L'automobile plonge les puces de NXP dans la déprime - Electronique - L'Usine Nouvelle

Les temps sont durs pour NXP. Le fabricant néerlandais de puces électroniques, qui compte 29 400 personnes dans le monde et représente la deuxième capitalisation boursière européenne dans le secteur derrière l’allemand Infineon Technologies mais devant STMicroelectronics, se targue d’être le numéro un mondial des semi-conducteurs pour l’automobile. Une position enviable qui lui vaut aujourd’hui d'être particulièrement frappée par la crise du Covid-19 qui plombe ce marché. Et cela se voit clairement dans ses résultats du deuxième trimestre 2020.

Chiffre d'affaires en baisse de 18 %

Le chiffre d’affaires ressort à 1,82 milliard de dollars en plongeon de 18 % par rapport au deuxième trimestre 2019. Certes, il se situe dans la fourchette de 1,7 à 1,9 milliard de dollars prévue par la direction. Mais le segment automobile, qui a représenté 47,4 % du chiffre d’affaires en 2019, s’affiche en baisse de 35 % à 674 millions de dollars. C’est plus que la diminution de 30 % pronostiquée par la direction. Le compte de résultat passe au rouge avec une perte d’exploitation de 145 millions de dollars, contre un bénéfice d’exploitation de 157 millions de dollars un an auparavant. Ce sont ses résultats de deuxième trimestre les plus mauvais en trois ans.

C’est un début peu glorieux pour le nouveau directeur général Kurt Sievers, qui a pris les rênes de l’entreprise en mai 2020. Il tente toutefois de relativiser la situation. " Selon le cabinet IHS Markit, la production automobile au premier trimestre 2020 a baissé en variation annuelle de 22%, commente-t-il lors de la présentation des résultats aux analystes et médias le 28 juillet 2020. Notre activité sur ce marché n'a reculé que de 4%. Au deuxième trimestre 2020, la production automobile a chuté de 45%. Nous étions en baisse d'environ 35%. Nous avons donc fait beaucoup mieux que le marché au cours de ces deux premiers trimestres. Je ne prétends pas que tout cela traduit des gains de part de marché. Une partie est liée au stock accumulé au premier semestre, qui a naturellement diminué au second semestre. C'est pourquoi je pense qu'au milieu du troisième trimestre, nous devrions être à nouveau à l’équilibre et la production automobile devrait retrouver à la fin du troisième trimestre 80% de son niveau avant la pandémie. Cela a un impact raisonnable sur nos revenus. "

Retard dans le nitrure de gallium

NXP a subi de plein fouet les fermetures d’usines dans l’automobile et l’arrêt des achats de voitures pendant le confinement. Le taux d’utilisation de ses capacités de production est tombée en dessous de 50 %. Un niveau particulièrement bas dans l’industrie des semi-conducteurs qui explique la plongée des comptes dans le rouge. Le niveau des stocks atteint 120 jours au deuxième trimestre, 7 jours de plus qu’au premier trimestre. Pour éviter l’accumulation des inventaires dans la distribution, NXP a retenu la livraison de 145 millions de dollars de produits au deuxième trimestre.

L’automobile n’est pas le seul souci de Kurt Sievers. Il y a aussi les incertitudes concernant Huawei, le plus gros client de l’activité infrastructures de communication de NXP. Le directeur général s’interroge encore sur l’impact des nouvelles restrictions exportations de puces imposées par le gouvernement américain vers le grand équipementier télécoms chinois.

Autre source d’inquiétude : le développement des composants radiofréquences en nitrure de gallium pour la 5G. Kurt Sievers déplore un retard sur le planning initial au risque de rater l’énorme opportunité au profit de concurrents américains comme Cree, Qorvo ou II-VI Incorporated.

Maintien du versement de dividenDe

Dans les puces de localisation à ultra large bande, Kurt Sievers confie équiper un smartphone vedette d'un constructeur du camp Android. Mais il passe sous licence la montée de la concurrence dans ce domaine avec l'arrivée annoncée de Qorvo et STMicroelectronics. NXP jouit aujourd'hui d'une position de monopole sur le marché libre, sachant qu'Apple développe sa propre puce.

Pour tenir compte de ce contexte morose, NXP a reconduit l’arrêt d’achat de ses actions en Bourse. Mais pas question de suspendre le versement de dividende aux actionnaires, qui devaient recevoir 145 millions de dollars au titre du deuxième trimestre 2020. Pour le troisième trimestre, la direction table sur un chiffre d’affaires de 1,9 à 2,1 milliards de dollars, en baisse de 7 à 16 % par rapport au troisième trimestre 2019, et un résultat d’exploitation de -105 à +12 millions de dollars.

Kurt Sievers reste confiant sur les perspectives post-Covid de l’entreprise. " La situation va s’améliorer au second semestre 2020 puis s’accélérer en 2021, prévoit-il. Si bien que sur le moyen terme, nous maintenons notre plan de croître 50% plus vite que l’ensemble du marché. "

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