
C’est moins catastrophique que prévu. Mais ce n’est pas brillant. La France a finalement produit 1,5 million à peine de véhicules légers (particuliers et utilitaires) l’an dernier, selon les statistiques officielles établies dernièrement par le CCFA (Comité des constructeurs français). C’est plus qu’en 2021 (1,35 million) ou 2022 (1,38). Mais ces trois derniers millésimes restent les pires de l’industrie auto tricolore depuis le début des années 1960.
Rien à voir avec les 2,17 millions d’unités fabriquées en 2019, avant le Covid, les 2,18 millions en 2010, 3,5 en 2005. La France assemble 2,4 fois moins de véhicules qu’il y a vingt-trois ans.
A peine plus d’un million de voitures particulières
Sur le 1,5 million de l’année dernière, 1,21 million de véhicules ont été fabriqués par les mastodontes français Stellantis et Renault. S’agissant des seules voitures particulières, la fabrication en France a dépassé tout juste le million l’an dernier (1,02 million), dont 735 000 pour Stellantis et Renault. Le reste provient accessoirement des Smart (Mercedes) et des gros 4x4 Ineos assemblés en Lorraine, mais plus essentiellement de Toyota (271 700). Le japonais prend une part croissante dans la production auto tricolore.
Le premier constructeur auto mondial parvient d’ailleurs à placer deux modèles « made in France » dans les dix voitures les plus vendues dans l’Hexagone : la Yaris (huitième) et la Yaris Cross (dixième). La première est partiellement assemblée dans le Nord, selon les versions, la seconde totalement. A part les deux Toyota, deux Peugeot fabriquées en France figurent dans les vingt véhicules les plus populaires sur le territoire national (sur cinq mois) : les 308 et 3008. Sur les 50 les plus prisés dans l’Hexagone, à peine sept modèles y sont assemblés, dont les deux Toyota.
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Forcé par le gouvernement qui détient 15 % de son capital, Renault a certes dû s’engager à produire ses électriques en France, dont le Scenic et la future petite R5. Mais toutes les nouveautés non électriques de la firme au losange proviennent d’usines étrangères : Captur restylé, Symbioz, Rafale (Espagne), sans parler du Dacia Duster (Roumanie).
Chez Stellantis, seul parmi les dernières nouveautés présentées, le Peugeot 5008 est monté en France. Les Citroën C3 et C3 Aircross proviendront, eux, de Slovaquie. Citroën ne fabrique d’ailleurs en France que le SUV C5 Aircross. Tous ses autres modèles particuliers sont assemblés en Slovaquie ou en Espagne, voire au Maroc pour son quadricyle Ami. Même sa populaire fourgonnette Berlingo et son dérivé ludospace proviennent d’un site ibérique.
Le douzième fabricant de véhicules dans le monde
La France n’est ainsi plus que le douzième fabricant de véhicules dans le monde. Elle en était le cinquième en 2005. L’Hexagone est désormais même talonné par des pays comme la Turquie ou la République tchèque. Il produit 2,7 fois moins de véhicules que l’Allemagne (1,6 fois moins en 2005). La France pèse aujourd’hui 1,6 % la production auto mondiale (5,3 % en 2005). Quoi qu’en dise l’actuel gouvernement, qui ose vanter la réindustrialisation de la France, le décrochage dans l’automobile est faramineux.
Preuve en sont les derniers chiffres du déficit commercial tricolore qui atteint des fonds abyssaux. Sur un an (mai 2023 à avril 2024), l’auto a atteint un solde négatif record de 24,08 milliards d’euros, selon les douanes. Le déficit automobile se montait à 19,9 milliards en 2022, 18 milliards en 2021, 15,4 en 2020, 15,3 en 2019. Un plongeon continu depuis 2010, date à laquelle l’industrie auto hexagonale est devenue déficitaire.
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Pourquoi cette délocalisation ? Celle-ci s’explique en particulier par les coûts du travail. Renault comme l’ex-PSA sont surtout spécialistes dans les petits modèles, les plus prisés en France sous le coup d’une fiscalité écologique extrêmement discriminante, et les plus sensibles justement aux coûts de production. Le coût horaire moyen dans l’industrie est 4,3 fois plus élevé en France qu’en Roumanie, 2,6 fois plus qu’en Slovaquie, 1,7 fois plus qu’en Espagne.
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