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Automobile : nos conseils boursiers sur un secteur en crise - Le Revenu

Lourdement attaquées en Bourse, les valeurs automobiles se sont fortement reprises entre le 15 mai et le 5 juin dernier, avant de subir une phase de consolidation. Découvrez nos conseils sur les actions Renault, Peugeot, Valeo, Faurecia, ALD, Europcar...

Au palmarès des secteurs les moins performants en Bourse, l’automobile figure en bonne place. L’indice sectoriel européen a lâché 25% depuis le début de l’année (-32% sur trois ans), alors que le marché dans son ensemble a perdu 11,5% sur la même période. Si les handicaps sont nombreux, ils peuvent se résumer en trois mots : cycle, surcapacités et ruptures.

Depuis 2018, après presque dix ans de folle croissance, le secteur automobile mondial est entré dans un cycle baissier alors que la Chine, longtemps locomotive mondiale, est entrée en phase de consolidation.

Or, moins de volumes exposent à de fortes surcapacités avec, pour cette industrie supportant des coûts fixes élevés, des effets délétères sur les marges et, in fine, des valorisations sous pression. De plus, le secteur fait face à une série de ruptures des champs d’innovation – normes antipollution, voiture électrique, véhicule autonome – où les investissements nécessaires se chiffrent en milliards.

Puissants rebonds

S’il est trop tôt pour parler de fin de disgrâce, le secteur vient bel et bien de s’offrir un rebond spectaculaire. Malgré une récente consolidation, l’indice sectoriel européen bondit encore de plus de 45% depuis mi-mars. Renault et Peugeot amplifient la tendance avec des gains de 67% et 46% sur leur plus-bas. La marque au losange profite du bon accueil réservé à son plan d’économies et au nouvel élan de l’alliance avec Nissan. De son côté, Peugeot donne des signes convaincants de résistance commerciale.

Quant aux équipementiers, dont les cours ont repris de 30% pour Michelin à 105% pour Valeo sur les points bas, l’empreinte très internationale de l’activité est de nouveau perçue – à juste titre – comme un atout.


Une chute des débouchés inédite par sa brutalités

Les ventes plongeront de 20% cette année. Mais tout n’est pas si noir.

Le secteur automobile n’échappe pas à la «devinette» du moment : quelle forme prendra la reprise ? Celle d’un "V" rassurant, avec un rebond rapide des ventes, celle d’un «U« plus préoccupant, signe d’un lent retour à la normale, ou celle d’un «L», synonyme d’une crise durable ?

Si la plupart des géants de l’automobile ont renoncé à établir des prévisions, quelques experts s’y risquent encore. «Les marchés mondiaux baisseront de 16 à 24% en 2020», anticipe Xavier Mosquet, directeur associé senior au BCG, coauteur en 2019 du rapport «Renforcer l’attractivité et la compétitivité de la France dans l’automobile et la mobilité de demain».

En Europe, le recul moyen devrait atteindre 21%, avec des nettes disparités selon les pays ( de -15 à -28%). Une analyse confirmée par Peugeot. Très dépendant des ventes sur le Vieux Continent, la marque au Lion table sur un recul des volumes de 25% cette année.

Le secteur est habitué à subir des vagues de cycles plus ou moins marqués. Mais la crise actuelle est à nulle autre pareille : jamais un coup d’arrêt n’avait été aussi brutal ni son ampleur géographique aussi large. Aujourd’hui, les trois grandes zones de consommation – Chine, États-Unis et Europe – sont en récession.

Pour l’heure, le point d'inflexion a été atteint dans ces deux premiers pays, mais pas sur le Vieux Continent. En France, malgré le début du déconfinement à partir du 11 mai, le mois s’est achevé sur un repli de 50,3%.

Priorité à l'électrique

Le scénario est-il si noir ? Pas forcément. «Les constructeurs entrent dans cette crise avec deux fois plus de liquidités financières qu’en 2009», rassure Xavier Mosquet. Beaucoup veulent croire que la demande est seulement entre parenthèses, sans avoir durablement disparu.

