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C'est l'une des conséquences les plus inattendues de la crise sanitaire : la pandémie de Covid-19 va-t-elle doper l'arrivée des voitures autonomes en Europe ? Déjà présents sur les autoroutes américaines mais aussi dans plusieurs villes chinoises, indiennes et sud-coréennes, ces véhicules d’auto-pilotage restent encore interdits en Europe. Mais la pandémie avec ses distances sociales et la peur des transports en commun pourraient bien accélérer les choses.
C’est sans doute l’un des événements les plus inattendus de l’été, et pourtant passé sous silence, qui nous donne une idée de l’évolution des mentalités. En juin dernier à Paris, un mois après la sortie du confinement, Marc Szulewicz, président du Collège de terminologie de l’automobile a déposé dix mots nouveaux au ministère de la Culture : feux de route automatiques, assurance à la minute, projecteur adaptatif à adhérence optimisée, robot collaboratif…
C’est sans doute parce qu’il parcourt le monde en qualité d’expert international en équipement automobile que Marc Szulewicz se réjouit d’avoir transformé ces termes techniques et bien trop anglais, dit-il, pour les familiariser. Oui, parce qu’il y encore du chemin pour faire accepter aux conducteurs européens l’idée de conduire sans volant ni pédale de frein !
65 % des accidents de la route proviennent d’erreurs humaines
Dans tous les véhicules, voitures, navettes ou camions, des caméras et des capteurs servent à contourner les obstacles et assurer la bonne vitesse. Mais attention à ne pas tout confondre. En matière d’autonomie, 5 types de prototypes sont possibles. Le zéro volant dans une voiture privée étant le summum et pour le moment, interdit par la loi. De plus, si elle est un jour commercialisée, elle nécessitera une réforme du code de la route.
Les designers travaillent à des espaces de travail, écrans de cinéma et sièges pivotants
En France, une ville laboratoire a été construite pour les essais. C’est une première en Europe avec des partenaires (Renault Trucks, la Fédération française de la carrosserie, le Syndicat des équipementiers de la route, la Région Rhône-Alpes… ). Construite sur une ancienne base militaire dans l’Ain (Sud-Est), Transpolis a multiplié les tests avec des caméras et des capteurs fonctionnant grâce au réseau Wifi. Mais depuis le mois de juin dernier, elle va devoir passer à la 5G puisque la Commission européenne l’a choisie comme mode opérateur des routes connectées pour les véhicules autonomes. Le Wifi reste moins cher, mais la 5G est plus rapide et performante pour l’analyse des données.
Le président Macron encourage l’Europe à ne pas se faire doubler par les États-Unis ou la Chine
Sécurité et efficacité. Voilà les mots-clé que le président Macron prononce à chaque salon ou rencontre de constructeurs et politiques européens. Convaincu que la voiture autonome arrivera, comme en Amérique ou en Corée du Sud, à rouler sur les routes et autoroutes, le chef de l’État a promis qu’en 2022, les Fançais se verraient proposer les premiers véhicules autonomes.
La pandémie de Covid-19 et le besoin de taxis et navettes autonomes
Si elle tarde tant à venir, malgré toutes les promesses depuis une dizaine d’années (images et promotions audiovisuelles à l’appui), c’est qu’un premier accident en mars 2018 aux États-Unis a coûté la vie d’une piétonne. La voiture Uber automatisée n’ayant pas reconnu l’image, cette déficience informatique a semé le doute chez les usagers. Partout en Europe, explique Marc Szulewicz, les contraintes sont autant techniques que juridiques :
« Sur la route, la perfection n’existera jamais, explique-t-il. Aujourd’hui, on a pourtant beaucoup plus d’accidents dus aux erreurs humaines. Mais avec un véhicule autonome, il faudrait le 100 %. Le facteur psychologique est primordial, même avec un accident sur dix millions, ce serait difficilement acceptable. La pandémie de Covid-19 pourrait-elle modifier les choses ? Je pense qu’elle pourrait accélérer la venue de taxis ou de navettes qui feraient des trajets courts et prédéfinis. Regardez le nombre de gens qui évitent les taxis parce qu’ils ne sont pas certains de la propreté et bien entendu, il y a aussi tous ceux qui évitent les transports en commun. »
Tesla, Uber, Alphabet, RideFlux, les plus avancés
Parmi les pays les plus en pointe, les États-Unis, où le transporteur Amazon vient d’ailleurs d’investir dans une entreprise de voitures autonomes, la Corée du Sud (les premières navettes circulent depuis cette année, entre l’île de Jeju et l’aéroport), mais aussi la Chine et le Japon. Tous bien placés mais là encore, leurs voitures ne sont autorisées que sur des tronçons ou des centres-villes très limités.
La voiture autonome n’est pas moins polluante
Tout est lié avec cette pandémie : la distance sociale et la peur des transports en commun qu’elle engendre. Les véhicules autonomes sont prônés pour une autre qualité, leur valeur écologique puisque les ordinateurs optimiseraient les distances et donc les consommations d’énergies. La belle affaire ! nous dit Guillaume Pallez, chercheur en informatique à l’Institut national de recherche en informatique et en automatique (INRIA) :
« Une étude en Californie, bien avant la pandémie de Covid-19, raconte-t-il, a montré que ce genre de véhicule a poussé les gens à ne plus pouvoir se passer de voitures. Ils abandonnent la marche à pied et délaissent les transports en commun. Et puis, si l’on pousse le raisonnement,il s’agirait de faire des espaces de travail dans la voiture. Les gens pourraient travailler et habiter plus loin des villes, mais à terme, cela multiplierait sans doute les kilomètres parcourus. »
Quant aux prix, impossible pour le moment de prévoir un véhicule avec reprise en main du volant à moins de 20 000 euros. Comptez 100 000 euros pour les voitures sans pédale ni volant, si elles existent un jour en production de masse.
September 05, 2020 at 11:44AM
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Chronique transports - Voiture autonome, trafic, route - RFI
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