« Les véhicules électriques sont très minoritairement produits en France », reconnaît Marc Mortureux. Le directeur général de la Plateforme automobile française (PFA) tire la sonnette d’alarme. La France a produit un peu moins de 120 000 véhicules électriques l’an dernier, selon les compilations de Challenges. C’est très peu, alors qu’il s’est immatriculé 298 500 voitures zéro émission en 2023, un peu plus de 300 000 en incluant les utilitaires.
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Renault est le premier fabricant de ces modèles zéro émission dans l’Hexagone. La firme de Boulogne-Billancourt a fabriqué 77 600 électriques l’an dernier dans l’Hexagone, dont 45 000 Mégane E-Tech à Douai (Nord), 16 700 Zoé à Flins (Yvelines), 15 000 Kangoo (version utilitaire et ludospace) à Maubeuge (Nord). Quelques fourgons Master et Renault Trafic ont été aussi assemblés respectivement à Batilly (Meurthe-et-Moselle) et Sandouville (Seine-Maritime).
34 800 Opel Mokka
Stellantis a pour sa part fabriqué environ 34 000 Opel Mokka et 3 500 DS3 électriques à Poissy (Yvelines) en 2023 ainsi que des utilitaires à Hordain (Nord). Mais les marques tricolores grand public du groupe, Peugeot et Citroën, importent tous leurs véhicules électriques : Peugeot e-208 de Slovaquie et maintenant d’Espagne ; Peugeot e-2008 d’Espagne également, tout comme la Citroën ë-C4.
La production auto française totale a atteint 1,5 million d’unités en 2023. Les chiffres officiels du CCFA (Comité des constructeurs français) ont été diffusés discrètement en fin de semaine dernière. Cela représente certes une hausse de 8,5 % sur 2022. C’est donc la meilleure année depuis le début de la décennie, marquée par le Covid. Mais, malgré ces apparences, 2023 demeure l’une des années les plus calamiteuses pour le « made in France » automobile ! On est en effet très loin des 2,2 millions de 2019, avant la pandémie. La France ne produisait-elle pas 3,66 millions en 2004 ?
Retour aux années 1960
Le millésime 2023 se retrouve aux niveaux… du début des années 1960. La production frisait alors 1,37 million. En 1970, elle dépassait les 2,7 millions. La baisse de production enregistrée ces vingt dernières années se traduit dans les chiffres des effectifs : -45 % en vingt ans à 104 000 personnes (pointage à fin 2022).
Cette faible production de véhicules en général dans l’Hexagone a entraîné un déficit commercial record de la filière l’an passé, de 24 milliards d’euros. Contre 19,9 milliards en 2022. L’auto représente désormais plus de la moitié du déficit tricolore des produits manufacturés. En 2004, la filière affichait pourtant un excédent de 12,3 milliards. Les Français aiment certes des Volkswagen, Audi, Mercedes. D’où le déséquilibre de la balance avec l’Allemagne (-6,4 milliards d’euros l’an passé).
Mais l’Hexagone nourrit surtout un énorme déficit vis-à-vis de l’Espagne, la Slovaquie, la Roumanie, la Slovaquie ou le Maroc. Soit un passif de onze milliards cumulés avec ces cinq pays. La raison essentielle ? Les délocalisations de Renault et PSA (devenu Stellantis en 2021) pour cause de coûts salariaux.
Nouvelles électriques en vue
La production des électriques va-t-elle croître en France ? Probablement. Renault a ainsi cédé à la pression de l’Etat actionnaire - à hauteur de 15 % - pour produire à Douai (Nord) sa prochaine R5 électrique. A un prix relativement élevé (autour de 30 000 en prix moyen) Le Scénic zéro émission vient par ailleurs de démarrer sur ce même site. Mais ce n’est pas gagné. La production de la Mégane E-Tech est ainsi moitié moindre que ce qui était prévu initialement. Par ailleurs, l’ancêtre des électriques, la petite Zoé, s’arrête cette année à Flins.
Côté Stellantis, Peugeot fabrique dorénavant une version électrique de la 308 en attendant celle de la 408 à Mulhouse (Haut-Rhin). Le SUV compact 3008, livrable aussi en déclinaison zéro émission, démarrera bientôt à Sochaux (Doubs). Mais, pour les petits modèles populaires, Carlos Tavares a dit non à Bruno Le Maire, lorsque le ministre de l’Economie lui a demandé à l’été 2023 de suivre l’exemple de Renault. « Stellantis est en condition de se battre contre les Chinois, mais ce ne serait pas le cas si on produisait dans des pays à coûts élevés », affirme lapidairement le directeur général de Stellantis. La nouvelle Citroën ë-C3 sera ainsi produite en Slovaquie, tout comme le sera le prochain SUV C3 Aircross. Les coûts salariaux horaires sont effectivement trois fois moindres en Slovaquie par rapport à la France (Rexecode)
Autre écueil : la Chine exporte de plus en de véhicules zéro émission vers l’Hexagone, de marque locale, mais pas seulement. Les nouvelles Mini électriques, les Smart (groupe Mercedes), y sont désormais fabriquées. En outre les batteries, dont la Chine a le quasi-monopole, pèsent aussi sur le déficit commercial de la France. Le déséquilibre de la balance avec l’ex-empire du Milieu croît donc fortement. Il a atteint un déficit de 3 milliards d’euros l’an dernier.
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