En Europe, région beaucoup plus dense que les États-Unis et donc moins dépendante de l’automobile, les plans de relance pourraient être cruciaux. La France a dégainé le sien, avec un accent mis sur les véhicules électriques – l'incitation étant particulièrement forte en faveur des entreprises – et une prime à la casse. De quoi déclencher une bascule vers l’électrique ? La demande latente est là.

En janvier et février, avant le coup d’arrêt, la croissance des ventes de véhicules électriques avait atteint 200% en France d’une année sur l’autre. Toutefois, l’essentiel des stocks à écouler reste composé de véhicules thermiques…


Peugeot : le mariage avec Fiat Chrysler à l’épreuve 

La préservation de l’équilibre à 50-50 complique le dénouement. Mais l’intérêt industriel de l’opération est intact.

Annoncé fin 2019, programmé pour début 2021, le mariage entre PSA et Fiat Chrysler pour donner naissance au numéro quatre mondial – avec 8,7 millions d’unités produites, du moins avant crise – fait face à de sérieux vents contraires. 

En termes industriels, l’opération conserve tout son sens. Les deux groupes, qui affichaient un chiffre d’affaires de 170 milliards de dollars pour 11 milliards de résultat opérationnel courant proforma, ne devraient plus peser que 147 milliards de facturations cette année ! Avec un effet de ciseaux ravageur sur la marge. Dès lors, la logique du rapprochement se trouve renforcée. À l’automne 2019, les deux groupes évaluaient à 3,7 milliards d’euros le gisement d’économies à dégager, avec 80 % réalisées d’ici fin 2024.

L’épineuse question du 50-50

Mais l’architecture financière, qui prévoit une fusion à 50-50, pourrait être remise en cause. Début juin, la somme des capitalisations boursières se répartissait entre 56% pour PSA et 44% pour Fiat Chrysler. Acceptable. Mais en termes de valeur d’entreprise, l'équilibre ressortirait plutôt autour de 60-40% une fois finalisés les retours aux actionnaires prévus.

Fiat Chrysler prévoit en effet de distribuer 5,5 milliards d’euros sous forme de dividende exceptionnel. Une générosité qui fait d'ailleurs débat en Italie, alors que le groupe est attendu en pertes cette année et que sa branche transalpine a sollicité un prêt de 6,3 milliards d’euros garanti à 80% par l’État. De son côté, PSA doit distribuer sa participation de 46% dans Faurecia.

Une fois ces deux opérations réalisées, les actionnaires de Fiat Chrysler feraient une si bonne affaire qu’un rééquilibrage des conditions financières pourrait être nécessaire... à l'avantage des détenteurs de titres Peugeot.

Faible valorisation

Sur le terrain boursier, il nous paraît désormais opportun de faire le pari de la réussite de l’opération. Avec la chute des cours, la décote liée aux futurs risques d’exécution opérationnelle du rapprochement nous paraît moins pénalisante.

Le groupe dirigé par Carlos Tavarès s’échange 4,5 fois le cash-flow escompté en 2020, mais seulement 2,2 fois pour 2021. Le groupe français va pouvoir capitaliser sur deux atouts commerciaux puissants : la large électrification de sa gamme et la densité de son offre sur les SUV, très demandés en cette sortie de confinement.

Chiffre d’affaires 2020 (e) : 61,2 milliards d' euros
Résultat net 2020 (e) : 1,2 milliard d' euros
VE/Ebitda (1) :  1,2
Cours/BNA (2)  : 12,7
Conseil : achetez.

(1) Ratio valeur d’entreprise sur excédent brut d'exploitation. (2) Ratio cours de Bourse sur bénéfice net par action anticipé en 2020. (e) Estimation Factset.


Renault : de la course aux volumes à la culture de la marge

Le groupe présidé par Jean-Dominique Senard est passé à l’action. Le titre se réveille.

Retrouver au plus vite une culture de la rentabilité, occultée pendant plus de dix ans sous la présidence de Carlos Ghosn par une course aux volumes aussi effrénée que vouée à l’échec. Le défi est immense.

