Le « sieur de Cadillac », aventurier en Acadie
Le nom a de la gueule. Oui, mais pourquoi ce choix de Cadillac ? S’il n’a rien à voir avec la bastide de l’Entre-deux-Mers, dont il n’est pas originaire, le Tarnais a toutefois un lien ténu avec elle. Pour forger cette nouvelle identité, il s’est vraisemblablement inspiré d’une relation de son père, avocat au Parlement de Toulouse, avec un certain Sylvestre d’Esparbès de Lussan de Gout, conseiller au Parlement de Toulouse, baron de Lamothe-Bardigues, et, à l’époque, seigneur de Cadillac (aujourd’hui Cadillac-sur-Garonne), de Launay et du Moutet.
Le Tarnais est prêt pour s’assurer réussite et ascension sociale en Nouvelle-France. Faisant commerce des peaux et d’alcool, et parcourt durant quatre ans l’Acadie de long en large, élargissant ses explorations à la Nouvelle-Angleterre et à la Nouvelle-Hollande. De retour à Paris en 1690, il parvient à se faire nommer officier des troupes de marine par le ministre de la Marine, le compte de Pontchartrain, puis revient en Acadie. En 1694, il est nommé commandant de tous les postes des pays d’En-Haut et part prendre son commandement au fort de Michillimakinac, qui contrôle tout le commerce des fourrures entre le Missouri, le Mississippi, les Grands Lacs et la vallée de l’Ohio.
Fondateur de Ponchartain, future Détroit, capitale de l’automobile américaine au XXe siècle
Au cours de ses multiples expéditions, il découvre un endroit bien situé, au bord du lac Michigan, et fonde, le 24 juillet 1701, le Fort Pontchartrain, sur la rive du nord de la rivière Détroit. Antoine de Lamothe Cadillac finira pourtant sa vie dans Sud-Ouest. De retour en France en 1717, après avoir été gouverneur de Louisiane, il s’installe avec sa famille à La Rochelle. Embastillé à Paris avec son fils pour « avoir tenu des discours peu convenables contre le gouvernement de l’État et des colonies », puis libéré, Cadillac reçoit la croix de Saint-Louis en récompense de ses trente années de loyaux services en Amérique. Quand il meurt, à l’âge de 72 ans, en 1730, près de son village natal à Castelsarrasin où il a été nommé gouverneur, il laisse une descendance de treize enfants, six filles et sept garçons.
La vie d’Antoine de Lamothe Cadillac fut un roman, commencé et achevé dans le Sud-Ouest, certes, mais il ne vous aura pas échappé qu’elle n’a toujours aucun lien avec la cité girondine de l’Entre-deux-Mers. Pas plus d’ailleurs qu’avec la légendaire marque automobile américaine éponyme. Patience, on y est presque.
General Motors, mécène de la restauration du château de Cadillac
Rebaptisé « Détroit », le site fondé par Antoine de Lamothe Cadillac, idéalement situé entre les grands lacs et les bassins fluviaux, allait s’avérer stratégique pour devenir un grand centre industriel au XIXe siècle, puis au XXe siècle, la capitale de l’automobile.
En 1902, Détroit fête son bicentenaire. Henry M. Leland décide alors de rendre hommage à l’aventurier tarnais en baptisant sa firme automobile de son nom et en reprenant ses armoiries pour emblème. Le fondateur de General Motors, William Crapo Durant, achète la marque Cadillac en 1909 et l’intègre dans sa firme afin d’en faire sa division de voitures de luxe.
Près d’un demi-siècle plus tard, en 1952, la sinistre prison pour femmes installée depuis le XIXe siècle au château ducal de Cadillac en Gironde, fait l’objet d’une fermeture administrative. Fortement endommagé à la suite d’un incendie, en 1928, l’édifice a perdu sa superbe et menace ruine. Une « association de mise en valeur du château de Cadillac » se crée alors. Touchés ; sans doute, par le nom de l’ancienne fastueuse demeure des ducs d’Épernon, les dirigeants de General Motors seront les premiers mécènes de sa restauration, en 1953.
Archives Sud Ouest
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