
Alerte en cas de dépassement de la limite de vitesse, aide au maintien de trajectoire dans la voie, surveillance de l’attention du conducteur… Ces nouvelles technologies deviennent obligatoires sur les voitures et les utilitaires vendus neufs à partir de dimanche 7 juillet. Elles visent à renforcer la sécurité des conducteurs, passagers mais aussi piétons et cyclistes. Les constructeurs pointent néanmoins une accumulation de normes qui pénalisent les modèles les moins chers.
Cette réglementation européenne, la GRS 2 (General Safety Regulation), a été votée en 2019. Ce nouvel assortiment « introduit des mesures de sécurités actives et non plus seulement passive, explique Antoine Lafay, directeur de la recherche et développement et de l’aide à la conduite chez l’équipementier français Valeo. Certaines technologies comme le freinage automatique d’urgence ou la surveillance d’attention du conducteur servent à prévenir les accidents », et plus seulement à en limiter les dégâts, comme les airbags.
De moins en moins de voitures peu chères
La plupart de ces équipements étaient déjà obligatoires pour les nouveaux modèles homologués depuis 2022, et sont déjà intégrés sur de nombreux véhicules. Les constructeurs pointent cependant une accumulation de ces capteurs et infrastructures obligatoires pour répondre aux normes environnementales et de sécurité, qui finissent par alourdir le poids moyen des voitures, et le prix des modèles d’entrée de gamme.
« Les constructeurs peuvent absorber le surcoût sur les grosses voitures comme une BMW, mais pas sur les plus petites comme les Twingo ou les Peugeot 108, explique Bernard Jullien, maître de conférences en économie. Les voitures peu chères finissent par rejoindre la moyenne gamme. Cette dynamiquedétourne les classes moyennes et modestes vers l’occasion, car ils ne pourront plus accéder au neuf. »
Le modèle le plus impacté par le GSR2 est « la Twingo de Renault, car les aménagements nécessiteraient un trop gros surcoût pour cette petite voiture de ville », relève la Plateforme automobile (PFA), qui représente les acteurs du secteur automobile en France (constructeurs, équipementiers, sous-traitants…). La production de la petite citadine va être arrêtée en 2024. Selon la presse professionnelle, les Suzuki Ignis, Renault Zoe, Toyota GR86 ne seront plus commercialisés en Europe en raison notamment de ces normes.
Un « fardeau » pour les constructeurs
Le directeur général de Renault Luca di Meo a pointé ce problème dans une lettre ouverte à l’Europe publiée en mars 2024. Selon lui, « le fardeau réglementaire » crée « une situation très pénalisante pour les entreprises qui sont souvent prises à la gorge pour s’adapter aux calendriers très serrés d’application de ces nouvelles règles et qui doivent mobiliser de grosses ressources en ingénierie (jusqu’à 25 % d’un département de R&D) pour étudier leur application. »
L’augmentation progressive du poids des voitures amène un autre problème : l’augmentation de la consommation du carburant, et donc des émissions de carbone. Une « dynamique contradictoire avec les objectifs européens de décarbonation », avance Bernard Jullien. Le patron de la marque au losange a appelé dans la même lettre à développer en Europe les véhicules plus légers car moins polluants.
Un « technosolutionnisme » européen ?
« Ces critiques sont partiellement fondées mais biaisées, temporise Antoine Lafay. Ces technologies sont sur le marché dix à vingt ans avant de devenir un standard, et elles équipent déjà de nombreux modèles. Elles sont matures et amorties, l’industrie automobile a toujours fonctionné ainsi. »
Pour Bernard Jullien, le « technosolutionnisme » privilégié par l’Europe a ses limites, notamment car les modèles achetés avant le 7 juillet rouleront sans ces normes de sécurité : « Avec ces normes, on préfère décharger le conducteur de tâches qui sont les siennes. Il y a d’autres solutions aux mêmes problèmes, par exemple du côté de la réglementation routière et des contrôles routiers ».
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