Zapping Autonews Autonews Daily 56 : le récap’ de l’actualité automobile de la semaine
Comme son nom ne l’indique pas forcément, Munic (et plus exactement Munic Car Data) est une entreprise française.
À la base, elle s’appelait d’ailleurs MDI (Mobile Devices Ingénierie). La société a été créée en 2002 par trois ingénieurs issus de l’automobile, dont Aaron Solomon* qui en est le PDG, qui étaient convaincus que les véhicules allaient générer une véritable mine de données.
Or, ces données, qui demeurent en grande partie inaccessibles et surtout inexploitées, intéressent de nombreux acteurs qui sont à la fois des constructeurs automobiles, des loueurs, des équipementiers, des gestionnaires de flottes, des assureurs, des réseaux d'entretien, des compagnies pétrolières et même des opérateurs télécoms.
Ce sont ces clients que Munic est arrivé à séduire, grâce à sa double expertise dans les boîtiers et les logiciels. Depuis 20 ans, la PME a développé un savoir-faire unique et notamment une plateforme ouverte sur une base Linux qui lui donne une grande longueur d’avance sur ses concurrents. A ce jour, sa technologie équipe plus de 2,5 millions de véhicules dans le monde, et principalement aux Etats-Unis et en Allemagne.
*Il a été le directeur général de B2i Automotive, une société d’ingénierie française qui a été rachetée par Bosch
Pas seulement un boîtier intelligent
Photo d'illustrationCredit Photo - Munic
Historiquement, Munic a débuté dans la remontée de données localisées. La PME a vendu des solutions de gestion de flottes de bennes à ordures à Suez, d'optimisation des courses à Alpha Taxi ou les premiers GPS connectés à écran commercialisés par Coyote.
Mais son fonds de commerce, c’est le boîtier qui se connecte sur la prise OBD de diagnostic du véhicule pour collecter une grande quantité d'informations. Il faut savoir que les dizaines de calculateurs embarqués génèrent l’équivalent de 4 Go de données chaque jour.
Mais, la voiture est un système fermé, avec des données qui ne sont accessibles que par les garagistes, quand ils connectent un outil de diagnostic. La PME propose donc ce qu’elle appelle un « smart dongle » : c’est-à-dire un adaptateur qui capte les données du véhicule, les décode et les transmet à une plateforme cloud dotée d’une intelligence artificielle.
Beaucoup de start-ups ont essayé de faire la même chose. Mais, si l’adaptateur permet de capter des données, encore faut-il savoir les lire et les interpréter. Et c’est là que Munic peut faire la différence, grâce à une expertise issue d’une expérience dans l’électronique automobile de haut niveau et un long travail de fond.
Des as de la data
Photo d'illustrationCredit Photo - Munic
La société a réussi à nouer des partenariats avec les plus grands acteurs internationaux du diagnostic automobile. C’est ce qui lui permet de pouvoir consulter des dictionnaires sur chaque véhicule et de pouvoir ainsi parler son langage, et donc de décoder les données récoltées (kilométrage, date de la prochaine révision, codes-défauts), qui seront ensuite enrichies par des algorithmes pour les rendre exploitables.
De plus, grâce à sa maîtrise du soft, Munic arrive aussi à rendre plus fiables certaines informations recueillies à distance, comme par exemple le niveau de carburant dans le réservoir (avec une marge d’erreur de 0,5 litre).
Avec sa plateforme de traitement de données, qu’il qualifie volontiers de l’équivalent d’un iPhone pour son système d’exploitation élaboré, et avec une capacité à envoyer du code à distance dans les véhicules, Aaron Solomon estime que ce savoir-faire est unique au monde. C’est pour cela que de grands acteurs travaillent avec la PME, comme des constructeurs (BMW, Ford, PSA), ou encore des équipementiers comme Michelin qui est lui-même un acteur de suivi de flottes à travers la société Masternaut. Bibendum a retenu Munic comme partenaire pour tester un service de maintenance prédictive de l’usure des pneus.
