Il fallait un plan de relance et l'État l'a fait, pour soutenir la filière et encourager le renouvellement avec mise à l'écart des vieux véhicules. Mais après ?
La France n'a pas laissé tomber son industrie automobile en pleine crise et a utilisé les bons moyens pour passer le trou d'air du confinement qui a amplifié la décrue des ventes due au nouveau malus 2020. En dépit de ce contexte très compliqué à appréhender pour les entreprises, comme pour les particuliers, au moment de définir une stratégie d'achat, le marché s'est tenu. Les mesures de soutien du gouvernement à l'automobile ont réussi à enclencher un redémarrage, s'est félicité mercredi le président de la Plateforme automobile (PFA), Luc Chatel, qui représente les entreprises du secteur en France, mais il prévient que la crise n'est pas terminée.
« Les primes ont apporté un vrai bol d'oxygène à la filière, elles ont contribué à faire redémarrer les usines, mais les risques sont devant nous », a déclaré M. Chatel à l'AFP, dressant un premier bilan des annonces faites le 26 mai par le président de la République, Emmanuel Macron.
Pour relancer les ventes d'automobiles après le confinement, le gouvernement avait notamment renforcé les bonus à l'achat de véhicules électriques et réintroduit une aide pour les hybrides rechargeables qui n'en bénéficiaient plus. La prime à la conversion, pour la mise au rebut d'un véhicule ancien, avait été élargie pour toucher un large public.
« Aujourd'hui, l'industrie automobile est à un taux d'activité proche de 80 % », a souligné le président de la PFA qui représente les 4 000 entreprises du secteur.
Le marché automobile français s'était effondré au printemps, chutant de 72 % en mars, de 89 % en avril, et encore de 50 % en mai, sous l'effet du confinement pour lutter contre la pandémie de Covid-19. La distribution avait été paralysée et les usines mises à l'arrêt, avant une reprise à partir de mai.
« Est-ce que la situation de l'automobile est réglée pour autant ? Évidemment non », a estimé M. Chatel, évoquant les pertes financières publiées ces derniers jours par les sociétés du secteur. « Il existe un risque réel de défaillances parmi les PME de la filière au cœur de nos territoires », a-t-il dit, d'autant que « personne n'a de pronostic sur la tenue du marché à la rentrée ».
Cavalier seul français
Au sein de l'Union européenne (UE), la France s'est distinguée au mois de juin en étant le seul pays à voir ses immatriculations de voitures neuves augmenter (+ 1,2 %), d'après l'Association des constructeurs européens d'automobile (ACEA). C'est donc que le remède était le bon. Les chiffres de juillet seront publiés samedi matin. Ils devraient afficher une nette hausse, selon une source informée contactée par l'AFP.
Au 20 juillet, la progression des immatriculations atteignait environ 20 % et celle des commandes 30 %, même si les derniers jours du mois sont toujours décisifs pour fixer la tendance. « On craignait un tassement après le bon mois de juin, mais les retours de terrain sont encourageants », a commenté cette source.
Cette réussite résulte notamment du succès de la prime à la conversion qui a représenté près d'une vente sur cinq en juin et qui aura atteint en deux mois le quota maximal de 200 000 voitures.
Le Conseil national des professions de l'automobile (CNPA), qui défend les entreprises de la distribution et des services, s'est félicité de l'annonce samedi par le gouvernement d'une nouvelle prime à la conversion à partir du 3 août pour prendre la suite du dispositif de crise, tout en resserrant les conditions d'accès aux seuls ménages les plus modestes.
« Ce nouveau dispositif permet de soutenir la demande dans une période complexe », a estimé son président Francis Bartholomé.
« Le paradoxe c'est que cette crise nous aide à accélérer la transition énergétique », a commenté M. Chatel, rappelant l'objectif de multiplier par cinq le nombre de véhicules électriques en cinq ans, dans le cadre d'un contrat de filière signé en 2018. « Cette trajectoire est en train d'être atteinte », a-t-il assuré, soulignant que les constructeurs automobiles en Europe ont « investi des centaines de milliards d'euros » dans l'électrification.
La part des véhicules électriques et hybrides rechargeables a atteint 9,1 % des immatriculations en France au premier semestre 2020, contre 2,5 % l'an dernier sur la même période, soit une multiplication par près de quatre, selon les données du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA). Mais subventionnées à ce niveau, que deviendraient les ventes des voitures électriques si les aides venaient à cesser. Et les « pleins » de batteries à se renchérir ce qui est désormais une tendance de fond sur laquelle on ne reviendra pas. Et l'État n'a pas encore mis de taxes sur l'électricité automobile pour compenser un jour le manque à gagner de la décrue des ventes de carburants.
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