Mais le constructeur, qui vient d’obtenir un prêt bancaire garanti par l’État pour 5 milliards d’euros, donne enfin des gages sur sa capacité de redressement. Et l’action se met de nouveau à frémir. Même si le bilan boursier reste négatif (-50% depuis le début de l’année, -75% en trois ans), le cours a regagné près de 70% sur son plus-bas.

2,1 milliards d’économies en 2022

Les investisseurs ont salué la mise en œuvre de deux grands chantiers. Tout d’abord, Renault s’attaque au défi de sa rentabilité. Le plan à horizon de 2022 prévoit 2,1 milliards d’économies (soit 20% des coûts fixes), dont 850 millions obtenus en amont, dans l’ingénierie et via la réduction du nombre de plateformes, qui sera, ramenée de 13 à 4 d’ici 2026.

Par ailleurs, 650 millions seront économisés dans la fabrication et 700 millions sur les frais généraux. L’effort sera coûteux en termes humains et financiers. Sont prévues près de 15.000 suppressions de postes, dont 4.600 en France, et 1,2 milliard de charges de restructuration (30% dès cette année).

Pas d'augmentation de capitale dilutive

Le deuxième grand chantier est une tentative de relance de l’alliance avec Nissan et Mitsubishi, devenue ces dernières années plus factice qu’opérationnelle. Un nouvel élan est espéré grâce à une approche dite «meneur-suiveur» : Renault et ses partenaires japonais vont se distribuer ces deux rôles, selon les technologies et les zones géographiques.

L’objectif est de ne plus investir en parallèle dans les mêmes domaines. Le temps presse, car Nissan est également mal en point, avec des comptes rouge vif. Cette situation va peser sur les comptes de l’ex-Régie, qui détient 43% du capital du nippon, et la priver durablement de remontée de dividendes. Un handicap qui devrait perdurer au moins deux ans.

Le rebond boursier amorcé ces dernières semaines tient avant tout au soulagement des investisseurs d'échapper à une augmentation de capital dilutive – un scénario sur lequel avaient parié nombre de vendeurs à découvert. Mais pour retrouver durablement des couleurs en Bourse, le groupe devra renouer avec une identité de marque puissante, en offrant une gamme capable de susciter l’envie chez les acheteurs. Un préalable indispensable à l’amélioration des marges.

Cette tâche a été très bien exécutée par Carlos Tavares chez PSA. Chez Renault, elle incombera à Lucas de Meo. L’italien, ancien patron de Seat, prendre le volant opérationnel à partir du 1er juillet.

Chiffre d’affaires 2020 (e) : 45,7 milliards d' euros
Résultat net 2020 (e) : -2,2 milliards d' euros
VE/Ebitda (1):  2,5
Cours/BNA (2) :  NS
Conseil : conserver.

(1) Ratio valeur d’entreprise sur excédent brut d'exploitation. (2) Ratio cours sur bénéfice net par action anticipé pour 2020. NS : non significatif, pertes. (e) Estimation Factset.


L’heure des choix… ou des sacrifices dans l'innovation

Constructeurs et équipementiers vont devoir renoncer à certains investissements.

Et si la crise actuelle redistribuait les cartes en matière d’innovation automobile ? Pour cet expert, la réponse ne fait aucun doute : «Les constructeurs vont devoir faire plus de choix qu’il n’en avait prévus il y a six mois.»

Déjà engagée dans des investissements d’ampleur – le passage à l’électrique et à la connectivité, l’augmentation de la sécurité active –, l’industrie automobile va devoir trancher. « La priorité donnée aux investissements en faveur de l’électrification, au détriment de la voiture autonome, est probable », estime Xavier Mosquet.

Paradoxalement, les spécialistes pourraient en profiter. Ainsi Waymo, l’ex-Google Car, voit se dégager l’horizon concurrentiel dans la voiture autonome. Sans que ses capacités financières ne soient entamées. La filiale d’Alphabet vient de lever mi-mai, à l’occasion d’un tour de table extérieur, 750 millions de dollars supplémentaires. Il a ainsi obtenu 3 milliards de nouveaux financements en capital depuis le début de l’année.

