Search

A Genève, l'automobile redouble d'inventivité

La 88ème édition du Salon de l'Automobile de Genève sera-t-elle celle de l'avènement de la voiture électrique pratique, universelle et populaire ? En un mot, non.

A cela, deux raisons. D'une part l'écrasante majorité des modèles présentés au Salon font toujours confiance à un moteur à combustion interne (essence, Diesel ou bien hybride électrique). D'autre part, les rares modèles 100 % électriques présentés à Genève s'en remettent à l'une ou l'autre des chimies connues de batterie au lithium-ion. Or, il n'y a pas de miracle à en attendre.

Les analystes s'accordent à dire que le marché de l'électrique ne décollera vraiment que lorsque le prix de revient de la voiture à piles sera descendu au niveau de celui de la voiture à essence. Au rythme actuel des progrès de la chimie, on peut tabler sur 2030. A moins d'une vraie rupture technologique, qui permettrait de diviser par deux le prix de revient du kilowattheure embarqué, évalué à 200 dollars à l'heure actuelle avec le lithium-ion.

La voiture électrique gagne du terrain

On peut se réjouir de la naissance à Genève de deux nouvelles voitures à motorisation 100 % électrique, et pas des moindres : la Jaguar i-Pace (lire notre article) et la Hyundai Kona Electric, présentées en première mondiale au Salon de l'auto. Pas de quoi cependant faire taire les critiques des militants écologistes impatients.

Une récente étude par Electromobility Platform conclue que ce qui freine la diffusion de la voiture électrique n'est pas le nombre de points de charge publics — en quantité suffisante par rapport au parc roulant — mais la pauvreté de l'offre des constructeurs. Et pan !

Dans la même veine, l'ONG Transport & Environment estime que les délais de livraison à rallonge dont souffrent les Volkswagen e-Golf, Smart Electric et autres Renault ZOE et Hyundai Ioniq Electric sont la preuve que les constructeurs et les équipementiers ont péché par excès de prudence et sous-dimensionné leur outil de production. Quoi qu'il en soit, ils vont devoir s'atteler à résorber le goulet d'étranglement que constitue la fourniture des batteries au lithium.

La mode du SUV enrichit les constructeurs

Les constructeurs sont décidément à la croisée des chemins. Pour répondre aux réglementations toujours plus contraignantes en Europe et en Chine, ils annoncent le lancement de dizaines de modèles électriques est programmé d'ici à 2025, en Europe comme en Asie. Mais le coût paraît astronomique. L'agence allemande Scope Ratings estime que le Groupe Volkswagen devra débourser quelque 5 milliards d'euros pour équiper les usines et tenir son objectif de produire 3 millions de voitures électriques en 2025.

Par conséquent, on n'en voudra pas aux constructeurs de tenter de remplir les coffres et de multiplier les lancements sur le marché ultra porteur du SUV, plus rémunérateur que la berline classique ou que le monospace passé de mode. L'appétence du consommateur pour ces véhicules hauts sur pattes, d'allure flatteuse, permet aux constructeurs d'échapper au cercle vicieux des rabais qui rogne les marges.

La vogue du SUV a tendance à tout emporter sur son passage. Nous en voulons pour preuve la décision de Citroën de débaptiser ses monospaces C4 Picasso et Grand C4 Picasso. Il convient dorénavant de les appeler C4 SpaceTourer et Grand C4 SpaceTourer, dans une tentative vaine de gommer leur appartenance à un genre voué à l'extinction. Lire notre article : Pourquoi Citroën laisse le Picasso au garage.

La tendance est à "SUViser" tout ce qui roule

Dans le même ordre d'idée, Peugeot cherche à casser l'image fruste de son Partner. Pour sa troisième génération, le ludospace change de nom et se déguise en 4x4. Lire notre article sur le Peugeot Rifter 4x4 Concept. Même son frère jumeau, le Citroën Berlingo tente de se faire plus imposant.

Chez les petites aussi, on tente de bomber le torse et de sortir les pectoraux. La plus modeste des Ford, la Ka+ sacrifie à la mode des faux baroudeurs, façon Dacia Sandero Stepway.

En provenance de Corée du Sud, Hyundai dévoile les variantes tout-électrique de son petit SUV Kona, rival des Renault Captur et Peugeot 2008. Lire notre article : Hyundai Kona Electric. Tandis que SsangYong travaille à offrir une alternative 100 % électrique aux SUV compacts, type Peugeot 3008 et Renault Kadjar. Lire notre article : SsangYong e-SIV Concept.

Le simple fait de présenter les attributs d'un SUV ne suffit plus à garantir le succès, toutefois. Pour preuve, le Ford Edge qui n'est parvenu à séduire que 16.000 européens l'an dernier. A son échelle aussi, son petit frère Ford EcoSport souffre de la concurrence plus affutée. Pour tenter de redresser la barre, l'un comme l'autre revoient leur maquillage. Lire notre article : Ford Edge : nouveau look et nouveau Diesel

Les berlines classiques n'ont pas dit leur dernier mot

A l'inverse, le BMW X4 n'a pas de souci à se faire : façonnée à l'image de son prédécesseur, la nouvelle mouture de ce coupé à 5 portes monté sur échasses est l'une des vaches à lait du constructeur bavarois. Lire notre article : BMW X4, la version sport du X3 s'affine et s'affirme.

Le stand de Mercedes-Benz promet lui aussi d'attirer le chaland avec la refonte de l'inoxydable 4x4 Mercedes Classe G, la première en 39 ans de carrière. Ce qui n'empêche pas le constructeur allemand de soigner l'autre extrême de sa gamme, avec une Classe A renouvelée de fond en comble.

Les visiteurs du Salon de Genève pourront aussi admirer la nouvelle génération de la célèbre Jeep Wrangler, dévoilée aux Etats-Unis en novembre dernier.

Mais comme la tradition a du bon, les berlines, les breaks et les voitures de sport trouvent elles aussi leur place à Genève. Peugeot renouvelle sa grande familiale 508, favorite des chauffeurs de taxi, par une carrosserie plus courte et plus basse. Audi offre à sa grande routière A6 les équipements de pointe de la limousine A8. Le Suédois Volvo rend au break ses lettres de noblesse en donnant plus de volume de chargement à son V60. Et tandis que l'Italien Ferrari et le Britannique McLaren nous livrent, l'un la déclinaison Pista de la 488, l'autre la supercar Senna, le Japonais Toyota livre un premier aperçu de son coupé Supra, étudié avec BMW sur une base commune. Faute d'intéresser les Chinois, les coupés et les cabriolets ne font plus guère recette : d'où l'intérêt de s'associer pour mutualiser les coûts.

A échéance plus lointaine, les constructeurs réfléchissent à des véhicules moins encombrants, moins énergivores et plus économiques. Renault présente le concept EZ-GO, un petit salon roulant, autonome et partagé. L'Allemand Volkswagen poursuit sa déclinaison systématique de sa plateforme électrique I.D. et dévoile la variante I.D. Vizzion. Le carrossier italien Pininfarina se met au service d'un nouveau constructeur chinois, Hybrid Kinetic et habille d'une magnifique carrosserie de coupé une mécanique électrique à prolongation d'autonomie. Décidément, le rêve n'a pas disparu des allées du Salon de Genève.

Let's block ads! (Why?)

https://www.challenges.fr/salon-automobile-de-geneve/salon-automobile-de-geneve-les-forces-en-presence-les-tendances-et-nouveautes_570629

Bagikan Berita Ini

Related Posts :

0 Response to "A Genève, l'automobile redouble d'inventivité"

Post a Comment

Powered by Blogger.