Mérignac : L’avenir du circuit automobile s’assombrit - 20 Minutes

Un dialogue au point mort et un circuit automobile en roue libre. Rien ne va plus entre le maire de Mérignac, Alain Anziani, et Nicolas Badard, le gérant de la société GTRS, exploitant du circuit situé dans la zone aéroportuaire.

L’élu, également président de Bordeaux Métropole, entend faire appliquer « au plus vite » une décision de justice du 17 juin 2021, « qui a condamné les occupants du circuit à 200.000 euros de dommages-intérêts, et 14.000 euros à titre d’indemnité d’occupation, pour occupation sans droit ni titre ». Une condamnation qui vient selon lui clore un sujet qui traîne depuis des années.

En liquidant le circuit, la municipalité récupérerait 15 hectares de terrain situés en bord de piste aéroportuaire. Le site aurait vocation à accueillir des « activités aéronautiques », et quatre hectares seraient aménagés pour les gens du voyage. C'est pourquoi, si des autorisations d'exploitation ont pu être accordées par le passé, « il n'y a jamais eu de bail commercial d'établi pour ce circuit », dit le maire, la collectivité souhaitant depuis longtemps y installer d'autres activités.

Une pétition en ligne pour sauver le circuit

Ce projet scandalise Nicolas Badard. Il a lancé une pétition en ligne pour sauver le circuit, et mobilise la communauté du sport automobile sur les réseaux sociaux. « La pétition a recueilli près de 60.000 signatures, la fédération moto et auto défend le circuit, soutient Nicolas Badard. On ne peut pas fermer un circuit comme celui-là, qui a trente ans d’histoire, qui accueille des passionnés et a aussi une vocation de formation à la sécurité routière, par exemple auprès des gardes pénitentiaires. A la limite, si la mairie souhaite que GTRS s’en aille, pourquoi pas, je pars, mais qu’elle laisse ce circuit, le seul de la métropole, en vie. »

La situation actuelle découle de plusieurs années de gestion du circuit hasardeuse, par des sociétés qui se sont succédé. Car en réalité, ce n’est pas GTRS qui a été condamnée en 2021 par la justice, mais Piste SR et ProConsult, deux entités liquidées depuis. « J’ai racheté les parts du propriétaire de ProConsult en 2020, explique Nicolas Badard, et j’ai repris la gérance du circuit en investissant beaucoup d’argent pour le nettoyer, car c’était devenu un véritable dépotoir. »

Pas de bail « mais je paye des loyers »

« Le maire reste buté sur la condamnation des anciens gérants et ne reconnaît en aucun cas notre existence, se désole Nicolas Badard. Alors même que je souhaite redorer le blason de ce circuit et le faire revivre. » Le maire de Mérignac ne fait pas la même lecture du dossier. « C’est bien Nicolas Badard qui était gérant de ProConsult quand le jugement a été rendu, alors il a déposé le bilan pour échapper à la condamnation des 200.000 euros. C’est le truc classique. »

S’il plaide la bonne foi et se défend « d’être un bandit », Nicolas Badard reconnaît cependant qu’il n’a pas de bail pour l’exploitation du site. « Mais je paye des loyers », souligne-t-il. « Un loyer qu’il a lui-même défini, on ne sait pas comment puisqu’il occupe le site sans droit ni titre », balaie Alain Anziani, qui le qualifie de « squatteur ».

Une homologation qui n’a pas été renouvelée

Le maire de Mérignac souligne par ailleurs qu’au mois de janvier dernier, l’homologation du circuit n’a pas été renouvelée, renforçant l’aspect « illégal » de l’exploitation du site. « Cette situation m’empêche de réaliser de la sécurité routière, soit 60 % de mon activité » précise Nicolas Badard.

Pour ce dernier, « M.Anziani est fondamentalement contre le sport mécanique, depuis des années ». « C’est pourtant un petit circuit qui n’aura jamais vocation à accueillir de grandes courses, pour lequel nous n’avons eu aucune plainte de riverains, mais qui s’avère idéal pour la pédagogie et l’apprentissage. »

« Je n’ai aucune défiance vis-à-vis des sports mécaniques, assure le maire de Mérignac, en revanche ce circuit provoque quand même du mécontentement de la part de riverains, plutôt de Saint-Médard-en-Jalles d’ailleurs, qui en fonction des vents subissent des nuisances sonores. Je ne suis pas contre un circuit, mais certainement pas en milieu urbain. »

Pour le maire de Mérignac, il est désormais temps de passer à la phase « d’expulsion des occupants ».

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