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Automobile: l'Europe crée des emplois, la France en supprime - Challenges

Structurellement malade l'automobile européenne? Allons donc! Elle a gagné 2,5 millions d'emplois en six ans. C'est ce qui ressort de la dernière étude statistique de l'ACEA (Association des constructeurs européens) publiée fin juillet. L'automobile au sens large (y compris la construction de routes, le transport routier)  avait généré 14,6 millions de postes de travail dans l'Union (à fin 2018, derniers chiffres disponibles), soit 6,7% des actifs européens. Contre 12,1 millions relevés dans l'édition 2015 (chiffres alors arrêtés à fin 2012) et 5,6% des actifs, 12 millions en 2007 (avant la grande crise financière). 2,7 millions de salariés travaillent aujourd'hui directement dans la fabrication de véhicules (2,3 millions en 2012, 2,2 millions en 2007) dans 226 usines, soit 8,5% des emplois industriels dans l'Union. Sur ce total, 1,17 million est employé par les constructeurs (1,04 fin 2012).  

La production croissait fortement l'an passé dans l'Union

L'Europe a produit 18,5 millions de véhicules l'an dernier (dont 15,8 millions de voitures particulières), soit 20% des volumes mondiaux, contre 17,2 millions en 2014 (19% de la production mondiale alors), toujours d'après le document intitulé "The Automobile Industry Pocket Guide 2020-21". Il est vrai que des pays de l'Union ont vu leurs volumes croître sensiblement, selon les statistiques de l'OICA (Organisation internationale des constructeurs). Entre 2007 et 2019, la République tchèque est passée de 940.000 unités annuelles à 1,43 million, la Slovaquie de 570.000 à 1,1 million, la Roumanie de 242.000 à presque un demi-million. Sur ce même laps de temps, la France dégringolait en revanche de plus de trois millions à 2,2.

La Slovaquie, qui a vu s'installer PSA (fabrication des Peugeot 208, Citroën C3), le coréen Kia, mais aussi connu la montée en puissance du groupe Volkswagen, emploie carrément dans l'automobile à lui seul 15,8% de sa population travaillant dans l'industrie. Un record, ex-aequo avec la Roumanie, fief de Dacia (Renault). En troisième position: la Suède, patrie des Volvo (14%). Si l'Allemagne fait encore travailler dans l'auto 11,8% de sa population active industrielle et l'Espagne 8%, la France n'est plus qu'à 7,4%. Ce qui demeure encore très important. L'Allemagne employait 867.000 salariés en 2007 dans le secteur, 812.500 fin 2012 et… 882.000 fin 2018. Mais la France n'employait plus (fin 2018) que 229.400 personnes dans l'industrie auto, contre 243.800 fin 2012… et 276.000 en 2007. 

Renault y a diminué de 31% ses effectifs entre 2005 et l'an dernier à 48.500 personnes. PSA les avait pour sa part divisés par deux sur la même période (à 62.000).  Les fournisseurs automobiles (membres de la fédération professionnelle Fiev) avaient , pour leur part, quasiment réduit de moitié leur personnel dans l'Hexagone entre 2005 et aujourd'hui (à un peu plus de 70.000 personnes). L'automobile tricolore "pourrait perdre de 15 à 35-40.000 emplois dans les deux ans qui viennent", affirmait en outre récemment à Challenges Claude Cham, président de la Fiev. 

En préambule de son étude annuelle, l'ACEA prévient d'ailleurs de l'énorme impact de la pandémie sur les chiffres de l'emploi et de la production dans l'Union pour 2020. Elle estime en effet à 2,4 millions la perte de production en nombre de véhicules (Grande-Bretagne comprise) à cause du Covid-19, dont 278.400 dans l'Hexagone. Et ce, entre mars et mai dernier. L'année en cours devrait donc marquer une forte chute des volumes comme de l'emploi. Enfin, une grande inconnue se présente pour l'industrie auto européenne: la transition énergétique et la marche forcée vers une électrification chère, dont ne veulent pas forcément les clients...

Enorme excédent de l'Union, déficit de la France

L'Union européenne était en tous cas toujours excédentaire dans ses échanges commerciaux automobiles avec le reste du monde en 2019. Elle a en effet dégagé l'an passé 74 milliards d'euros d'excédent… contre toutefois 95 milliards cinq ans auparavant. Les plus importantes importations viennent de Turquie. Logique: ce pays asiatique (à l'exception d'une minime fraction du territoire autour d'Istanbul) fabrique beaucoup de véhicules pour Renault (Clio notamment), Fiat, Ford, Toyota, Hyundai. La Turquie représente 23% des importations automobiles de l'Union, devant le Japon (19%) et les Etats-Unis (14,4%). Les premiers débouchés extérieurs de l'Union sont en revanche les Etats-Unis (28%), devant la Chine (16,5%) et la Suisse 6,3%. Si l'excédent de l'Union est énorme, la France est, elle, devenue très déficitaire (15,3 milliards l'an dernier). Au milieu des années 2000, la France affichait pourtant un excédent autour de dix milliards... 

L'étude se termine par une analyse comparée de la fiscalité liée à l'automobile. L'Union a absorbé ainsi 440 milliards d'euros de taxes diverses (en 2018). Celles-ci ont rapporté à la France la bagatelle de 84 milliards. C'est le deuxième pays de l'Union pour les taxes sur les véhicules. Avec 93,4 milliards, l'Allemagne est certes devant. Mais son marché auto est beaucoup plus étendu (quatre millions de véhicules neufs immatriculés l'an passé, utilitaires compris, contre 2,7 à peine dans l'Hexagone) !

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