Search

Automobile : les premiers pas timides du rétrofit électrique - Les Échos

Le rétrofit électrique commence doucement à frémir, même si le décollage espéré par les acteurs du secteur est bien plus lent qu'attendu . L'annonce il y a quelques semaines du partenariat entre Renault et la jeune pousse Phoenix Mobility , pour tester la conversion de Renault Master thermiques en véhicules électriques, a été saluée par toute la filière.

« C'est très positif ! Cela montre que les constructeurs s'y intéressent, et que l'idée du rétrofit commence à se normaliser », relève Stéphane Wimez, coprésident de l'association AIRe (Acteurs de l'Industrie du Rétrofit électrique).

De nombreuses start-up, qui avaient misé sur la parution en avril 2020 du décret autorisant cette pratique en France, ont dû prendre leur mal en patience. Elles ont besoin de plusieurs millions d'euros pour homologuer les « kits » (matériels et procédés) qui permettront de convertir leurs véhicules au lithium-ion.

Mais les levées de fonds en cours ont été bloquées par la crise sanitaire, puis par le contexte économique. « Les investisseurs sont réticents à investir dans des processus industriels », témoigne Aymeric Libeau, fondateur de la jeune pousse Transition One, qui veut notamment industrialiser la conversion de Renault Twingo et de Fiat 500.

Les investisseurs intéressés

La situation se débloque toutefois doucement. Phoenix Mobility, spécialisé dans la conversion de véhicules utilitaires, a levé 3 millions en novembre dernier , notamment auprès du réseau Angelsquare, de Meta Partners et de Bpifrance. REV Mobilities (qui veut convertir des voitures anciennes, des utilitaires et des bus) a sécurisé 4 millions d'euros, auprès de particuliers et d'une banque connue, dont le nom sera révélé dans quelques jours. « Notre tour de table total, qui atteint 10 millions, sera finalisé dans les semaines à venir », assure son fondateur Arnaud Pigounides.

De son côté, Transition One finalise un premier tour de table de 5 à 10 millions d'euros auprès d'investisseurs étrangers, espérant avoir levé entre 20 et 25 millions dans les sept mois à venir.

« Le rétrofit suscite de plus en plus d'intérêt », affirme Stéphane Wimez. L'AIRe organise ainsi un événement sur le sujet, qui se tiendra dans des locaux de Bpifrance fin septembre, et pour lequel une trentaine de fonds et d'investisseurs ont déjà confirmé leur présence. « Nous regardons cette filière avec intérêt, et nous souhaitons l'aider à se structurer », confirme-t-on chez Bpifrance.

Les homologations pourraient donc se multiplier dans les mois à venir. Pionnière dans ce domaine, la société de Stéphane Wimez, le Méhari Club Cassis, a déjà homologué la conversion de la 2 CV, de la 2 CV fourgonnette, et a terminé les démarches nécessaires pour la 4 L. Phoenix Mobility devrait aussi très prochainement obtenir la sienne, pour le Renault Trafic.

Des milliers de demandes de devis

« Nous avons bien avancé sur l'ingénierie de nos kits, de sorte à pouvoir obtenir plusieurs homologations à compter de juin 2023 », espère de son côté Arnaud Pigounides, qui veut homologuer une trentaine de véhicules en quatre ans (15 voitures anciennes, 15 véhicules utilitaires et 5 bus). Aymeric Libeau table, lui, sur un démarrage des livraisons à la fin de 2023.

Les acteurs du secteur affirment « crouler sous la demande ». « Le trafic sur nos sites Internet explose, et certains de nos adhérents ont des milliers de demandes de devis », explique Stéphane Wimez. Le Méhari Club Cassis a enregistré 150 commandes de 2 CV et 2 CV fourgonnettes « rétrofitées », qu'il doit maintenant livrer.

Un marché potentiel

En attendant ses homologations, REV revendique 800 précommandes sur les voitures anciennes et 1.500 sur les utilitaires, qu'il espère pouvoir livrer dès l'an prochain. Phoenix Mobility a prévendu 1.000 kits à Renault dans le cadre du partenariat annoncé sur le Master, avant même les premières livraisons des Trafic.

« Compte tenu de la volonté d'accélérer la décarbonation des transports, le rétrofit représente une alternative crédible au neuf ou même à l'occasion », estime Julie Vatier, directrice de l'après-vente chez Renault. « Avec ce partenariat, nous avons souhaité explorer ce marché, qui a un vrai sens, et sans doute du potentiel », poursuit la dirigeante.

Au regard de son coût estimé entre 15.000 et 30.000 euros selon les véhicules, hors bonus et primes ), le rétrofit sera moins cher et moins émetteur de CO2 que l'achat d'un véhicule neuf, plaident les professionnels - et ce, d'autant plus si le véhicule a été transformé pour des besoins professionnels. Encore faudra-t-il qu'une offre réelle existe pour le prouver.

Adblock test (Why?)

https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/automobile-les-premiers-pas-timides-du-retrofit-electrique-1784473

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "Automobile : les premiers pas timides du rétrofit électrique - Les Échos"

Post a Comment

Powered by Blogger.