Ces derniers mois, plusieurs municipalités ont pris des mesures contre les voitures trop encombrantes. Les SUV sont particulièrement à la mode, mais la place qu’ils occupent en ville est critiquée, en plus du risque qu’ils représentent en cas de collision.
Certaines villes utilisent le poids comme critère pour définir les tarifs de stationnement. Ainsi, à Grenoble, les véhicules thermiques, essence et diesel dépassant 1 550 kg et les véhicules électriques ou hybrides dépassant 1 800 kg paieront l’abonnement dans les parkings 10 % plus cher.
Paris organisait ainsi dimanche 4 février 2024 une votation pour tripler le tarif de stationnement sur la voie publique des « voitures individuelles lourdes, encombrantes, polluantes ». La participation a été faible (5,68 %, soit 78 000 électeurs), mais les votants se sont exprimés à 54 % pour la hausse du tarif.
Selon le projet de la municipalité, qui prévoit de nombreuses exonérations, l’utilisateur d’un véhicule thermique ou hybride rechargeable dépassant 1,6 tonne, ou deux tonnes pour un véhicule électrique, devra bientôt payer 18 € l’heure de stationnement dans les arrondissements centraux de la capitale, 12 € pour les arrondissements extérieurs.
Il faut dire que les voitures, de plus en plus imposantes et richement équipées, se sont considérablement alourdies depuis les années 1990.
Des voitures plus lourdes
L’Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie (Ademe) observe les fluctuations annuelles du marché français de l’automobile, et quantifie les caractéristiques des voitures vendues. Format, motorisation, poids, niveau de confort : des statistiques annuelles permettent de voir l’évolution du parc automobile français. Et l’Ademe mesure le poids des voitures.
Au 1er janvier 2023, la masse moyenne des voitures particulières neuves vendues en France était de 1 233 kg, avec une différence selon la motorisation. La masse moyenne des véhicules diesel (souvent plus imposants) est supérieure à celle des véhicules essence (souvent des citadines) : 1 392 kg contre 1 164 kg.
Les données de l’Ademe montrent surtout la forte prise de poids des voitures en trente ans. La masse moyenne est passée de 953 kg en 1990 à 1 233 kg en 2022. C’est une augmentation de 280 kg, soit 29,7 % !
Des causes multiples
Cette prise de poids comporte plusieurs facteurs. Tout d’abord la taille moyenne des voitures a nettement augmenté. Il suffit de comparer des modèles qui existaient déjà dans les années 1990 et leur équivalent actuel pour mesurer la différence.
Le site Carsized.com permet de comparer plusieurs modèles de différents millésimes. La juxtaposition d’une Clio de 1998 et de la version de 2019 montre qu’en 20 ans la grande citadine a pris 27 cm de longueur, 16 cm de largeur et est passée de 980 à 1 117 kg.
Les goûts et le marché évoluent également, et les gros véhicules ont la faveur des consommateurs. De 2010 à 2020, la catégorie Tous terrains/chemins de l’Ademe, qui inclut les célèbres - et décriés - SUV, est passée de 9,5 % à 39,5 % des ventes annuelles en France. Dans le même temps, les minispaces (Opel Meriva, Honda Jazz, Renault Modus…) sont passés de 5 % à 0,2 %.
À l’inflation de la taille s’ajoute également celle des équipements. Sans aller forcément jusqu’au fauteuil chauffant et massant des berlines de luxe, les voitures sont alourdies par la multiplication des équipements de sécurité actifs et passifs, des écrans multimédias et autres accessoires de confort.
Lire aussi : Les voitures neuves ne cessent de grossir, au point de ne plus pouvoir bien se garer
Le poids de l’électrique
Les données de l’Ademe sur la masse des voitures ne prennent pas pour l’instant en compte les spécificités des véhicules hybrides et électriques. Ces derniers ont pourtant un poids supérieur aux voitures thermiques. Ainsi, une batterie de Renault Zoé pèse plus de 320 kg, celle d’une Tesla Model S atteint 600 kg. C’est 100 kg de plus qu’une 2 CV…
C’est le reproche que font les détracteurs des voitures électriques ou hybrides : elles sont beaucoup plus lourdes que les équivalents thermiques. Par exemple, un SUV compact BMW X1 pèse 1 575 kg en version essence, et 1 940 kg en version électrique.
La plupart des villes qui ont pris des mesures en lien avec le poids des véhicules ont pris soin de cibler les SUV dans leurs critères, car leur taille constitue le problème, quelle que soit leur motorisation.
Selon l’Agence internationale de l’Énergie, les SUV émettent en moyenne 20 % de CO2 en plus qu’une berline. L’électrification du marché participe aussi à leur essor : de nombreuses marques profitent de leur châssis surélevé pour y loger des batteries.
Selon une étude de l’ONG WWF parue en 2023, au cours de sa construction, « un gros SUV électrique consomme trois fois plus de cuivre et d’aluminium et cinq fois plus de lithium, nickel et cobalt qu’une petite citadine électrique ».
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