Si même le président s’y met… Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron a sorti de son chapeau une proposition pour permettre aux familles modestes de rouler en voiture électrique : financer l’accès à ces véhicules au tarif souvent prohibitif par une formule de location avec option d’achat (LOA). « Ce que je veux faire, c’est un système de leasing où vous payez moins de 100 euros par mois. C’est bon pour le pouvoir d’achat et pour le bilan carbone », expliquait le candidat avant son élection…
Il aurait pu ajouter : « Mais avant de signer, lisez bien le contrat ! » La LOA et sa formule concurrente, la LLD (location longue durée), peuvent en effet réserver de mauvaises surprises. D’après nos calculs, ces deux systèmes reviennent souvent plus cher qu’un achat à crédit. Et, si l’on n’y prend garde, ils peuvent comporter des pièges insoupçonnés. Derrière la mensualité attractive annoncée par le constructeur, et qui permet à son client de lever une contrainte budgétaire, se cachent en effet des subtilités à surveiller : comme le montant de l’apport initial, les frais de dossier éventuels, l’engagement de kilométrage et l’état de restitution du véhicule à la fin de la location, ces deux derniers points étant déterminants.
Trop de kilomètres, ou des éraflures et des bosses non réparées, et la facture peut grimper très vite. Surtout, il faut toujours avoir à l’esprit qu’au terme du contrat de location le client rend la voiture et repart à pied, alors qu’à la fin d’un crédit le véhicule lui appartient définitivement et constitue un capital. Certes, celui-ci se déprécie au fil des années. Mais les Français conservent tout de même leur automobile neuve un peu plus de cinq ans en moyenne. Une durée qui tend à s’allonger avec l’augmentation des prix des voitures et l’amélioration de leur fiabilité…
Ces considérations prises en compte, il n’en demeure pas moins que l’on constate un véritable raz-de-marée de la location dans l’automobile. Selon la Banque de France, LOA et LLD représenteraient actuellement 69% des financements d’achat de voiture dans l’Hexagone. « La tendance s’est accentuée à partir de janvier 2015, quand, en pleine guerre des remises, Renault a proposé l’Easy Pack, une solution locative de longue durée sans apport qui incluait l’entretien et la garantie.
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Devant le succès, tous les constructeurs ont suivi », explique Christophe Michaëli, directeur mobilité auto chez BNP Paribas Personal Finance. Aujourd’hui, 82% des entreprises qui utilisent une flotte de véhicules ont recours à ce système, notamment la LLD, qui leur permet de défalquer les mensualités de leur bilan. Quant aux particuliers qui achètent une voiture neuve, ils étaient 47% à adopter la formule l’an dernier, contre 40% en 2020, selon le cabinet C-Ways.
En clair, au diable les chausse-trapes : la perspective de disposer d’un véhicule flambant neuf pour un loyer accessible l’emporte sur toute autre considération. C’est la valeur de revente de la voiture, fixée dès le début du contrat, qui détermine le montant de la location. Plus cette valeur résiduelle est élevée, plus les mensualités sont faibles. Du coup, le consommateur lambda a accès à des véhicules haut de gamme qu’il ne pourrait pas conduire autrement. Avec, en plus, l’entretien et parfois l’assurance compris. Tentant !
Pour les constructeurs, le modèle ne manque pas d’intérêt. « Cela permet de garder le contact avec le client et de lui proposer des services complémentaires. Financiers, si la marque dispose d’une captive intégrée (une banque propre, NDLR), et de mobilité, quand le contrat arrive à son terme. Si le client n’achète pas le véhicule, le constructeur peut aussi le garder pour le remettre sur le marché ou le relouer », indique Maxime Nathan, directeur commercial de Hyundai France.
Aujourd’hui, 53% des ventes de la marque coréenne sont financées par des LOA et des LLD. Elle propose même une citadine i20 pour… 99 euros par mois, le tout sans apport. Concernant les pièges, le directeur commercial se veut rassurant. « On peut ajuster les montants dès la première année si l’on s’aperçoit que le kilométrage choisi est trop faible. Quand tout est bien calculé, il ne se passe rien à la fin », affirme-t-il. Et la remise en état, qui peut coûter sa chemise au malheureux automobiliste ? « Pour nous, le but est de renouveler le client, pas de l’assassiner. Six mois avant le terme du contrat, il est alerté des frais supplémentaires éventuels et, si nécessaire, peut anticiper les réparations. »
Quand tout roule, le système comporte des avantages. Comme de se libérer des incertitudes qui pèsent sur le futur du secteur automobile. « Aujourd’hui, le marché fait peur aux consommateurs. Les évolutions de la réglementation liées à la transition énergétique les laissent perplexes et ils ne savent plus quoi acheter. Un diesel, interdit en ville en 2025 ? Et quel est l’avenir de l’hybride rechargeable ? », s’interroge Stéphane Copie, président de la commission opérations du Syndicat des entreprises des services automobiles en LLD et des mobilités (Sesamlld).
