
STMicroelectronics s’enfonce dans la morosité. Le fabricant franco-italien de semi-conducteurs, qui compte 51 500 salariés dans le monde, dont 12 000 en France, s’attend désormais à un chiffre d’affaires de 14 à 15 milliards de dollars en 2024, en baisse de 13 à 19% par rapport à 2023, et une marge brute d’un peu plus de 40%, contre près de 50% l’année précédente. Auparavant, il anticipait un chiffre d’affaires de 15,9 à 16,9 milliards de dollars et une marge brute de 41 à 46%. La Bourse ne semble pas lui en tenir rigueur puisque le cours de l’action affiche un gain de plus de 2% à l’annonce de cette révision à baisse des résultats 2024.
C’est que le marché des semi-conducteurs hors mémoires (où aucun acteur européen n’est présent) est entré dans un cycle dépressif après trois années consécutives de croissance. La chute est amplifiée par l’accumulation des stocks dans l’automobile et l’industrie pendant la période de pénurie de puces. Ce sont justement ces deux secteurs qui plombent les perspectives de STMicroelectronics. Ils constituent les deux plus gros marchés finaux du groupe avec respectivement 46% et 23% du chiffre d’affaires au premier trimestre 2024.
Sur l’ensemble de l’année 2024, la direction prévoit une baisse de chiffre d’affaires de 5% dans l’automobile, de 10% dans l’industrie, de 2 à 3% dans l’électronique grand public, dominée par les smartphones (hors activité d’assemblage de modules d’imagerie pour Apple, arrêtée au second semestre 2023) et d’environ 5% dans les systèmes de communication et périphériques informatiques. Le recul touche presque tous les produits mais ce sont les microcontrôleurs qui devraient souffrir le plus avec un plongeon d’environ 30% après avoir été l’un des plus gros moteurs de croissance du groupe ces trois dernières années.
Difficultés du client Tesla
«La baisse de la demande dans l’automobile provient pour moitié de la diminution des ventes de voitures électriques d’un grand client et pour l’autre moitié d’une correction des stocks plus longue que prévu dans la chaîne logistique, associée à un changement défavorable de mix entre véhicules électriques, véhicules hybrides et véhicules thermiques», explique Jean-Marc Chéry, président du directoire et directeur général, lors de la présentation des résultats trimestriels le 25 avril 2024. Le "grand client" en question est Tesla, troisième plus gros acheteur de STMicroelectronics derrière Apple et Mobileye, selon la banque d’affaires Bryan Garnier. Or ses ventes de voitures ont diminué de 8,5 % au premier trimestre 2024 et ce malgré la réduction des prix, obligeant l’entreprise d’Elon Musk de licencier 10% de ses effectifs.
Cela va avoir un impact négatif sur les performances de l’activité dans les composants en carbure de silicium, dont Tesla reste de loin le plus grand client. Jean-Marc Chéry table désormais sur un chiffre d’affaires de 1,3 milliard de dollars en 2024 puis 1,8 milliard de dollars en 2025 dans cette activité stratégique. Auparavant, il espérait un chiffre d’affaires de 1,5 à 1,6 milliard de dollars en 2024 puis de 2 milliards de dollars en 2025. Il maintient malgré tout son ambition d’atteindre 5 milliards de dollars à l’horizon 2030.
Contre-performances comparables chez Texas Instruments
Au premier trimestre 2024, les résultats sortent dans le bas de la fourchette des prévisions avec un chiffre d’affaires de 3,47 milliards de dollars, en recul annuel de 18,4%, et une marge d’exploitation de 15,9%, contre 28,3% un an auparavant. Jean-Marc Chéry reste confiant dans la perspective de reprise au second semestre 2024 et se console avec des performances qu’il considère comme comparables à celles de ses grands pairs à forte empreinte dans l’automobile et l’industrie. C’est vrai pour l’américain Texas Instruments, qui accuse une chute de 16% de son chiffre d’affaires au premier trimestre 2024. Mais pas pour le japonais Renesas Electronics qui limite la baisse à 2,1%. STMicroelectronics, Texas Instruments et Renesas Electronics forment les trois plus gros fournisseurs mondiaux de semi-conducteurs pour l’automobile, derrière l’allemand Infineon Technologies et le néerlandais NXP, qui n'ont pas encore publié leurs résultats du premier trimestre 2024.
Dans ces conditions, STMicroelectronics va-t-il devoir reporter son objectif de dépasser le chiffre d’affaires de 20 milliards de dollars prévu au départ entre 2025 et 2027 ? Jean-Marc Chéry renvoie la réponse au prochain Capital Market Day, l’évènement dédié aux investisseurs, prévu en novembre prochain.
Malgré cette dégradation, STMicroelectronics confirme son plan d'investissement de 2,5 milliards de dollars pour 2024. Le groupe est engagé dans l'extension de ses capacités de production à long terme, dont la construction d'une nouvelle mégafab de 300 mm à Crolles, en Isère, une usine de substrats de carbure de silicium à Catane, en Sicile, et d'une usine de composants en carbure de silicium à Chongqing, en Chine, en partenariat avec le chinois Sanan Optoelectronics. Autant de projets considérés comme stratégiques pour capter la croissance à long terme de la demande.
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