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La filière automobile nordiste redoute des défaillances chez les équipementiers - Les Échos

Publié le 30 nov. 2021 à 10:10

Les Hauts-de-France ont accueilli avec une profonde satisfaction les annonces successives de l'implantation de deux « gigafactories » de batteries, l'une à Douvrin, sur le site de l'ancienne Française de Mécanique, par ACC (Stellantis, SAFT et Mercedes), l'autre à Douai par Envision, dans le sillage de Renault . Ces deux usines apporteront dans l'escarcelle plus de 3.000 emplois à terme et plusieurs milliards d'euros d'investissement.

Mais, en attendant la mise en service de ces deux très gros sites, la filière fait grise mine. La pénurie des semi-conducteurs est le premier sujet de préoccupation, occasionnant des réductions de production chez les constructeurs (qui comptent sept sites dans les Hauts-de-France) avec de nombreuses phases de chômage partiel et entraînant de lourdes conséquences chez les équipementiers. Or, ces tensions interviennent après les manifestations des « gilets jaunes » puis la crise sanitaire qui ont déjà affecté le marché, et, désormais, avec la perspective du remplacement rapide du thermique par l'électrique.

Annulations de commandes

L'Association régionale de l'industrie automobile (Aria) a voulu prendre le pouls à travers une enquête de conjoncture sur ce secteur de 550 entreprises pour 55.000 emplois. L'échantillon portant sur plus de 5.000 salariés, est jugé représentatif. Le résultat montre une chute d'activité chez 81 % des entreprises. Avec des conséquences sur leur trésorerie : 68 % la disent impactée fortement ou très fortement, 28 % moyennement. Cette tension sur les ressources financières conjuguée à l'incertitude du marché pousse également près des deux tiers (63 %) des entreprises à revoir à la baisse leur programme d'investissement.

« Les entreprises ont beaucoup de mal à se positionner sur un planning », reconnaît Luc Messien, délégué général de l'Aria, qui évoque des sociétés « un peu perdues », mais aussi « un manque de solidarité, et une forme de chacun pour soi. Les constructeurs ne s'en sortent pas trop mal, continuent à vendre et écoulent leurs stocks quand les équipementiers souffrent et ne fabriquent rien », souligne-t-il. Pierre Boulet, le président de Novares, un plasturgiste présent dans la région à Lens, avait lui-même mis en cause dans « Les Echos » les annulations in extremis de commandes de certains donneurs d'ordre.

Un premier dépôt de bilan

Un premier dépôt de bilan aurait déjà eu lieu, révèle Luc Messien sans citer le nom de l'entreprise, tandis que le bénéfice des prêts garantis par l'Etat (PGE) se tarit. « Cela va se poursuivre s'il n'y a pas une vraie mobilisation et des dispositifs exceptionnels mis en place », redoute-t-il. Au conseil régional, on se dit à l'écoute mais conscient aussi des limites de l'exercice. « Nous demandons à la profession de nous remonter du cas par cas, car nous n'avons pas les moyens de gérer toute la filière », indique Philippe Beauchamps, président de la commission relation avec les entreprises au Conseil régional des Hauts-de-France.

Cette tension intervient sur fond de remise en question profonde de la filière automobile française . Celle-ci vient de finaliser, avec l'appui de McKinsey, une feuille de route à horizon 2030. Pointant la menace pesant sur le déclin du moteur thermique (soit 100.000 emplois menacés d'ici à 2035), elle conclut à « la nécessité d'aides à l'investissement sur les technologies clés, des dispositifs de baisse d'impôts et de charges pour combler les écarts de coûts de production, un accompagnement massif des salariés et entreprises impactées et des investissements dans les infrastructures de recharge ».

« On attend la fumée blanche de Bercy, qui est sensibilisé et qui doit proposer un plan de soutien pour la filière automobile. On verra s'il répond à la problématique et s'il peut être mis en oeuvre rapidement, car beaucoup d'entreprises ne tiendront pas jusqu'au début 2022 », prévient Luc Messien.

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