La transformation de l'industrie automobile se propage à tous les strates de sa chaîne de valeur. D'après une étude du cabinet Eurogroup, la crise sanitaire a accéléré le bouleversement de sa partie financement. Alors que le confinement a baissé les rideaux des concessions, seul internet était en effet encore accessible... Une situation qui a mis à nu les lacunes des distributeurs automobiles.
Un secteur en pleine transformation
"Parmi les failles mises en exergue par le confinement, les distributeurs se sont rendus compte qu'ils étaient en incapacité d'assurer un parcours 100% digital dans le parcours d'achat", explique Bertrand de la Villéon, associé chez Eurogroup Consulting, et responsable de la practice automobile. Parmi les points de faiblesse, c'est la brique financement qui a fait cruellement défaut. Le boom des voitures électriques a mis en lumière la nécessité de proposer des financements spécifiques, notamment auprès des particuliers.
Enfin, les nouveaux usages, une tendance de fond largement entamée avant la crise, sont un autre terreau propice sur la nécessité d'innover. Covoiturage, autopartage... Ces nouveaux formats de mobilité impliquent de nouveaux modes de financement.
Pour Eurogroup, la tendance est à la consolidation du financement autour de quelques acteurs. Mais, cette transformation va rebattre les cartes du paysage automobile, et la partie risque de se jouer entre constructeurs automobiles et banques. Et pour Bertrand de la Villéon, les banques ont déjà une longueur d'avance : "peu d'acteurs sont capables de mobiliser des capitaux comme les banques. Elles ont indéniablement un avantage comparatif décisif".
"Les banques captives (une banque contrôlée par la même société, ndlr) des constructeurs automobiles ont des moyens limités en raison notamment de ratios de solvabilité moins compétitifs du fait qu'ils ont été entamés par les investissements industriels de leurs maisons-mères", rappelle l'expert d'Eurogroup.
Les distributeurs condamnés à se transformer
De leurs côtés, les distributeurs pourraient être les dindons de la farce. "Une part très significative de la marge d'un distributeur est assise sur le commissionnement des financements", rappelle Bertrand de la Villéon. "La distribution automobile est condamnée à évoluer pour prendre en compte les nouvelles tendances du marché qui sont tournées autour de la voiture électrique ou des nouvelles mobilités. Ils ne pourront véritablement s'imposer sans des réponses innovantes de financement".
La transformation post-crise sanitaire va s'accélérer à travers de nouvelles solutions de financement. Si 80% des achats de voitures sont déjà "financés" à travers des prêts ou de la location de longue durée (LDD), demain, ce sont de nouvelles formules qui vont émerger pour accompagner les nouveaux usages. D'ores et déjà, Bertrand de la Villéon observe que "les initiatives concernant les formules d'abonnement explosent depuis septembre. On estime que ce format contractuel représentera entre 10 et 15% des besoins des consommateurs à terme". Egalement appelées économie de la souscription, ces formules d'abonnement permettent d'inclure une sorte de forfait tout inclus. Le groupe de distribution Bymycar a lancé en octobre l'un des premiers abonnements du marché qui permet d'accéder à un parc de voitures selon les besoins: une citadine ou un utilitaire, et des promotions sur des courses VTC via sa filiale Marcel.
La voiture électrique, elle, va permettre d'accélérer l'innovation financière mais avec une certaine limite. "Il faut encore attendre avant de trouver un modèle de financement sur la voiture électrique répondant totalement aux besoins. Il y a encore de nombreuses inconnues, notamment autour de la longévité des batteries, des évolutions technologiques, et qui empêchent de modéliser leur valeur résiduelle", juge Bertrand de la Villéon.
Les banques et les constructeurs en ordre de bataille
Le financement pourrait ainsi se placer au cœur du modèle de distribution automobile de demain. Les constructeurs automobiles sont d'ores et déjà en train de se mettre en ordre de marche. Les uns dénoncent les contrats de concession, les autres annoncent une reprise en propre de leur réseau pour passer à de la vente directe. Enfin, ils réinternalisent des "captives" au lieu de passer par des "marques blanches" dirigées en général par les banques. Ces dernières, elles, travaillent également sur une consolidation. Les discussions engagées entre ALD (filiale de la Société Générale) et le hollandais LeasePlan sonnent comme un avertissement majeur pour le reste du secteur. A eux deux, ils devraient peser plus de deux fois plus que le numéro deux du secteur, Arval (BNP Paribas). La consolidation du financement automobile est au début de son histoire.
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