Moins de ventes de véhicules neufs, mais explosion de celles des occasions. Le contexte actuel a engendré de nombreuses mutations en Lozère, avec son lot de paradoxes. Explications.
La crise sanitaire a-t-elle dissuadé les consommateurs d’acheter un véhicule ? Une première crainte que les concessionnaires et commerciaux ont vite écartée d’un revers de main. "On pensait que les Lozériens achèteraient moins de véhicules depuis la pandémie. On craignait cette hypothèse", souligne Yannick Gaillardon, conseiller commercial à Centre auto Lozère.
Finalement, il n’en fut rien. Depuis quelques mois, dans le département, le marché de l’automobile est pourtant perturbé. Pour ne pas dire bouleversé. Explosion de la demande, offre inadaptée ou parfois insuffisante, baisse des stocks…
Les mutations engendrées par la crise sanitaire ont fait du secteur de l’automobile un marché plein d’incertitudes où la multiplication des échanges de véhicules d’occasion a éclipsé les ventes d’automobiles neuves. Concessionnaires et acheteurs ont expliqué à Midi Libre les rouages d’un marché chamboulé mais toujours aussi attractif.
Les loueurs de voitures n’ont pas renouvelé leur flotte. C’est un premier point. Ils gardent les véhicules plus longtemps. Conséquence directe de ce phénomène, moins de véhicules se retrouvent sur le marché. En théorie, les automobilistes dans le besoin devraient se tourner vers les voitures neuves.
"Gare aux arnaques"
Comment être sûr de faire une bonne affaire en achetant un véhicule ?
C’est toute la problématique. On peut tomber sur de très bonnes affaires, comme de très mauvaises. On n’est jamais sûr de rien. Le mieux quand on achète, c’est vraiment de s’y connaître. Ou alors, moi ça m’arrive de demander à mon garagiste de venir.
Justement, ne vaut-il pas mieux passer par un vendeur professionnel ?
D’autres acheteurs se tournent vers les garages ou autres professionnels, c’est vrai. Cela offre une garantie et un suivi. Mais le prix n’est pas forcément le même. Il n’y a pas de choix meilleur qu’un autre. C’est en fonction de chacun. Tout le monde est libre de faire comme il veut. Mais moi, je commence à avoir de l’expérience, donc j’arrive à décerner plus rapidement et facilement les bonnes occasions.
À quoi faut-il faire attention précisément ?
Je regarde les freins et les disques, je demande à ouvrir et à regarder le moteur, je demande toutes les factures à l’appui pour contrôler notamment la courroie de distribution et l’embrayage. Bien évidemment le contrôle technique doit être à jour. La vidange également. Après, c’est aussi une histoire de confiance et de feeling avec le vendeur. On détecte généralement assez vite les arnaques. Je regarde aussi quelquefois les pneumatiques.
En théorie seulement. Car en pratique, les délais pour se procurer ce genre de véhicules ont été allongés "de quatre à six mois", en Lozère et à plus grande échelle, dans la France entière, constate le conseiller commercial du causse d’Auge. En cause, le manque d’approvisionnement, voire la pénurie, des pièces et des composants qui servent à les fabriquer. Le garage situé à Mende enregistre même une baisse de 15 % de ventes de véhicules neufs depuis août. Inédit !
"On cherche le produit pour satisfaire le client"
Les automobilistes se tournent donc logiquement vers le marché de l’occasion. "Il y a une nouvelle demande. Habituellement, on cherche le client. Aujourd’hui, on doit chercher le produit pour le satisfaire", souligne celui qui gère le marché de l’occasion au Centre auto Lozère. L’objectif pour ce centre automobile est d’avoir plus de véhicules de seconde mains à disposition. Problème ? Ceux-là ne rentrent pas forcément tout de suite. En revanche, "ils partent beaucoup plus vite", remarque Yannick Gaillardon.
Il arrive même que les conducteurs prospectent loin pour les acquérir. Rémy Erika est venu d’Alsace pour acheter sa Citroën en Lozère, après avoir remué ciel et terre pendant un an, pour trouver le véhicule de ses rêves : "Tout le monde cherche des voitures d’occasion en ce moment. Je regardais au moins 10 fois par jour sur les sites de reventes avant de la trouver. J’ai eu de la chance qu’on me la réserve, le vendeur avait une quinzaine de personnes intéressées. "
Secteur malade ?
Le conseiller commercial de Centre auto Lozère estime entre 15 et 20 % l’augmentation des ventes de véhicules d’occasion. Peu importe la période de l’année. Un chiffre à prendre avec des pincettes en raison des stocks et de la disponibilité. Ce chamboulement fait-il du marché un secteur malade pour autant ? Ou en perte de vitesse ? Pas sûr. Pour les acheteurs, le phénomène de rareté, que ce soit sur du neuf ou de l’occasion, ne leur est guère bénéfique. "Les prix augmentent. J’ai payé mon véhicule environ 1 000 euros plus cher que si je l’avais acheté il y a quelques mois", concède l’Alsacien.
Du côté des vendeurs professionnels, deux visions s‘opposent. Les vendeurs de véhicules d’occasion ont le vent en poupe. Ceux qui vendent des voitures neuves neufs un peu moins. Mais une chose est sûre, "tout tombe en même temps. C’est un flou inédit", confie Yannick Gaillardon. Mais, même perturbé, le secteur évite, pour l’instant, la sortie de route.
La voiture face à l’incertitude climatique
Le covid-19 était censé modifier notre manière de consommer, mais le besoin de se véhiculer est légitimé par la nécessité de se déplacer. Encore plus en Lozère.
Autrement dit, les ventes de voitures continuent de croître, même si des performances actuelles des véhicules ont un impact moindre sur le climat. Autre conséquence de la pandémie sur le marché de l’automobile, moins de véhicules sont fabriqués, moins rentrent dans les concessions.
Plutôt encourageant pour la planète, sur le papier. En revanche, plus d’automobiles polluantes y restent. Un paradoxe, là encore.
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