Les estimant à faible portée et à fort impact économique et social, la fronde grossit au sein des pays de l’UE contre les normes initiées par le lobby vert.
Le point Auto avec AFP
Temps de lecture : 3 min
Lecture audio réservée aux abonnés
Huit pays, dont la France et l'Italie, ont exprimé lundi leur opposition au durcissement des normes de pollution automobiles dans l'UE proposé par Bruxelles, jugeant qu'il risquait de freiner les investissements des constructeurs dans les véhicules électriques.
L'UE a acté récemment la fin des ventes de voitures neuves essence et diesel à partir de 2035, au profit des véhicules 100 % électriques. Il s'agit de réduire à zéro les émissions automobiles de CO2 pour contribuer à l'objectif de neutralité carbone du continent à l'horizon 2050.
Sur le volet pollution, la Commission européenne a présenté en novembre ses propositions pour la nouvelle norme, baptisée Euro 7, qui devrait s'appliquer à tous les véhicules particuliers à partir de 2025, quelle que soit leur motorisation. Le prétexte brandi consiste à réduire la pollution de l'air liée au transport routier, responsable selon les Verts de 70 000 décès chaque année dans l'UE. Un lien de cause à effet direct dont le mécanisme est de plus en plus contesté.
« Nous nous opposons à toute nouvelle règle sur les gaz d'échappement (y compris de nouvelles obligations sur les conditions de tests ou de nouvelles limites d'émissions) pour les voitures et les utilitaires légers », ont écrit dans un document de travail les États opposés à ce texte, dont la France et l'Italie, qui abritent une importante filière automobile.
« Ces nouvelles règles freineraient les investissements nécessaires de l'industrie dans la transition vers le zéro émission », estiment ces pays, qui incluent aussi la Bulgarie, la Hongrie, la Pologne, la République tchèque, la Roumanie et la Slovaquie. Ils jugent aussi l'échéance de 2025 trop rapprochée. Surtout, elles moblisent des investissements hors de proportion avec les effets escomptés sur la qualité de l'air.
L'Allemagne, de loin la première puissance automobile européenne, n'a pas encore signé le texte, mais elle s'est inquiétée à plusieurs reprises de l'impact du durcissement des normes pour ses entreprises. Le gouvernement de coalition peine à trouver une ligne commune entre sociaux-démocrates, libéraux et Verts tiraillés par leurs contradictions.
Selon les calculs de l'exécutif européen, la norme Euro 7 permettrait notamment de réduire de 35 % les émissions d'oxydes d'azote (NOx) des voitures particulières et utilitaires légers et de 56 % celles des bus et camions d'ici à 2035, par rapport à la norme précédente Euro 6. Un pronostic que ne partagent pas de nombreux experts.
Lobby de l'auto ou lobby vert ?
Mais la nouvelle norme est contestée par l'industrie automobile, qui juge son bénéfice environnemental limité par rapport à son coût astronomique. Confrontée à des investissements massifs pour développer leur nouvelle gamme électrique face à la redoutable concurrence de Tesla et des constructeurs chinois, elle veut éviter des investissements additionnels dans les motorisations thermiques, de toutes façons vouées à disparaître en Europe alors qu'elles perdureront ailleurs. La filière emploie 13 millions de personnes en Europe.
« De nombreux pays se sont joints à l'Italie pour demander à la Commission d'être raisonnable et pragmatique » sur la future norme Euro 7, s'est félicité lundi le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso, cité par des médias italiens.
Le durcissement proposé par la Commission était pourtant jugé insuffisant par les défenseurs de l'environnement, partisans dogmatiques d'un « toujours plus » sans évaluation des conséquences stratégiques. Ils accusent déjà Bruxelles de céder au lobby automobile alors que celui-ci, s'il a existé, a depuis bien longtemps cédé au lobby vert.
La Commission, quelque peu ébranlée par la fronde qui gagne également les automobilistes confrontés aux ZFE urbaines, a proposé de modifier les conditions de tests d'émissions de gaz polluant des véhicules pour les rendre plus conformes aux conditions réelles de conduite. Mais elle le ferait sans modifier les seuils imposés aux voitures essence et en abaissant seulement légèrement ceux des véhicules diesel.
Ces seuils seraient toutefois significativement réduits pour les poids lourds, un autre point contesté lundi par les huit pays signataires qui jugent ces objectifs « trop ambitieux ».
Les États membres de l'UE, très divisés sur le sujet, doivent tenter de trouver une position commune, avant des négociations qui s'annoncent très compliquées avec le Parlement européen.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Normes antipollution : ces huit pays opposés au durcissement - Le Point"
Post a Comment