
Depuis mars 2020, il est légalement possible d’effectuer une telle modification. Extrêmement exigeante en termes de sécurité, l’homologation française réclame toutefois plusieurs dizaines de milliers d’euros (tests compris) pour chaque nouveau modèle. Du coup, chaque homologation demande plusieurs mois. Logique : il s’agit de transformer complètement, avec un moteur électrique et des batteries, un modèle conçu par le constructeur comme un véhicule à essence avec des emplacements d’organes mécaniques, une circulation des fluides, un poids, une répartition des masses totalement différents. C’est quasiment à une reconception totale - mais artisanale - de la voiture que l’on assiste, faisant fi de tous les milliers de kilomètres de tests durant la phase de développement initiale menée, elle, avec les moyens de conception et de réalisation des grands constructeurs ! Le résultat, c’est forcément un "bricolage" avec des batteries placées là où on peut, un rendement et une autonomie pour le moins médiocres… Ce qui est rédhibitoire, surtout sur un utilitaire.
Aujourd’hui, une seule voiture peut prétendre à être homologuée en "retrofit". Il s’agit de la Citroën 2CV. L’entreprise R’Fit, émanation du Méhari Club de Cassis spécialisé dans la restauration des modèles Citroën bicylindres à air (principalement 2CV et Méhari), a obtenu le sésame fin avril 2021. Cette formalité a été facilitée par le fait que l’entreprise proposait déjà l’Eden, une Méhari électrique… neuve, fabriquée à partir de pièces destinées à la restauration de Méhari anciennes. Une dizaine de voitures ont été vendues en un an. Ici, le côté ludique des Méhari ou des 2CV peut justifier une telle transformation.
Flins reconditionne les voitures et robots
Le "retrofit" ne concerne d’ailleurs pas que les véhicules essence électrifiés. Heureusement pour Renault et l'avenir de Flins, le projet industriel annoncé fin 2020 pour cette usine qui doit prochainement arrêter la production de véhicules neufs concerne l’ensemble des voitures d’occasion à remettre au goût du jour, en respectant cette fois leur motorisation d’origine… L’idée de base : faire de Flins la "première usine spécialisée dans le reconditionnement de véhicules d’occasion à l'échelle industrielle en Europe", selon Jean-Dominique Senard, président de Renault. Opérationnel depuis septembre dernier, cet atelier, encore minuscule à l’échelle de la surface totale de ce site géant, remet à niveau "40-50 véhicules par jour", affirmait fin novembre 2021 Luca De Meo, son directeur général, lors d’une visite avec la presse.
En se servant des moyens industriels de l’entreprise et du savoir-faire maison, Renault compte "réduire les coûts pour que l’occasion soit encore plus rentable. On peut les réduire de 10 à 15% par rapport au coût chez un concessionnaire", précise Ivan Segal, directeur commercial France de la firme au losange. Coût de la rénovation à Flins: "800 à 900 euros" par voiture. "On peut reconditionner deux fois de suite une même voiture, estime même Luca De Meo. Pour les flottes d’autopartage, c’est une aubaine. Et, en termes d’écologie et de développement durable, la meilleure solution est certainement de faire durer les véhicules plus longtemps, plutôt que de les mettre à la casse ou d’électrifier des modèles au compte-gouttes ! L’usine table sur 90.000 véhicules d’occasion ainsi traités par an à terme.
Renault annonce par ailleurs ce mardi que l’usine ne reconditionne pas seulement les voitures, mais aussi des anciens… robots de production, venus des sites de Sandouville (Seine-Maritime), Maubeuge et Douai (Nord). A la clé : changement de carte électronique, de faisceau, de moteur ou de poignet (élément du bras). Cette année, quarante robots ont déjà été transformés pour être réutilisés sur le site de Douai à la fabrication de la nouvelle Mégane électrique. Quelques robots sont déjà en cours de reconditionnement pour la future R5 électrique. Du "retrofit" rationnel !
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