Bruxelles s’inquiète. Pékin pavoise et accélère. La route est dégagée pour l’industrie automobile chinoise. Elle maîtrise l’ensemble de la technologie de la voiture électrique et peut partir à la conquête du monde. Des matériaux critiques nécessaires à la fabrication de la batterie, jusqu’à leur raffinage et la fabrication des voitures, elle maîtrise l’ensemble de la chaîne de la valeur. Rien ne lui échappe.
Sur fond de guerre commerciale, on assiste à une redistribution des cartes à l’échelle de la planète. BYD (Build Your Dreams) incarne cette brutale accélération de la Chine. L’entreprise fondée en 1995 à Shenzen vient de dépasser Tesla pour ses ventes de voitures électriques dans le monde.
En 2024, la Chine devrait devenir le premier exportateur de véhicules devant le Japon et l’Allemagne. Dans un livre prophétique À l’est du monde, paru en 1983, François Sureau et Gilles Étrillard (1) analysaient la montée en puissance des pays riverains de l’océan Pacifique. Les deux auteurs pointaient le risque de voir la vieille Europe se laisser déclasser. L’histoire récente leur donne raison.
« La charpente brûle », prévient aujourd’hui le directeur général de Volkswagen en évoquant les turbulences du constructeur allemand handicapé par une trop faible compétitivité et la montée en puissance des acteurs chinois.
Depuis quelques mois, le ton monte entre Bruxelles et Pékin. Au mois de septembre et à l’instigation notamment de la France, la Commission européenne a annoncé l’ouverture d’une enquête sur les subventions accordées par le gouvernement chinois aux fabricants de voitures électriques. Pékin a répliqué en lançant une enquête antidumping sur les spiritueux européens.
400 milliards d’excédent commercial aux dépends de l’Europe
Le climat est d’autant plus tendu que Bruxelles veut désormais mieux protéger ses industries les plus essentielles. Et n’entend pas rester l’arme au pied. Mais le rapport de force est déséquilibré : 400 milliards d’excédent commercial aux dépens de l’Europe en 2022.
Obnubilée par la création d’un grand marché et par le dogme de la libre concurrence, la Commission européenne n’a pas su décrypter la stratégie à très long terme conduite par Pékin. Elle a trop longtemps laissé faire.
À Paris comme à Berlin, on prend désormais la menace au sérieux. Dans un entretien accordé à Ouest-France, Éric Trappier, le président de l’UIMM (Union des industries des métiers de la métallurgie) tire la sonnette d’alarme. « 100 000 emplois sont menacés en France », avertit celui qui est également le directeur général de Dassault Aviation.
La fin du moteur thermique décidée par l’Union européenne à l’horizon 2035 pourrait prendre l’allure d’un crash social. Car cette crise émergente illustre aussi d’autres faiblesses de l’économie française. C’est le cas de la trop faible mobilité géographique renforcée par la crise du logement. Très en amont, il faudrait par ailleurs investir dans des plans de reconversion professionnelle.
On vient de le voir avec les récentes manifestations agricoles dans plusieurs pays européens, c’est tout le rythme de la transition climatique qui est désormais questionné par de nombreux acteurs économiques. Le risque n’est plus seulement économique et social, il est aussi politique. Et peut déstabiliser les institutions européennes.
1. À l’est du monde, François Sureau et Gilles Étrillard (Fayard).
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