
Dans les années 60, l’Allemagne se redresse après les années sombres de la deuxième guerre mondiale. Chez Mercedes, on surfe déjà sur les succès des nouvelles berlines à la ligne ponton mais une idée germe dans l’esprit des dirigeants : faire une voiture de luxe qui démoderait immédiatement toute la concurrence.
Pas n’importe laquelle : Rolls Royce et Cadillac, pas moins. Sous la direction de Rudolf Uhlenhaut, une équipe va concevoir une voiture de prestige en misant tout sur la technologie.
Un dessin français
Le dessin de la Mercedes W100 est dû à Paul Bracq et son équipe de dessinateurs. Ils ne vont pas chercher à effaroucher une clientèle qui préfère le luxe et la discrétion à tout forme d’extravagance.
Il sera tiré deux versions de la W100 devenue Mercedes 600 : un modèle à empattement court (empattement de 3,20 m) berline quatre portes avec ou sans séparation chauffeur et un modèle à empattement long limousine Pullman à quatre ou six portes.
La longueur allait de 5,54 m à 6,24 m. Quelques limousines furent carrossées en landaulets, avec un toit décapotable au-dessus des passagers arrière.
Un moteur sur-mesure
En raison du poids du nouveau-né dépassant 2,4 tonnes (2,7 t pour la Pullman), les ingénieurs vont s’apercevoir que le 6 cylindres de la Mercedes 300 ne sera pas suffisant pour assurer les performances routières de la 600.
Un V8 va rapidement être étudié : 6,3 l de cylindrée développant 250 ch avec un couple de 500 Nm à 2 800 tours. De quoi propulser la 600 à 205 km/h maximum en engloutissant 20 l de carburant aux 100 km.
Présentée en 1963, la Mercedes 600 va impressionner par ses dimensions imposantes et sa fluidité.
Équipement technologique
Si le V8 inaugure l’injection chez Mercedes, l’hydraulique est mise à contribution pour gérer de nombreuses fonctions de confort : une centrale hydraulique complexe sous 150 bars de pression commande le réglage des sièges, les vitres et la fermeture des portes, le coffre ainsi que le toit ouvrant.
La suspension pneumatique avait été développée par Bosch afin d’apporter un confort de palace. Pour freiner le véhicule, quatre freins à disque avaient été spécialement réalisés afin de s’adapter à la taille spécifique des pneus. Évidemment, la climatisation était disponible.
Une finition à la demande
Si la ligne est sobre, tout se passe à l’intérieur. Avec un prix d’entrée à 56 500 Deutsche marks en 1964 pour la version berline quatre portes (soit plus de 200 000 €), le prix de la limousine 6 portes culmine à 63 500 DM.
C’est la voiture la plus chère du monde. A l’intérieur, c’est le règne du cuir ou du velours pour les sièges, du bois précieux pour le mobilier (boiseries en loupe d'orme, palissandre, ronce de noyer, bois de rose...), de la moquette épaisse, des tablettes inclinables, sans compter toutes les options souhaitées par le client : télévision, réfrigérateur, chaîne stéréo huit pistes.
La couleur de la carrosserie était choisie sur catalogue ou sur échantillon. Chaque voiture était assemblée à la main : il fallait en moyenne 55 heures pour réaliser une Mercedes 600.
Assurer le savoir-faire de la marque
Il a été dit que Mercedes perdait de l’argent sur chaque modèle vendu mais la Mercedes 600 était une publicité roulante pour la marque.
D’ailleurs, les commandes ont été engrangées très rapidement. En 1965, le Pape Paul VI reçoit la sienne avec un véritable trône au centre du véhicule, un landaulet, bien sûr.
Les chefs d’état seront sensibles à son élégance (monture d’Elisabeth II pendant son séjour en Allemagne) mais aussi les souverains d’Afrique (le roi du Maroc en a possédé 23…).
Le show bizz y sera sensible, d’Elvis Presley à Herbert Von Karayan en passant par… Mireille Mathieu et Jean-Louis Trintignant. Hélas, de nombreux dictateurs succomberont également à son charme.
Bagikan Berita Ini
0 Response to "Automobile - Insolite. Mercedes 600 : la limousine des stars et des chefs d'état - Le Dauphiné Libéré"
Post a Comment