
Après la première vague des « Geeks », portée par le déploiement et la communication habile de Tesla, l'attrait des Français pour la mobilité électrique marque au minimum une pause. C'est ce qu'établit une étude de Deloitte réalisée en fin d'année dernière et dont les conclusions tout juste publiées sont inquiétantes. Alors que l'industrie se plie à contrecœur et à coups de milliards d'euros d'investissements à une conversion contrainte et forcée, la demande encore en hausse de voitures électriques selon les derniers chiffres de vente (17 % l'an dernier, soit 300 000 voitures vendues) pourrait bien marquer une grosse pause.
Après les Allemands et les Américains qui reviennent même à la voiture thermique – 67 % parmi ces derniers s'orientent sur le moteur à l'ancienne –, les Français se montrent hésitants en dépit des aides financières gouvernementales sur le bonus et des baisses de tarifs parfois monumentales des constructeurs.
La dernière en date émane de Toyota qui baisse le prix de 11 000 euros sur son récent BZ4X et accorde un rabais supplémentaire de 5 000 euros jusqu'au 31 mars, destiné à compenser la perte du bonus gouvernemental. Soit pas moins de 16 000 euros de remise ce qui laisse songeur sur ce que sont vraiment les marges des constructeurs. Cela répond surtout à une guerre des prix déclenchée par Tesla et relayée par MG, affrontement sur lequel plus personne ne peut se tenir à l'écart.
Malgré cela, les automobilistes restent dubitatifs face à une technologie que beaucoup ne perçoivent plus comme pérenne ou seulement appropriée et qui implique beaucoup trop de contraintes d'usages. Interrogés avant la valse des étiquettes actuelle, les sondés se déclarent prêts à envisager l'achat d'une voiture électrique que pour 9 % d'entre eux.
Motifs d'instabilité
Même s'il évoque un « plateau » dans la courbe des intentions d'achat, Guillaume Crunelle, spécialiste de l'auto chez Deloitte, admet que la faiblesse de cet indicateur « est assez préoccupante si on s'intéresse à la trajectoire nécessaire pour atteindre les objectifs en termes de lutte contre le réchauffement climatique ». Et les motifs d'instabilité pour brouiller les pronostics ne manquent pas.
En d'autres termes, les prochaines élections européennes vont tourner autour de ce thème de la conversion écologique qui impacte de façon brutale et avec les mêmes ressorts l'agriculture et l'automobile. Les votants vont avoir l'occasion d'exprimer leur réprobation à l'égard de politiques qu'ils perçoivent comme trop hégémoniques et centralisées avec cette supranationalité de Bruxelles.
Dans le même temps aux États-Unis, les loueurs se défont de leurs parcs électriques trop lourds à entretenir et à réparer. En Allemagne, le marché se tasse avec la cessation totale des bonus et, en France, la confiance patine avec un signe qui ne trompe pas, le marché de la voiture électrique d'occasion peine à séduire des acheteurs plus avides de thermiques et assez souvent de diesels robustes et économiques. Les constructeurs s'alarment, Carlos Tavares (Stellantis) en tête, qui redoute un « bain de sang », anticipe la concurrence chinoise et se démène avec l'inflation, les taux d'intérêt élevés et la guerre des prix rendant l'équation économique quasi insoluble. Autant de défis que les Français semblent avoir perçu.
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