La période actuelle est très complexe pour l’industrie et la distribution automobiles. Les professionnels du secteur craignent une situation encore plus explosive dans les prochaines années en raison de l’accélération de la transition énergétique. À l’entame du nouveau quinquennat, le sujet du pouvoir d’achat est au cœur des débats, et cette problématique s'inscrit naturellement dans le cadre du secteur automobile. En France, la première échéance décisive concerne la mise en place des ZFE-m au 1er janvier 2025 (45 villes seront concernées), zones dans lesquelles seront interdits de circuler les véhicules Crit’Air 3, 4, 5 et non classés. Ces automobiles représentent respectivement 24,1 %, 8,4 %, 2 % et 3,6 % du parc automobile, soit une part de 38,1 % du parc actuel à renouveler en moins de trois ans. Le délai est très court, le budget des ménages particulièrement contraint, alors que l’écart entre le pouvoir d’achat en France et le prix des voitures neuves au catalogue ne cesse de croître au fil des mois.
Mobilians rappelle que le prix moyen des véhicules neufs avait déjà augmenté de 16 points en euros constants de 2011 à 2020. Le taux d’effort, correspondant au ratio entre le prix moyen et le revenu médian, a grimpé de 20 % sur la même période. Par ailleurs, le taux de ménages acheteurs de véhicules neufs a été pratiquement divisé par deux entre 2011 (4,7 %) et 2020 (2,6 %), les consommateurs privilégiant l’acquisition de voitures d’occasion (3,6 VO immatriculés pour 1 VN actuellement) et un allongement de la durée de détention de leur auto. « Le véhicule électrique neuf est un produit de luxe, et nous risquons d’assister à un dérochage de la classe moyenne par rapport à l’achat de ces autos » soulève Xavier Horent, secrétaire général de Mobilians.
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Un tiers des Français n'ont pas de moyens à consacrer à l'auto
Selon Mobilians, 36 % des Français n’ont pas le moindre budget à consacrer à l’automobile, et 25 % ne peuvent dépenser plus de 3 990 €. Seuls 14 % de nos concitoyens annoncent pouvoir investir 20 000 € ou plus dans une voiture. En outre, selon les enquêtes de l’Insee, il ressort que 20 à 30 % seulement des ménages les plus aisés peuvent consacrer un budget mensuel de 150 € à l’automobile. Face à l'instauration des ZFE-m en France en 2025 et à la fin de la vente des voitures thermiques en Europe en 2035, Mobilians considère que « les besoins d’accompagnement n’ont jamais été aussi forts que maintenant ».

« L’enjeu est multiple : éviter le retour de la France des ronds-points, faire que la création des ZFE-e ne se traduise par l’instauration de “ cités interdites ” ou d’assignation à résidence, et préserver la liberté de mouvement en France comme en Europe après 2025, soulève Xavier Horent. Les efforts de la collectivité nationale n’ont jamais été aussi importants qu’au cours du premier quinquennat, il faut le reconnaître. Cela a coûté très cher, mais cela n’est rien par rapport aux efforts financiers qu’il va falloir réaliser au cours des cinq prochaines années pour financer l’accès à la mobilité tout en aidant la filière à opérer la transition énergétique. L’addition sera élevée, mais il faut être cohérent par rapport aux positions prises par la France sur le plan technologique. » Lors de son intervention le 27 juin sur RMC et BFMTV, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a alerté sur le niveau d’endettement de la France et annoncé que la France avait « atteint la cote d’alerte sur les finances publiques ». « Tout est une question de réallocation des moyens et de priorités. Sur le plan de la mobilité, nous sommes arrivés dans une situation de crise » répond Marc Bruschet, président des concessionnaires VP de Mobilians. « Les questions de mobilité sont une grande cause nationale. Ce sujet devrait transcender tous les courants politiques car la voiture représente 81 % de nos déplacements », appuie Xavier Horent.
Reconduire le bonus actuel jusqu'en fin d'année 2022
L’organisation considère qu’il est « impensable dans le contexte actuel » que le bonus écologique soit abaissé au 1er juillet 2022 et réclame un maintien au niveau actuel « au moins jusqu’au 31 décembre 2022 ». Il milite également pour une redéfinition des modalités de déclenchement de la prime à la conversion par rapport à l’inflation. « Dès que les dispositifs sont fondés sur le bon sens, ils fonctionnent et de manière massive. Cela a été le cas des premières primes à la conversion, avec près d'un million de primes accordées au cours du précédent quinquennat. Aujourd’hui, ce dispositif ne fonctionne plus car il est trop restreint » regrette Xavier Horent, qui plaide surtout en faveur de dispositifs stables et lisibles dans la durée.

Annoncé par Emmanuel Macron durant la campagne à l’élection présidentielle, le « leasing social », ou la promesse d’une voiture électrique à 100 €/mois, est encore loin d’être une réalité. Un budget estimé de 50 millions d’euros aurait été envisagé pour un objectif d’environ 100 000 véhicules en leasing par an, soit à peine 500 € par véhicule. À l’heure actuelle, seules les Fiat 500, Dacia Spring (fabriquée en Chine) ou Renault Twingo E-Tech électrique approchent cette barre des 100 €/mois en location longue durée (LLD) ou location avec option d’achat (LOA), avec des propositions à 119 ou 120 €/mois. « On est hors sujet. Aucune des modélisations réalisées avec nos partenaires financiers ne tombe à 100 €. Nous nous situons plutôt entre 150 et 230 € » informe Mobilians, qui précise par ailleurs qu’un loyer mensuel de 100 € se situe au-delà de ce que 40 % des ménages les plus modestes consentent à payer. Et d’appuyer : « Les véhicules électrifiés (BEV et PHEV) ne peuvent suffire à atteindre l’objectif fixé par le Gouvernement d’un loyer de 100 € par mois, car ils représentent une volumétrie insuffisante (20 % du marché du véhicule neuf sur les cinq premiers mois de l’année de 2022, soit 300 000 véhicules en année pleine) et un prix trop élevé. »
Allonger la durée de financement de la LOA
L’organisation relance la piste d’une prime à la conversion « version 200 000 dossiers » dans ses montants (jusqu’à 5 000 €) « en ramenant le plafond de grammage aux Crit’Air 1 (128 g/km de CO2 en WLTP) et modulée selon un revenu fiscal par part de 18 000 € (5e décile inclus) ». L’allongement de la durée du financement et un abaissement de l’assiette du financement constituent deux autres pistes avancées. « Afin de réduire la durée des financements, une garantie de l'État sur des valeurs résiduelles semble la meilleure option car neutre fiscalement pour l'État dans l'immédiat », conclut Mobilians.
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