Lancée un peu avant l’été 2023, la Microlino fait tourner les têtes. Cette réinterprétation moderne et électrique de l’Isetta des années 1960 se pose en alternative aux citadines électriques, avec dans le viseur la Smart Fortwo, dont la carrière va s’arrêter. Mais il y a une différence, de taille. Administrativement, la Microlino n’est pas considérée comme une voiture, mais comme un quadricycle lourd. Ce qui signifie que, même si elle réclame un permis de conduire, l’accès aux voies rapides et autoroutes lui est interdit.
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C’est problématique, pour la clientèle visée, comme nous l’avons constaté lors de notre essai. Malgré une vitesse de pointe de 90 km/h, théoriquement suffisante pour les voies rapides urbaines, cette interdiction impose de contourner les grands axes, avec à la clé des temps de parcours exagérément allongés.
Historiquement, en bonne partie pour cette raison, les ventes de quadricycles lourds n’ont jamais excédé quelques dizaines d’exemplaires par an en France. Plusieurs constructeurs de véhicules légers se sont réunis sous la bannière de la « coalition des microvoitures », pour faire évoluer la réglementation au niveau européen. Et une proposition de loi portée par la députée Olga Givernet propose à titre expérimental d’autoriser la circulation des quadricycles lourds sur les voies rapides. Mais, à l’heure où nous écrivons ces lignes, aucun signe ne permet d’espérer voir la situation changer avant plusieurs années.
La version sans permis devrait représenter la majorité des ventes
A ce titre, l’extension de la gamme Microlino devrait représenter une bouffée d’oxygène pour le constructeur suisse Micro, avant tout connu pour ses trottinettes. Au salon de Genève, une nouvelle version de la voiturette, dénommée Lite, a fait son apparition. Avec sa vitesse de pointe bridée à 45 km/h, celle-ci peut être conduite sans permis, dès 14 ans (avec un permis AM, qui correspond à une formation de 7 heures sans examen, pour les personnes nées après 1988).
La Microlino Lite est proposée en bleu ou gris foncé mat, toujours avec des détails rehaussés de orange. Crédit: Nicolas Meunier/Challenges
« Dans les mois à venir, c’est cette version sans permis qui devrait représenter la majorité des ventes de Microlino », assure Rémy Dumont, directeur de Microlino France. Voilà qui correspond à la réalité actuelle du marché des voitures légères en France. « Elle pourra séduire les jeunes… et surtout leurs parents, qui cherchent une deuxième voiture sympa que toute la famille peut conduire ». Voilà exactement la cible de la Citroën Ami, qui a révolutionné la catégorie il y a quelques années.
Mais cette Microlino Lite n’est pas donnée : elle débute à 17 990 euros… Soit un peu plus de 10 000 euros que la puce aux chevrons. Quant à la craquante Fiat Topolino, nouvelle cousine de la Citroën Ami, elle s’annonce à partir de 9 890 euros. Microlino n’est pas parvenu à vendre moins cher la version sans permis. Dès la présentation de cette version Lite, la finition d’entrée de gamme Urban, promise mais jamais commercialisée, a disparu du catalogue. Et pour cause : elle était vendue au même tarif, avec le même équipement que la Lite (intérieur plus basique que les autres Microlino, pas de bandeaux de phares…), mais avec plus de puissance et une vitesse de pointe supérieure. Et à ce prix, il faut se contenter d’une petite batterie de 5,5 kWh, qui limite l’autonomie à 95 km. Pour la batterie de 10,5 kWh (177 km), c’est 2 000 euros de plus !
Un réseau en cours de développement
Les ventes de Microlino ont commencé tout doucement en France, avec une cinquantaine d’exemplaires livrés en 2023. « Pour l’instant, notre réseau est limité à Paris, Lyon et la Côte d’Azur. Nous sommes en train de développer de nouveaux points de vente, notamment en Normandie et à Grenoble, ce qui élargira nécessairement notre audience », révèle Rémy Dumont. « Il en va de même des offres de leasing à venir, qui vont nous permettre de nous adresser aux entreprises. A terme, nous visons 3 000 exemplaires par an en France. »
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Voilà une ambition débordante, étant donné les tarifs pratiqués. « Le cœur du marché se situe entre 13 000 euros et 14 000 euros », rappelle Olivier Pelletier, PDG d’Aixam, le numéro 1 de la voiture sans permis. « Et la fourchette est encore plus basse, selon nos études, pour la clientèle des jeunes : elle se situe entre 9 000 euros et 12 000 euros. Nous avons aussi des modèles à plus de 17 000 euros, mais ils ne représentent qu’une minorité de nos ventes. »
Une concurrence féroce
Certes, la Microlino est très séduisante esthétiquement. Certes, elle est mieux construite et plus confortable qu’une Citroën Ami. Mais son tarif élevé risque de limiter sa diffusion. Rappelons que lors de la première présentation du prototype, au salon de Genève en 2016, Microlino espérait un tarif de base de 12 000 euros…
La tâche va être d’autant plus difficile que le succès de la Citroën Ami crée l’émulation. Au sein du groupe Stellantis, elle s’est déclinée en Opel Rocks-e, pour l’instant réservée au marché allemand. Mais la Fiat Topolino, son autre cousine, avance un charme presque identique à la microcar suisse.
Un peu plus chère que sa cousine Citroën Ami, la Fiat Topolino joue de son atout charme. Crédit: Fiat
Par ailleurs, un autre grand constructeur va entrer dans la danse. Seat, via sa filiale dédiée aux nouvelles mobilités Seat Mó, va commercialiser une voiturette, en version sans permis et quadricycle lourd. Comme les scooters de la marque, celle-ci sera produite par le constructeur espagnol Silence. Elle se distinguera par ses batteries amovibles, pouvant être échangées par modules dans des stations spécialisées. Silence vendra en son nom la S04 en France à partir de juin, et la commercialisation via le réseau Seat devrait suivre « quelques semaines après ».
D’autres marques spécialisées entendent contester la suprématie de la Citroën Ami. Il en est ainsi de l’Eli Zero, dont la silhouette rappelle le Renault Twizy. Et les acteurs traditionnels du marché ne comptent pas rester les bras croisés. La Ligier MyLi propose de nombreuses versions électriques, dont les tarifs ont baissé de 500 euros récemment. Et Aixam va annoncer dans les prochains jours une extension de sa gamme électrique vers le bas, avec trois modèles à moins de 15 000 euros pour toucher la clientèle des jeunes. En attendant, peut-être un modèle totalement inédit, conçu dès le départ pour offrir un prix plancher.
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