder aux évaluations des émissions de C02. Avec le WLTP, les tests sont réalisés dans des conditions plus réalistes de durée (30 minutes, contre 20 minutes en NEDC), de distance (23 km, contre 11 km), de vitesse maximum (131 km/h, contre 120 km/h) et moyenne (46,5 km/h, contre 34 km/h). De plus, alors que le protocole NEDC ne tenait compte que des mesures pour un usage de la voiture en cycle urbain et extra-urbain, la norme WLTP évalue quatre types d’utilisation : basse, moyenne, élevée et très élevée. Le type de conduite lors des essais est également très différent : par exemple, le testeur adapte les changements de rapport (plus ou moins fréquents) en fonction des véhicules, ce qui n’était pas le cas auparavant avec la procédure NEDC.
Les tests sont aussi réalisés dans des conditions de température ambiante plus proches de la moyenne : entre 14° et 23 °C, contre 23 à 30 °C auparavant. Surtout, le WLTP prend désormais en compte certains équipements spéciaux qui ont une influence sur les indices de consommation et d’émission comme la taille des jantes, les barres de toit, le toit ouvrant, etc. Chaque valeur d’émission est ainsi personnalisée.

Quelles sont les conséquences de la nouvelle norme ?
Plus exigeantes, les nouvelles règles WLTP font augmenter les valeurs d’émission de CO2 d’environ 23 % par rapport à l’ancienne norme NEDC et la consommation moyenne d’environ 1,3 l/100 km. Pour éviter un massacre fiscal, le barème du malus a donc été décalé de 28 g/km. Depuis le 1er mars, le seuil de déclenchement est ainsi remonté de 110 à 138 g/km. Le malus de 230 euros, par exemple, s’applique pour une émission de CO2 de 146 g/km, contre 118 g/km auparavant.
Autre répercussion : la mise en oeuvre du WLTP s’accompagne d’un nouveau certificat de conformité électronique tenant compte de l’individualisation des émissions, l’e-COC. Il est obligatoire et vous sera demandé par l’Agence nationale des titres sécurisés (ANTS). Au moment d’écrire ces lignes, l’e-COC n’était pas au point et comportait de nombreux bugs pour l’adapter au fichier du système d’immatriculation des véhicules (SIV).
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Qui gagne, qui perd avec la mise en place du WLTP ?
L’instauration de la nouvelle norme entraîne nombre de surprises, déroutantes pour l’acquéreur potentiel. Certains modèles fortement impactés au 1er janvier gagnent ainsi au change quand d’autres expérimentent la situation exactement inverse (voir graphique cidessous). Difficile de s’y retrouver dans ces conditions !
Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que désormais la moindre option que vous choisirez pourra avoir une influence sur les taux d’émission de C02, donc sur le montant du malus que vous devrez acquitter. Ainsi un toit ouvrant, des sièges électriques ou une boîte automatique sont susceptibles de faire grimper la facture. Par exemple, un véhicule Peugeot 3008 Puretech 130 de « base » en finition Access rejette 144 g en WLTP. Son malus au 1er mars est donc de 190 euros. Si vous l’équipez d’une boîte automatique, d’un toit ouvrant et de jantes plus grandes, les rejets passent alors à 154 g et le malus grimpe à… 450 euros, soit 137 % de plus alors qu’il s’agit de la même voiture !
Notre conseil : épluchez à la loupe la configuration de votre nouvelle voiture avec le concessionnaire et demandez systématiquement quel impact aura chaque équipement sur le malus. Sachez aussi que, malgré le « diesel bashing » pratiqué ces cinq dernières années, cette carburation naturellement peu émettrice de CO2 conserve un avantage naturel.
Pour vous aider à y voir plus clair, nous avons sélectionné six modèles qui sont favorisés fiscalement après le passage au WLTP.
