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L'automobile britannique dans une mauvaise passe

Qu'il semble loin, le temps où l'automobile britannique enregistrait, en mars 2017, un record d'immatriculations avant l'entrée en vigueur d'une nouvelle taxe sur les voitures ! Le deuxième marché européen a ensuite vu ses ventes sombrer dans le rouge. Les immatriculations ont signé en mars leur douzième mois de baisse consécutif. Et les prévisions ne sont guère optimistes, tant les incertitudes qui pèsent sur l'activité restent nombreuses.

Les immatriculations ont chuté de 15,7 % le mois dernier, à 474.000 véhicules, selon les chiffres publiés il y a quelques jours par la Society of Motor Manufacturers and Traders (SMMT), le lobby qui défend les intérêts des constructeurs. Ce qui porte la baisse à 12,4 % sur le trimestre écoulé par rapport à la même période de l'an dernier, même si près de 720.000 véhicules ont pris leur place dans le trafic, outre-Manche, depuis le début de l'année.

Après avoir bouclé 2017 sur une baisse de 5,7 %, à 2,54 millions de véhicules neufs vendus, le secteur s'attend à une année 2018 du même ordre (-5,6 %), avant un exercice 2019 où le recul devrait se réduire mais néanmoins persister (2,1 %).

Les ventes de voitures diesel dévissent

« Deux raisons expliquent le recul des immatriculations, explique Edmund King, président de l'Automobile Association. Les incertitudes liées au Brexit, d'abord : les consommateurs s'interrogent sur les risques pour leur entreprise, voire leur emploi, et remettent à plus tard leur projet d'achat. La confusion qui règne sur le segment du diesel, ensuite : devant les offensives lancées à son encontre par le gouvernement et les autorités locales, les acheteurs hésitent à se lancer. » Pour lui, les prix sont encore trop élevés, le choix de modèles trop restreint et le nombre de bornes de rechargement trop limité pour que l'hybride et l'électrique prennent le relais.

Les ventes de véhicules diesel, en particulier, ne finissent pas de dévisser . Elles ont encore reculé de 32,4 % en mars, soit une baisse d'un tiers depuis le début de l'année. Nouvelle taxe à Londres sur la toxicité des véhicules polluants, alourdissement au niveau national de la fiscalité sur les achats de voitures diesel (« Vehicle Excise Duty ») et même majoration des tarifs de stationnement public dans le quartier londonien d'Islington... Voilà plusieurs mois que les fronts se multiplient. Résultat : le poids du diesel dans les immatriculations est tombé à 33,5 % sur les trois mois écoulés, contre 44 % sur la même période l'an dernier.

Des investissements en repli d'un tiers

En attendant que l'horizon se dégage, les constructeurs font le dos rond et réduisent la voilure sur les investissements. Ceux-ci ont fondu d'un tiers l'an dernier, à 1,1 milliard de livres, contre 1,66 milliard en 2016. Or, ils avaient déjà reculé de plus d'un tiers en 2016... Seul PSA s'est renforcé en annonçant début avril un investissement de 100 millions de livres pour accroître les capacités de production de son usine de Luton (Bedfordshire), qui fabrique des utilitaires pour sa marque Opel/Vauxhall. Autre bonne nouvelle : Toyota a indiqué qu'il allait assembler sa nouvelle Auris dans son usine britannique de Burnaston.

Les incertitudes liées au Brexit ont au moins un avantage : la baisse de la livre qu'elles ont provoquée a boosté les exportations de voitures l'an dernier. C'est ce qui a permis de limiter la baisse de la production automobile à 3 % en 2017. Près de 80 % des 1,67 million de véhicules assemblés au Royaume-Uni ont été vendus à l'étranger. De quoi compenser, en partie, la chute de la demande domestique (près de 10 % l'an dernier). A condition que le Brexit ne conduise pas à ériger de nouvelles barrières douanières...

La baisse de la demande de véhicules diesel commence à faire mal outre-Manche. Jaguar Land Rover a annoncé lundi qu'il allait à cause d'elle supprimer un millier d'emplois et réduire la production de deux de ses usines anglaises. Le groupe ne renouvellera pas 1.000 postes d'intérimaires à son usine de Solihull lorsqu'ils arriveront à échéance (soit 10 % des effectifs du site) et y transférera un peu plus de 360 personnes du site voisin de Castle Bromwich.

Depuis le début de l'année, les ventes de véhicules neufs ont chuté de 26 % chez Jaguar et de 20 % chez Land Rover sur le marché britannique en raison de la crise du diesel. Environ 90 % des ventes de JLR en Grande-Bretagne sont des voitures diesel. Le groupe détenu par l'indien Tata pèse à lui seul près du tiers de la production automobile en Grande-Bretagne, qui s'élève à 1,7 million de véhicules par an.

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