Je dois le confesser : je suis en quelque sorte un déradicalisé. De la route, de l’auto.
En effet, j’ai appris à conduire une voiture à Québec, la capitale nationale (des autoroutes), dès l’âge de 16 ans. Ça dit à peu près tout...
Je conduisais toujours trop vite en ville. Les « stop » étaient des suggestions ; comme les lignes d’arrêt. Un feu jaune ? Le signal qu’il faut écraser l’accélérateur. Tout ce qui était dans le chemin représentait une nuisance scandaleuse à ma liberté de rouler : « Tasse-toi mononc ! », « Maudit piéton ! Traverse ailleurs ! »
C’était l’époque, les années 1980. Et sans doute, aussi, un peu de famille. Mon père m’a raconté que lorsqu’il a commencé à conduire, il descendait, au volant, la côte Salaberry à Québec (courte, mais au dénivelé impressionnant), quand mon grand-père, sur le siège du passager, s’est montré impatient : « Allez, marche, marche, marche. »
Sur l’autoroute aussi, pour moi, il fallait que « ça clenche ». J’arrivais à destination fatigué d’avoir déployé une attention énorme pour éviter de me faire « pincer » par les flics.
Révélation !
Il y a 12 ans, j’ai pu commencer à marcher quotidiennement pour aller au boulot. Trois saisons sur quatre, j’y vais aussi très souvent à vélo. En parallèle, je suis devenu un coureur (autre forme de « radicalisation », je le sais. On en reparlera peut-être !).
Je pense que tout ça a changé ma perspective : la ville, je l’ai pratiquée autrement. J’entends certains d’entre vous : « T’es devenu cyclo-grano-écolo, Robitaille ! »
Peut-être un peu. J’assume. Et l’admets : je comprends totalement pourquoi il faut d’urgence réformer le Code de la sécurité routière comme André Fortin et le gouvernement Couillard veulent le faire avec le projet de loi 165.
Il est temps d’inscrire dans nos règles fondamentales de la route que les plus vulnérables doivent être protégés d’abord et avant tout. Le camion doit faire attention aux autos, lesquelles doivent faire attention aux vélos. Et tous doivent faire extrêmement attention aux piétons.
Autre aveu : je comprends tout à fait pourquoi Luc Ferrandez, à Montréal, propose de fermer la voie de transit Camillien-Houde dans un des plus beaux parcs urbains de l’Amérique du Nord, le Mont-Royal.
Plusieurs diabolisent les gens qui, comme Ferrandez, tentent de repenser la ville. Laissons-le au moins faire quelques projets pilotes.
Lui et ses semblables n’ont pas toujours raison (personne n’a jamais toujours raison !). Mais il reste que l’auto a pris beaucoup de place, trop de place, dans nos villes depuis 60 ans. Je ne suis vraiment pas anti-auto, car c’est une invention incroyablement pratique. Mais pour cette raison, on a eu tendance à lui consacrer tout l’espace.
À Québec, il y avait jusque dans les années 1990 une ridicule autoroute juste à côté du parlement et du Vieux-Québec ! À Montréal, il y a eu... l’échangeur des Pins. Du pur délire ! Au nom de la fluidité automobile, on était prêt à abolir la vie en ville. Et y prohiber tous les autres modes de transport. Et de nombreuses traces de cette radicalisation subsistent.
Privilèges ?
Or, dès qu’on parle des vélos comme on l’a fait cette semaine, certains se fâchent noir : « Ah les maudits cyclistes, ils veulent des privilèges, ils ne respectent rien ! »
Mais au Québec, combien d’automobilistes (et je m’inclus dans le lot) respectent tous les « stops », toutes les lignes d’arrêt, toutes les limites de vitesse, tous les passages pour piétons ? Très très peu parmi ceux que je croise chaque jour.
En plus, il est contre-productif de réglementer de façon stricte des modes de transport totalement différents. Pourquoi par exemple obliger les vélos à arrêter totalement aux « stop » ? Un céder le passage prudent fait très bien l’affaire. La Ville de Montréal a raison à ce sujet.
En auto, on est gros, fort. On a un moteur au bout du volant. On est donc plus dangereux.
Raison de plus pour se déradicaliser.
La citation de la semaine
« C’est une très, très bonne entente pour les citoyens, parce qu’on contrôle les coûts, on ne met pas d’argent neuf, et pour les patients... »
– Le premier ministre Philippe Couillard vantant l’entente entre le gouvernement et les médecins spécialistes
Le carnet de la semaine
Lisée comme Staline
Staline, le tyran soviétique, retouchait les images officielles pour y effacer des personnalités tombées en disgrâce, tel Trotsky. Peut-être dans une ultime tentative pour se rapprocher de Québec solidaire, le chef péquiste a annoncé mercredi qu’il ferait de même avec François Legault ! Pourquoi ? Parce que selon Lisée, le chef de la CAQ, lorsqu’il était ministre de la Santé du PQ, avait eu la « mauvaise » idée de s’engager auprès des médecins et au nom de l’État à combler les écarts de rémunération entre eux et leurs homologues du ROC : « La responsabilité du chef de la CAQ, elle est entière », a clamé Lisée avant de blaguer « stalinement » : « Et, pour ce qui est de son rôle au Parti québécois, nous allons effacer sa présence des archives du Parti québécois parce qu’une erreur comme celle-là, nous ne l’assumons pas ! »
Drolet a bien vu Béliveau !
Le député André Drolet était passé pour un mythomane lorsqu’il avait déclaré, en 2014, avoir vu Jean Béliveau jouer au Colisée pour les As. Cela apparaissait impossible puisque Béliveau avait cessé de jouer pour les As en 1953 et que Drolet avait vu le jour en... 1954. Or, grâce à une « enquête » de #ZoneAssnat, nous avons découvert qu’il y a eu un match hors concours Canadiens-As au Colisée en 1967 auquel Jean Béliveau a participé. Informé de l’affaire hier, le député s’est exclamé : « C’est exactement ça ! Je n’étais pas si fou que ça ! Vous avez une belle preuve ! » (Voir la ZoneAssnat sur journaldemontreal.com pour plus de détails)
Le salaire de Martine
La chef du Bloc, Martine Ouellet, réclame à son parti un salaire de quelque 100 000 $ qu’elle toucherait dès le 2 octobre 2018, lendemain des élections québécoises. Elle ne se représente pas dans son comté de Vachon pour se consacrer à son rôle fédéral. Le Bloc, en prévision de cette dépense additionnelle, aurait haussé ses objectifs de financement. Cela fait grincer des dents dans son parti frère, le PQ, en précampagne électorale, et qui, pour cette raison, sollicitera aussi les porte-monnaie souverainistes. Plusieurs se demandent pourquoi la chef ne se contente pas, pour 2018-2019, de l’allocation de transition qu’elle touchera du Québec, évaluée à 129 180,45 $. Pourquoi ajouter un 100 000 $ d’un parti cassé ?
http://www.journaldequebec.com/2018/02/17/deradicalisation-automobileBagikan Berita Ini
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