Automobile : le diesel restera exclu de la vignette Crit'Air 1 - Les Échos

Publié le 16 déc. 2020 à 16:11

Le débat est clos : les véhicules diesel ne seront pas éligibles à la vignette Crit'Air 1. Près de deux ans après la polémique ayant opposé les ministères de l'économie et de la transition énergétique sur le sujet, l'étude commanditée par le gouvernement sur les émissions des véhicules récents a enfin été rendue publique ce mercredi.

Réalisée par l'IFPEN, cette étude a nécessité « un peu plus d'un an de travail », a expliqué lors d'un point presse Pierre-Franck Chevet, le président de l'établissement public. Elle a porté sur 22 véhicules, diesel, essence, hybrides et hybrides rechargeables répondant aux normes Euro 6d-Temp (en vigueur depuis septembre 2019), qui ont roulé en conditions réelles variées, sur 16.000 kilomètres au total.

Première conclusion, saluée par l'ensemble des professionnels cinq ans après le dieselgate : la quasi-totalité des véhicules respectent les normes en vigueur, quelles que soient les conditions de conduite. « Or ces normes sont d'une exigence considérable par rapport au passé. C'est très important de disposer d'une étude sérieuse et rigoureuse, qui valide les efforts réalisés par le secteur depuis 20 ans », dit Luc Chatel, président de la PFA (plateforme automobile), qui représente la filière.

La France condamnée par la CJUE

Seuls deux véhicules ne sont pas dans les clous. « Ce sont deux modèles diesel qui n'utilisent pas les techniques de dépollution dites SCR. Une enquête approfondie a été lancée », indique-t-on à Bercy.

Si l'on exclut ces deux véhicules, l'étude apporte de précieux enseignements. Sans surprise, les véhicules roulant au gazole émettent en moyenne 11 % de CO2 en moins que ceux roulant à l'essence. Un peu plus étonnant pour les non-motoristes, ils émettent 2,8 fois moins de particules et plus de 5 fois moins de monoxyde de carbone - ce qui donne de l'eau au moulin de ceux qui plaident pour l'installation obligatoire de filtres plus performants sur les véhicules essence.

En revanche, sur les oxydes d'azote (NOx), la balance est nettement défavorable au diesel : il émet 2,8 fois plus de NOx que l'essence, même avec un système SCR. Le déséquilibre est encore plus important sur les trajets courts, car les technologies de dépollution sont moins efficaces sur les moteurs froids.

C'est cet élément qui conduit le gouvernement à écarter toute réforme de la vignette Crit'Air 1. « Les NOx sont l'un des enjeux principaux en termes de qualité de l'air », explique-t-on au ministère de la transition énergétique. « C'est d'ailleurs sur ce point que la France a été condamnée par la Cour de justice de l'Union européenne, il est donc nécessaire de prendre des mesures pour les réduire drastiquement. Dans ces conditions il n'est pas envisageable de rendre le diesel éligible au Crit'Air 1 ».

Neutralité technologique

L'enjeu était élevé pour le secteur, compte tenu des restrictions croissantes aux véhicules qui n'afficheront pas ce fameux sésame, pour l'accès à certaines zones ou l'éligibilité à certaines primes. « La poursuite de la chute du diesel signerait la perte de plus de 10.000 emplois dans la filière », insiste Claude Cham, président de la FIEV (fédération des industries des équipements pour véhicules).

Au-delà de l'enjeu de la vignette Crit'Air, cette étude donnera aussi des arguments aux industriels pour leur prochain combat, celui des futures normes dites Euro7, attendues d'ici à 2025. « Elle permettra de défendre le principe de neutralité technologique, sans lequel nous risquons le désastre industriel », poursuit Claude Cham.

L'étude montre notamment que les motorisations hybrides permettent de gagner 12 % de CO2 en moins par rapport à l'essence (et même 33 % en ville), et surtout que les émissions des hybrides rechargeables sont très faibles s'ils sont utilisés correctement. « Nous aurons besoin de toutes les technologies pour accompagner le changement climatique ! », conclut Luc Chatel.

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