Aux USA, la combinaison des boîtiers et de l’expertise logicielle a convaincu Metromile, un assureur qui adapte ses tarifs en fonction du style de conduite. Cet avantage technique a aussi séduit l’opérateur de télécoms américain T-Mobile, qui a préféré le frenchie plutôt qu’un géant chinois pour connecter 100 000 véhicules par an.
Une plateforme de données à la demande
Photo d'illustrationCredit Photo - Munic
Munic a décidé de faire évoluer son modèle économique. Plutôt que de vendre des adaptateurs, la société propose une plateforme d’accès aux données automobiles, de façon à diviser le cout par 10. C’est ainsi qu’est né le projet EKKO.
Les clients se voient mettre à disposition gratuitement des « smart dongles », mais ils doivent payer pour l'accès aux données synthétisées pour quelques euros par an et par véhicule. Et la plateforme est suffisamment puissante pour être mise à disposition de clients qui veulent également développer des services.
Ces acteurs veulent pouvoir faire des tests à grande échelle avec de nombreux véhicules. Et c’est ce que peut garantir Munic. La société vient par exemple d’achever une phase de test avec un partenaire qui a déployé un système de diagnostic complet à distance sur une flotte de 10 000 véhicules pour valider le concept. Il devrait être déployé en milieu d’année. Destiné aux ateliers et aux flottes, ce service permet de commander un bilan intégral de l'état de santé du véhicule à distance.
En passant par la plateforme EKKO, les techniciens pourront récupérer des données très précieuses, comme par exemple l’usure des plaquettes de freins, mais aussi de la batterie. Une donnée capitale par rapport au véhicule électrique, puisqu’elle peut conditionner sa valeur de revente. Et là encore, c’est grâce à un partenariat avec des fabricants de véhicules de ce type que Munic peut accéder à ces données et les interpréter. Les gestionnaires de flottes, les sociétés de leasing, les équipementiers ou même les opérateurs d'autopartage peuvent être intéressés par cette offre technique.
Un petit qui veut jouer dans la cour des grands
Pour adresser un plus large marché, la société française a décidé de faire son entrée en bourse, il y a deux ans sur Euronext Growth Paris. Elle a levé 18,4 millions d’euros et a procédé à une autre augmentation de capital de 3,5 M plus récemment. Les résultats sont aussi au rendez-vous, car le chiffre d’affaires a bondi de + 156 % l’an dernier. Munic vise, à horizon 2023, un objectif de résultats de 100 M€, dont 25 M€ générés à travers la plateforme EKKO.
Et quand on fait valoir au PDG que les constructeurs veulent reprendre la main sur le logiciel et faire du business dans la voiture connectée, il répond que les temps de développement sont longs en première monte et qu’il y a beaucoup de retard à rattraper au niveau technologique. Mais surtout, Aaron Solomon espère que l’accès aux données restera toujours possible en après-vente avec des standards ouverts.
Devant la Commission Européenne, la PME a eu l’occasion de faire une démonstration en 2020 de sa plateforme, où elle a pu montrer qu’il était possible d’accéder de façon sécurisée aux données embarquées d’un véhicule et de les transmettre à un réseau d’entretien, dans le respect des règles de confidentialité RGPD.
En tout cas, Munic continue d’innover. Aux Etats-Unis et en Europe, la société a été retenue pour analyser les données d’un système de détection des impacts sur le pare-brise. Baptisé Smart Jack, ce système a été mis au point par AGC Automotive, un des principaux fournisseurs de vitrage pour l’automobile. L’objectif de ce capteur connecté est de réduire les coûts de maintenance de 50 % en prévenant le conducteur quand il faut aller à l’atelier.
Pour résumer
Une PME française arrive à « faire parler » les voitures en collectant leurs données et en leur donnant de la valeur ajoutée. Travaillant avec de grands acteurs, uniquement en après-vente, elle prépare une plateforme qui va démocratiser le diagnostic à distance.
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