Où s’arrêtera le carcan des obligations faites aux conducteurs alors que les municipalités, l’Europe ou l’exécutif s’attachent à faire peser le poids de la faute sur celui qui prend le volant. Présumé coupable d’office face à un piéton, un trottineur ou un cycliste pour les besoins de l’indemnisation par les assurances, l’automobiliste doit déjà s’emparer de son dossier pour faire la preuve de son innocence.
Ostracisé par les politiques municipales qui le relèguent au garage pour laisser avenues et faubourgs à la divagation de quelques deux-roues, l’automobiliste naguère omnipotent, c’est un fait, a été ramené à la portion congrue. En perdant définitivement le haut du pavé, l’automobiliste n’a même pas retrouvé une place plus conforme au sens du partage. Il a, en de nombreux endroits, perdu la partie. Le renoncement généralisé est même programmé dans les grandes villes avec la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE), même si le calendrier a pris un peu de retard.
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Mais l’autophobie ambiante ne fait pas relâche et l’on apprend qu’elle vient se nicher là où on l’attendait le moins : dans les publicités automobiles. Depuis 1988 où toute allusion à la vitesse est interdite dans la communication des constructeurs, il semblait bien qu’on avait fait le tour des avanies. Eh bien non puisque les publicités automobiles devront désormais faire la promotion de la mobilité active, du covoiturage ou des transports en commun à partir du 1er mars 2022.
Lapalissades à effet dérisoire
Cette directive, parue au Journal officiel mercredi, établit que ces slogans obligatoires seront rédigés selon le même modèle que les messages du type « évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé » imposés depuis 2007 dans l’alimentation.
À partir de mars, la réclame pour les véhicules à moteur devra comporter l’un des messages suivants : « Pour les trajets courts, privilégiez la marche ou le vélo », « Pensez à covoiturer » ou « Au quotidien, prenez les transports en commun », selon un arrêté du ministère de la Transition écologique. Des lapalissades qui n’auront sans doute qu’un effet très limité sur les citoyens qui n’avaient pas encore réalisé ces situations.
Et l’obligation ne fera pas relâche puisque cette obligation vaudra pour la publicité diffusée à la radio, à la télévision, au cinéma, sur Internet, sur les écrans publicitaires ainsi que sur les supports imprimés. Le message sera accompagné de la mention « #SeDéplacerMoinsPolluer » sur tous les supports cités, sauf à la radio.
Dérive hygiéniste
En cas de manquement, l’annonceur s’expose à une mise en demeure et, sans mise en conformité, à une sanction pécuniaire pouvant s’élever jusqu’à 50 000 euros par diffusion, précise un autre décret paru mercredi au Journal officiel. Cette mesure autour des annonces automobiles avait été introduite par la loi d’orientation des mobilités de décembre 2019.
On voit bien que la naïveté du slogan émane de gens qui, soit ne connaissent rien aux problèmes de déplacements des Français, soit accumulent depuis leur tour d’ivoire les vexations à l’égard de l’automobile, celle qu’il faut éliminer. On imagine qu’allant crescendo dans cette dérive hygiéniste, le stade de communication suivant sera d’apposer, comme sur les paquets de tabac, des photos chocs illustrant les ravages dus aux accidents. Cette pédagogie infantilisante risque fort de rater son but en s’attirant les sarcasmes de ceux à qui elle est pourtant destinée.
À partir du 1er mars 2022, les constructeurs automobiles auront également l’obligation de faire figurer la classe d’émissions de dioxyde de carbone des véhicules promus, une nouveauté introduite en avril par les députés au sein de la loi climat.
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