Les constructeurs sont en tout cas bien décidés à surfer sur cette fièvre locative. Pour séduire les clients réfractaires à la LOA ou à la LLD, ils ont imaginé de nouveaux schémas. L’un des plus « disruptifs » a été inventé par Lynk & Co, une filiale du groupe chinois Geely, propriétaire de Volvo. En Europe, la marque propose depuis 2020 de louer son unique modèle, le SUV hybride rechargeable 01, pour 500 euros par mois (quatre semaines au minimum). La voiture, développée sur la base du Volvo XC40, peut aussi être achetée (41.500 euros), mais c’est la location qui emporte les suffrages.
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Pour faire baisser la facture mensuelle, les locataires sont invités à partager eux-mêmes leur véhicule avec des membres de clubs Lynk & Co créés dans des villes européennes (plus de 100.000 inscrits revendiqués). Pour cela, ils se connectent à une application, fixent leur tarif et attendent que ça morde… « Nous essayons de changer l’industrie, elle fait la même chose depuis toujours ! », fait savoir Alain Visser, le patron de la marque qui, pour l’instant, compte 12.000 voitures sur les routes européennes.
Fiat aussi vise les consommateurs qui ne souhaitent pas s’engager. En France, en plus de la LOA et de la LLD, le constructeur propose une formule de location à la carte et sans engagement pour son modèle 500 électrique. « Nous avons “packagé” l’offre comme un forfait de téléphonie mobile en fonction de la puissance de la batterie, avec l’assurance, l’entretien et la garantie inclus », précise Philippe Vautier, directeur des marques Fiat et Abarth dans l’Hexagone. La version Action est louée 299 euros par mois avec une autonomie de 190 kilomètres. Pour les versions Easy et haut de gamme Tutti, dotées d’une autonomie de 320 kilomètres, il faut débourser 429 euros et 499 euros par mois.
Pour s’inscrire au programme, déposer une garantie, choisir un modèle et payer une première mensualité, tout se fait sur le Net. « L’objectif est de toucher une clientèle plus jeune habituée à consommer de l’abonnement dans la vie quotidienne », poursuit le patron. Lancé mi-avril, le programme représentait déjà 7% des ventes trois semaines plus tard.
Si l’automobile donne le « la » en matière de location, une foule d’autres secteurs sont également concernés par cette lame de fond : jouets, ameublement, téléphonie et même vêtements du quotidien. « Quand on interroge les consommateurs sur leur préférence entre usage et propriété des produits, ils sont désormais 80% à plébisciter l’usage », commente Philippe Moati, professeur d’économie à l’université Paris Diderot et cofondateur de l’Observatoire société et consommation (ObSoCo).
La bonne recette ? « Il faut que l’offre en location soit incomparable par rapport à l’achat », souligne l’expert. Dans le genre, Decathlon a récemment fait un tabac avec une formule dédiée aux vélos pour enfants. Le pack comprend la bicyclette (louée pour trois mois minimum), la révision, l’entretien annuel et une assurance en cas de casse : dérailleurs, roue voilée, même les crevaisons sont incluses. Les tarifs vont de 3 euros par mois pour une draisienne à 14 euros pour un cycle haut de gamme.
Au terme de la période, le produit peut être rendu, acheté ou changé à la convenance du client. « C’est pratique, quand les enfants grandissent, les parents n’ont pas à se soucier de la vente ou du stockage. Chaque semaine, nous enregistrons 600 à 1.000 nouveaux abonnements ! », se félicite Abdelhamid Sahed, le responsable du programme pour la France. L’enseigne va désormais s’attaquer au marché des adultes et concocte une offre similaire dans le domaine de la musculation. Pour 10 euros par mois, les athlètes auront droit à un banc pliable, des haltères de 20 kilos et un lien vers une plateforme où ils trouveront coaching et conseils en matière de nutrition. Pas de doute, la location est en pleine gonflette.
Six modèles en location longue durée ou avec option d’achat
Dacia Duster Eco-G 100 4x2 Confort
Tarif affiché : 18.150 euros (hors remise)
Mensualité réelle en LLD : 235 euros par mois pour 49 mois et 50.000 kilomètres.
Mensualité réelle à crédit : 118 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 12.750 euros avec 12.500 kilomètres par an).
Bilan : la valeur résiduelle du SUV Dacia est tellement élevée (il ne perd que 1.200 euros par an) que l’achat d’une telle auto en deviendrait presque de l’épargne. Logique : la demande est forte et les délais de livraison dépassent six mois. En la prenant en location, le client s’expose à toutes les contraintes : respecter le kilométrage, éviter les bosses… pour, à l’arrivée, permettre au concessionnaire de très bien la revendre en occasion.
BMW M240i xDrive 374 ch Coupé, option Portimao Blau
Tarif affiché : 61.590 euros + 9.550 euros de malus (hors remise).
