
A chaque virage, le claquement sec du clignotant brise le silence. La voiture hoquette au gré des pavés parisiens. Mais le moteur ne ronfle pas. Il ronronne. Au volant ce matin-là, Stéphane Wimez sillonne la ville en 2CV électrique. C'est l'un des véhicules qu'ont rénovés ses 70 salariés au coeur de la Provence.
Car voilà bientôt dix ans, qu'avec son associé Julien Vagner, il pilote le Méhari Club de Cassis, une PME qui, grâce à des moules rachetés à Citroën par trois frères passionnés, fabrique des pièces détachées et restaure des 2CV, des Méharis et des Dyanes. Il y en aurait 250.000 sur les routes d'Europe !
Désormais, la société les convertit aussi en véhicule zéro émissions, via une technologie baptisée Rétrofit, qui permet de remplacer un moteur thermique par un moteur électrique. Au risque de froisser les puristes, Stéphane Wimez le revendique : « Le rétrofit permet de réhabiliter des véhicules tout en créant des emplois locaux dans une dynamique durable », dit-il, un sourire bonhomme.
A 51 ans, ce patron, enthousiaste, instinctif, qui est aussi le co-fondateur de l'Aire (Association de l'industrie du rétrofit électrique) n'est pas le seul à le penser : l'Etat vient de débloquer 20 millions d'euros pour doper cette pratique.
De quoi redonner vie à la « dedeuche » conçue dès 1938 pour séduire les Français dans les campagnes : la suspension de ces petits véhicules devait permettre de traverser un champ avec un panier d'oeufs sans en casser un seul. A l'aube de la guerre, 250 voitures ont vu le jour… Toutes seront détruites sauf quatre, camouflées, dix ans, dans des greniers.
Lorsqu'il parle des 2 CV, Stéphane Wimez s'anime. Lui, qui est aussi le vice-président régional des Entreprises du patrimoine vivant s'attarde sur les sièges en skai, évoque la cane en guise de levier de vitesse...
Car ce patron né au Québec, et qui a grandi en Afrique au fil des mutations de son père chez Schell puis chez Veolia, est d'abord un « passionné d'automobile », raconte son associé Julien Vagner, qui l'affuble aussi d'un « profil commercial, du goût du relationnel et d'un sens du marché ».
Gamin, il apprenait par coeur, les fiches techniques de « l'Auto Journal ». Au Cameroun, sa mère l'a fait conduire avant même l'âge du permis. Tandis que l'été, dans les champs du Nord, près de Valencienne, il chevauchait le tracteur de son grand-père. Et à combien de courses de Porsche a-t-il assisté, adolescent, au bras de son père, dans les arômes d'essence et le cri des moteurs ?
Sans surprise, au sortir de l'ESC de Lille, il fait un stage dans l'industrie. Chez Fiat. En 1995, Necotrans vient de racheter la filiale locale de Renault et l'envoie au Sénégal en VSNE. Il défrichera, ensuite, durant quatre ans, les terres africaines pour sa centrale d'achats NCT Trading qui veut étoffer sa présence jusqu'en Algérie. «C'était une super école de la vie, de la relation humaine et du business », dit-il.
Mais il songe bientôt à professionnaliser son CV chez un constructeur. Renault l'embauche en 2001. Six ans durant, ce père de deux enfants, fan de motoneige et qui se met au Kite Surf, gravira les échelons de la firme au losange, jusqu'à coordonner le marketing du groupe en Italie. Avant que la société de distribution Bernard Hayot, qui souhaite conquérir l'Afrique, ne le débauche.
En 2013, les fondateurs du Méhari Club de Cassis, âgés, cherchent un repreneur. Son ami de lycée, Julien Vagner, fondu comme lui d'automobile et devenu investisseur, voit passer le dossier. Ils tombent sous le charme en découvrant une PME de 40 salariés avec un solide chiffre d'affaires de 11 millions d'euros. Depuis, la société affiche une santé insolente.
Au point d'annoncer, début novembre, l'acquisition de son principal concurrent, le néerlandais Burton Car Company. « Nous étions un peu des frères ennemis, concède Stéphane Wimez, désormais à la tête d'une centaine de salariés pour 25 millions d'euros de chiffre d'affaires. Nous garderons deux marques séparées car chacune a sa culture et ses clients. Mais sur ce marché de niche, ce rachat nous propulse au rang de leader, et nous offre des perspectives de croissance. En outre, les synergies sont réelles sur la fabrication de pièces ». Décidément, l'affaire tient la route.
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