Six constructeurs automobiles doivent signer ce mercredi un accord pour arrêter à produire des véhicules à moteur thermique en 2040. Une annonce qui fait écho à des engagements déjà pris par plusieurs pays mais qui n’est pas suivie par les plus grands groupes.
La COP26 dessine doucement un avenir décarboné pour l’automobile. Ce mercredi, plusieurs pays, villes mais surtout six constructeurs vont en effet signer un accord pour cesser progressivement la production de modèles à moteur thermique d’ici 2040 et pousser à l’électrification de cette industrie.
"Ensemble, nous travaillerons pour que toutes les ventes de voitures et de fourgonnettes neuves soient à zéro émission monde d'ici 2040, et au plus tard en 2035 sur les principaux marchés", peut-on lire dans le document.
Ford, GM, Volvo, Mercedes ou encore BYD ou Jaguar Land Rover
Les Américains Ford et General Motors, l’Allemand Mercedes, l’Anglais Jaguar Land Rover (JLR), mais aussi le constructeur chinois BYD, Volvo et une filiale de Tata Motors ont notamment signé ce texte qui doit les amener à ne plus commercialiser de véhicules essence et diesel "sur les principaux marchés d'ici 2035 ou avant".
Ce texte a également été signé par 24 pays, dont certains aux marchés électriques développés comme les Pays-Bas ou la Norvège. L’Autriche, le Canada, le Danemark ou encore le Maroc et le Royaume-Uni sont aussi signataires, tout comme l'Inde (un signal fort). De grandes métropoles mondiales comme Atlanta, Barcelone, la ville de New York Los Angeles ou Rome et des entreprises comme Uber sont également parties prenantes de cet accord.
Point important: les constructeurs évoquent dans cet engagement des véhicules "accessibles, abordables et durables dans toutes les régions d'ici 2030". Le prix reste encore une variable déterminante pour favoriser le passage du thermique à l’électrique, d'où le maintien d'aides publiques à l'achat de ces véhicules dans de nombreux pays, dont la France.
Un accord "difficile" à signer
Cet accord est le premier à traiter des transports dans le cadre de la COP. Mais ce premier effort reste très timide. Tout d’abord, les grands marchés (Etats-Unis, Allemagne, Chine notamment) comme les plus grands constructeurs (Toyota, Volkswagen, Stellantis, Hyundai) ne sont pas signataires.
De plus, s’il s’agit d’une première car plusieurs constructeurs accordent leurs stratégies, plusieurs ne font que reprendre les engagements qu’ils avaient déjà annoncés. Volvo avait déjà acté en mars 2021 devenir une marque 100% électrique d’ici 2030, idem pour JLR qui compte ne plus vendre de nouveaux modèles thermiques à partir de 2025 ou Ford qui vise une gamme 100% zéro émission en Europe d’ici 2030. Au-delà des dates, l’accord qui se veut non contraignant ne donne pas de données chiffrées sur les émissions de CO2 réalisées, comme le souligne Les Echos.
Ni la France, ni les deux constructeurs hexagonaux n’ont signé cet accord. "La France est totalement engagée dans la voie de l’électrification de l’automobile", expliquait ce matin sur France Inter le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, rappelant que des modèles à moteur thermique "continuent d'être produits en France". Dans un communiqué, Toyota a aussi réagi, précisant qu’il était "difficile" de signer le texte "pour le moment".
"Nous respectons la philosophie et les objectifs qui sont discutés à la COP26 et évidemment nous voulons relever les mêmes défis", assure à l’AFP Kohei Yoshida, un haut responsable de ZEV Factory, la division de Toyota dédiée au développement de véhicules zéro émission.
"Mais les progrès se font à des rythmes différents selon les régions", poursuit-il. Le fait que chaque acteur "essaie de faire des efforts vers la neutralité carbone importe plus que d'avoir une déclaration commune".
Leader de l’hybride, le constructeur japonais ne souhaite pas voir cette technologie disparaitre trop rapidement. L’hybride est d’ailleurs au centre des discussions à Bruxelles. La Commission a en effet annoncé cet été que la vente de voitures thermiques serait interdite d’ici 2035, mais selon quelles réglementations? Les hybrides rechargeables seront-ils concernés? Or cette technologie est l’une des forces des constructeurs français.
"L'absence des principaux Etats acteurs de l’automobile est dommageable, estime Diane Strauss, porte-parole pour la France de l’ONG bruxelloise Transport & Environment, au Monde. En particulier, l’arbitrage du président Macron en faveur des hybrides bloque les avancées. Cela n’augure rien de bon pour la présidence française de l’Union européenne et pour les négociations en cours au sein de l’UE sur le paquet climat".
La question d'un accord global pose aussi question à plusieurs constructeurs. Comme Volkswagen, qui selon Le Monde, ne serait pas prêt à signer car la généralisation de la voiture électrique ne ferait pas sens dans les pays où l'électricité n'est pas décarbonée. Comme la Chine.
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