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Le rêve automobile contrarié des classes moyennes - Le Monde

Dans la campagne près de Chartres, en Eure-et-Loir, en mars 2024.

La voiture, longtemps symbole d’ascension sociale, est devenue vecteur de déclassement pour les classes moyennes. Sur fond de mise au pilori, par l’extrême droite et la droite, du véhicule électrique promu par l’Union européenne se cristallise autour de l’automobile un malaise doublé d’une désillusion.

Jusque dans les années 2000, la France de la « bagnole » regardait vers le haut. On passait de la Renault 4 à la Renault 16, de la Peugeot 204 à la Peugeot 504 ou de la Citroën Visa à la BX et cette montée en gamme s’inscrivait dans l’ordre des choses. Elle accompagnait logiquement la progression du niveau de vie et un besoin croissant de mobilité, provoqué par l’étalement urbain et l’allongement du trajet domicile-travail (passé de 8 à 14 kilomètres au cours des trente dernières années).

« Le décrochage [survient] en 2010. Depuis, le pouvoir d’achat médian des ménages a progressé de 10 %, mais le prix des voitures neuves s’est envolé de 64 %. Pour beaucoup de gens, le rêve automobile est devenu définitivement inaccessible lorsque la pénurie de composants consécutive à la crise sanitaire a fait flamber le prix des voitures neuves », constate Eric Champarnaud, cofondateur du cabinet de conseil C-Ways.

Gentrification et ruissellement

L’évolution de la structure des ventes reflète cette rupture. « Au cours des dix dernières années, la proportion de particuliers a reculé de 56 % à 46 % des immatriculations, la part des véhicules des segments inférieurs s’est accrue et la durée de détention des véhicules s’est allongée », détaille Julien Billon, directeur général d’AAA Data, société spécialisée dans la collecte et l’analyse des données du marché.

Dacia, la marque à « bas coûts » lancée par Renault à destination des exclus du marché du neuf, n’a pas échappé à cette gentrification. Entre 2014 et 2024, le prix moyen d’une Dacia est passé de 14 000 à 19 000 euros. Résultat : le constructeur recrute désormais majoritairement au sein des classes moyennes supérieures et chez ceux qui, tout en ayant les moyens de le faire, n’ont pas envie d’investir 30 000 euros dans une automobile.

En parallèle, l’ancienneté moyenne et le prix des véhicules d’occasion, dont les ventes ont atteint des sommets au sortir de la crise sanitaire, ne cessent de croître. Un écho aux phénomènes à l’œuvre sur le marché du neuf. « Le business model de l’automobile est celui du ruissellement : des acheteurs, toujours plus âgés et aisés, qui finiront par transmettre leur véhicule à des acquéreurs plus jeunes et moins fortunés », constate Jean-Philippe Hermine qui dirige l’institut mobilités en transition.

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