Cette nouvelle situation va imposer aux équipementiers, très en pointe dans l’innovation technologique, de redéployer leurs priorités en matière de recherche et développement. L'année en cours marquera un sérieux choc pour les ténors français, confrontés à des marges opérationnelles en chute libre.

Mais, après la purge boursière, les investisseurs commencent à mieux prendre en compte leur portefeuille d’activités et leur bon équilibre géographique. Michelin, bien qu’affecté par le coup de frein sur les ventes de première monte, résiste grâce à sa discipline de fer en matière tarifaire. Pour Faurecia et Plastic Omnium, qui verront leurs résultats 2020 divisés par cinq, un puissant rebond se dessine pour l'an prochain.

Seul Valeo, pénalisé par la difficile montée en puissance de sa filiale avec Siemens et par les retards sur les solutions d'aide à la conduite, devrait sombrer dans le rouge cette année.

Nom Cours(1) Variation 
depuis le 1er janvier(1)
Résultat net 2020(2)
(variation)
Cours sur BNA 2020(3) VE/Ebitda 2020(4) Conseil
Faurecia [EO] 37,45€ -26% 113 millions (-81%) 32,8 15 Achetez.
Michelin [ML] 98,48€ -10% 790 millions (-54%) 17,7 13,2 Conservez.
Plastic Omnium [POM] 20,50€ -20% 51 millions (-80%) 39,1 17,8 Conservez.
Valeo [FR] 24,16€ -23% -45 millions (NS) NS 28,6 Conservez.

(1) au 8 JUIN 2020. (2) En euros. (3) Bénéfice net par action. (4) Valeur d'entreprise sur excédent brut d'exploitation. Source Factset


ALD-Europcar : des atouts pour la location longue durée

En Chine, où le déconfinement est intervenu plus tôt qu’en Europe et aux États-Unis, l’usage des transports en commun dans les agglomérations marque une nette rupture de tendance, au profit de... la voiture individuelle.

Dans les grandes villes chinoises – Pékin, Shenzhen, Shanghai – les niveaux de congestion routière habituels ont été retrouvés en quelques semaines seulement, alors que la fréquentation des transports publics demeure 30 % deçà du niveau pré-confinement. Il est vrai que les transports en commun sont à l’origine d’un tiers des foyers de contamination.

En Europe et aux États-Unis, 25 % des personnes interrogées indiquent qu’elles utiliseront davantage la voiture individuelle en sortie de crise.

Prêt garanti par l'État

Au sein de la cote parisienne, deux sociétés œuvrant sur le terrain de la location sont bien placées pour profiter de ce nouveau contexte. Numéro deux mondial de la location longue durée, ALD n’a pas échappé au chahut boursier.

Le confinement a perturbé la mise à disposition des véhicules et bloqué le marché de l’occasion. Mais son modèle d’affaires fondé sur les partenariats et la stratégie de conquête des particuliers sont deux atouts précieux pour ranimer le profil de croissance.

Europcar Mobility Group, spécialisé dans la location de courte durée, souffre davantage. Les actionnaires de la société risquent fort de ne pas échapper à une levée de capital, en dépit du prêt garanti par l’État obtenu début mai.

ALD [ALD]

Cours (1) : 9,70 euros
Résultat net 2020 (e) : 465 millions d' euros
VE/Ebitda (2): 34
Cours/BNA (3) : 8,5
Conseil : achetez.

Europcar [EUCA]

Cours (1) : 1,70 euros
Résultat net 2020 (e) : Pertes
VE/Ebitda (2): 39
Cours/BNA (3) NS (4)
Conseil : vendez.

(1) Au X juin 2020. (2) Ratio valeur d’entreprise sur excédent brut d'exploitation. (3) Cours sur bénéfice net par action anticipé pour 2020. NS : non significatif, pertes. (e) Estimation Factset.

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