Six modèles qui tirent leur épingle du jeu
- Dacia Duster Prestige TCe 130 4×2
Evolution du malus : de 1 276 € à 310 €. Economie : 75%
Cette version, la plus vendue sur le marché français, est très bien équipée, mais peut être complétée par des options qui peuvent faire grimper les taux de CO2 (jantes aluminium…). Sur ce genre de véhicule étudié à l’euro près, l’inflation est bien plus volatile. Le Duster reste une voiture à tout faire, parfaitement adaptée au quotidien. Il offre de l’espace et tout le confort moderne. De plus, cette seconde génération a fait progresser son niveau de qualité de manière significative. Un bon plan, d’autant que le nouveau malus est en forte baisse.
Prix : 16 950 €
- Volkswagen Tiguan 1.5 TSI 130 BVM6 Carat
Evolution du malus : de 818 € à 150 €. Economie : 82%
Avant l’explosion des SUV, il était le boss. Ces derniers temps, il avait perdu de sa superbe, mais le changement de protocole est une aubaine avec un malus qui fond de plus de 80 % ! L’allemand reste une bonne affaire. A l’intérieur, la finition est irréprochable et le niveau de technologie embarquée figure parmi les meilleurs du marché. Il bénéficie, par exemple, d’une instrumentation 100 % numérique et d’une conduite semi-autonome qui le rapprochent des marques premium. Enfin, ses volumes mettent tout le monde d’accord.
Prix : 33 165 € - Mercedes-AMG Classe A 35 4Matic
Evolution malus : de 9 550 € à 4 026 € Economie : 58%.
Ce modèle est la porte d’entrée du royaume AMG. Trois lettres qui s’accompagnent généralement de performances stratosphériques. Le 4-cylindres n’usurpe pas son appellation et crache ici 306 ch aux quatre roues. Les 100 km/h sont atteints en 4,6 s et la vitesse est limitée électroniquement à 250 km/h. Point fort : cette version ne fait pas l’impasse sur le confort, avec un intérieur tout numérique doté d’une intelligence artificielle qui répond à l’appel de « Hey Mercedes ».
Prix : 51 149 €
- Fiat 500X 1.3 FireFly Turbo T4 150ch 4×2 DCT Lounge
Evolution du malus : de 650 € à 360 €. Economie : 45%.
Il s’agit de la version SUV de la mythique 500. Un modèle sexy qui s’adapte aux changements d’époque. Au fil des ans, Fiat a renouvelé le système multimédia et renforcé les aides à la conduite pour replacer l’italienne parmi le gratin du marché. Surtout, la marque a su anticiper les nouvelles normes de pollution en implantant un nouveau 3-cylindres essence suralimenté. Ce dernier offre une puissance confortable et peut être associé à une boîte automatique. Un bémol : ce moteur a tendance se montrer vorace dans les tours.
Prix : 27 290 €
- BMW Z4 sDrive20i
Evolution du malus : de 5 175 € à 1 386 €. Economie : 73%
Le Z4 est l’un des derniers cabriolets du marché. Une espèce en voie de disparition qui doit sa survie au partenariat avec Toyota. Cette version abrite un « modeste » 4-cylindres essence de 200 ch qui brille davantage par sa douceur que ses performances sportives. La coopération avec la boîte automatique est harmonieuse et l’électronique canalise efficacement les sursauts d’énergie envoyés aux roues arrière. A l’intérieur, l’ambiance tient plus de la familiale confortable que du roadster minimaliste.
Prix : 41 520 €
- Porsche 718 Boxster
Evolution du malus : de 20 000 € à 10 980 €. Economie : 45%
Le Boxster est l’un des modèles les plus accessibles du catalogue Porsche. Et la marque allemande fait tout pour qu’il le reste ! Elle a donc anticipé le durcissement des normes de pollution dès 2016, en remplaçant le mythique Flat-6 par un 4-cylindres suralimenté. Si le moteur perd sa sonorité envoûtante, il gagne 30 ch et fait tomber les émissions de CO2 à 198 g (WLTP). Le Boxster conserve aussi son tempérament bouillonnant et deux atouts de taille : deux coffres à bagages et la possibilité d’ouvrir en moins de dix secondes la capote souple électrique.
Prix : 59 209 €
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