Mensualité réelle en LOA : 1.176 euros pour 36 mois et 40.000 kilomètres maximum
Mensualité réelle à crédit : 556 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 37.800 euros avec 13.500 kilomètres par an)
Bilan : voiture plaisir par excellence, la BMW M240i est rare et renchérie par un malus pas totalement dissuasif. La prendre en location, c’est faire cadeau de ce malus au concessionnaire qui la reprendra au terme du contrat. D’autant plus que sa cote pourrait rester très élevée, du fait de sa rareté et du malus qui augmente chaque année. D’une manière générale, les « autos coup de cœur » se revendent bien en occasion.
Peugeot 3008 Hybrid 225 e-Eat8 finition Allure
Tarif affiché : 45.030 euros (hors remise).
Mensualité réelle en LOA : 572 euros pour 37 mois et 30.000 kilomètres.
Mensualité réelle à crédit : 322 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 25.700 euros avec 10.000 kilomètres par an).
Bilan : la Peugeot 3008 est un best-seller des SUV en hybride rechargeable… Même si elle est appelée à être remplacée en 2023 par une nouvelle génération avec plus d’autonomie en mode électrique (actuellement limitée à 55 kilomètres), sa décote résiste bien pour l’instant. Toutefois, le choix de la location peut s’avérer plus prudent, d’autant qu’un modèle hybride rechargeable génère plus de frais d’entretien ou de réparation.
Audi A4 berline 35 TDI S tronic rouge tango métallisé
Tarif affiché : 55.415 euros (hors remise).
Mensualité réelle en LLD : 959 euros pour 36 mois et 45.000 kilomètres.
Mensualité réelle à crédit : 544 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 22.800 euros avec 10.500 kilomètres par an).
Bilan : Berline tricorps, rouge et à motorisation diesel… Ce modèle pourtant exceptionnel à conduire cumule les inconvénients. Toutefois, l’achat reste le plus avantageux. En effet, si le diesel est abandonné par les clients particuliers, les grands rouleurs (plus de 20.000 kilomètres par an) font exception. Or le kilométrage imposé par la location est trop limitatif. Mais, à la signature du bon de commande, il convient de préférer une couleur plus neutre…
Renault Mégane 100% électrique Iconic EV60 220ch
Tarif affiché : 44.990 euros (bonus 6.000 euros jusqu’au 30 juin 2022, 5.000 après) (hors remise).
Mensualité réelle en LLD : 505 euros pour 37 mois et 30.000 kilomètres.
Mensualité réelle à crédit : 339 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 18.550 euros avec 10.000 kilomètres par an).
Bilan : Renault maîtrise la technologie électrique, moins celle de l’offre en LLD. Cette Mégane dispose de plus de 400 kilomètres d’autonomie, mais en LLD, c’est 10.000 kilomètres par an : à peine un usage quotidien. Or, pour être rentabilisée, une voiture électrique doit beaucoup rouler… En location, le client se verra facturer jusqu’à 40 centimes le kilomètre au-delà du quota, au moment de la restitution !
Skoda Enyaq iV version 50
Tarif affiché : 37.930 euros (bonus 6.000 euros jusqu’au 30 juin 2022, 5.000 après) (hors remise).
Mensualité réelle en LLD : 451 euros pour 36 mois et 30.000 kilomètres.
Mensualité réelle à crédit : 270 euros sur 60 mois (valeur à la revente après 5 ans de 15.700 euros avec 10.000 kilomètres par an).
Bilan : le SUV est tendance… et va le rester. La voiture électrique également. D’une autonomie tout à fait acceptable (355 kilomètres), l’entrée de gamme du modèle familial Skoda se place (bonus déduit) sous la barre des 32.000 euros. Une famille qui roule plus de 15.000 kilomètres par an compensera très vite le prix d’achat par l’économie sur ses pleins de carburant.
Méthode de calcul
Formule location : intégration des premiers loyers majorés ou des apports, des bonus ou des malus, puis division par la durée totale.
Formule crédit : apport (identique au premier loyer) plus mensualités, puis division par la durée totale après déduction du prix récupéré à la revente. Taux d’intérêt du crédit : 2,3%, taux moyen automobile sur 5 ans selon Meilleurtaux.com en avril 2022.
Détermination de la valeur résiduelle : cote Argus du modèle exact ou équivalent. Pour les véhicules qui n’existaient pas (Renault Mégane électrique, Skoda Enyaq iV), méthode de calcul : – 49% après trois ans, puis – 10% pour chacune des années suivantes.
Kilométrage annuel calculé à partir du plafond autorisé en LLD ou LOA.
La location gagne des secteurs inattendus comme le mobilier ou l’art
Yourse.co dans le meuble design, Le Closet pour les vêtements féminins de tous les jours, ou encore The Art Cycle pour les œuvres d’art… Désormais tout se loue, pour répondre aux besoins d’esthètes en mal de nouveautés, ou d’expatriés qui ne font que passer.
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