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En Allemagne, la voiture électrique marque le pas - Libération

Marché automobile

A l'heure de la transition écologiquedossier
A cause de l’inflation et de l’arrêt des aides d’Etat, les ventes sur le marché des véhicules électriques outre-Rhin ont ralenti en 2023, notamment en fin d’année, laissant présager une année 2024 morose pour le secteur.

Pour respecter les objectifs fixés par la Commission européenne de «zéro émission de carbone à horizon 2050» et d’abandon de la production de voitures à moteur thermique en 2035, encore faudrait-il que le passage à l’électrique ou à l’hybride continue sur sa lancée parmi les principaux marchés européens. Si des records de vente ont été battus en 2023 en France et en Europe, l’Allemagne a de son côté enregistré un ralentissement de sa dynamique l’année passée, selon des chiffres publiés ce jeudi 4 janvier par l’Agence fédérale pour l’automobile (KBA).

Ainsi, sur l’année 2023, tandis que les mises en circulation d’hybrides rechargeables s’effondraient (-52 %), les ventes de voitures totalement électriques n’ont progressé que de 11 % dans le pays, alors qu’elles avaient augmenté d’un tiers en 2022. La fin d’année 2023 a été particulièrement mauvaise pour le secteur, avec une baisse de 39 % des nouvelles immatriculations de véhicules électriques et hybrides en novembre 2023 par rapport au même mois l’année précédente, et de 58 % en décembre.

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Pourtant, le premier marché automobile d’Europe est en pleine forme. Au total, 2,84 millions de voitures neuves y ont été immatriculées en 2023, soit 7,3 % de plus qu’en 2022. Une augmentation bien plus marquée que l’année précédente, quand les immatriculations n’avaient grimpé que de 1,1 %, et massivement due aux 979 000 voitures à essence mises en circulation dans le pays en 2023 (+13 % par rapport à 2022). Même les nouvelles immatriculations de diesel ont légèrement augmenté (3 %), après plusieurs années de baisse régulière.

Quelques semaines après l’accord de la COP28 appelant à une «transition hors des énergies fossiles», ces chiffres sont inquiétants pour l’Allemagne, pays le plus pollueur d’Europe en volume de CO2 émis, qui a pourtant mis sous pression ses constructeurs pour tourner la page du moteur thermique. Par rapport à la France, la part des nouvelles immatriculations électriques et hybrides rechargeables outre-Rhin est un peu inférieure, où ces deux catégories ont représenté ensemble 26 % du total des immatriculations en 2023, avec une très forte croissance des ventes.

2024, «année d’incertitude»

En cause notamment, l’arrêt du bonus gouvernemental sur les voitures hybrides fin 2022, puis celui du bonus pour les voitures électriques commerciales en septembre 2023. Ces décisions du gouvernement social-démocrate du chancelier Olaf Scholz ont plombé le marché de l’électrique en Allemagne, un des pays d’Europe occidentale qui a subi la plus forte inflation dans le contexte de la guerre en Ukraine et de la flambée des prix de l’énergie, pesant sur le pouvoir d’achat des ménages.

Série d'été

Nouveau coup dur en décembre : le gouvernement a mis fin – quasiment du jour au lendemain – à son programme d’aides à l’achat pour les particuliers souhaitant acquérir un véhicule électrique. Une mesure d’urgence prise pour couper les dépenses de l’Etat, conséquence de la décision du Tribunal constitutionnel qui a privé le budget de plusieurs milliards d’euros. L’année qui débute ne s’annonce guère meilleure : l’arrêt brusque des subventions «entraînera une baisse des nouvelles immatriculations électriques cette année», avertit Constantin Gall, directeur stratégique automobile en Europe de l’Ouest du cabinet d’audit financier Ernst & Young (EY).

Le segment électrique avait permis au marché de reprendre des couleurs en 2022, après des années noires pour le secteur suite à la pandémie de Covid et aux pénuries de composants automobiles. Mais d’après Constantin Gall, électriques et hybrides «échoueront à être un moteur de croissance cette année». Le conseiller en audit financier prédit une stagnation pour l’ensemble du marché automobile, et voit même les acheteurs se tourner en nombre vers les modèles à essence ou diesel, moins onéreux. «L’objectif du gouvernement de mettre environ 15 millions de voitures électriques sur les routes allemandes d’ici à 2030 est devenu totalement illusoire après la fin des subventions», tranche-t-il.

L’Allemagne compte actuellement un peu plus d’un million de véhicules 100 % électrique en circulation. Or il faudrait que 90 % des voitures vendues dans les années à venir appartiennent à cette catégorie pour atteindre l’objectif gouvernemental. Fin décembre, alors qu’il exhortait l’Etat à reconsidérer sa décision de supprimer le bonus environnemental, le président de la fédération des importateurs automobiles VDIK, Reinhard Zirpel, avait affirmé que 2024 devrait être une année «d’incertitude» pour l’électromobilité en Allemagne.

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