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Le Brexit, un danger pour les usines automobiles britanniques

Il ne faut pas se tromper d'ennemi. « Le sujet n'est pas tant les droits de douane que l'attente aux frontières », confiait en mars un dirigeant de constructeur automobile, inquiet comme ses collègues des conséquences potentielles du Brexit. Depuis une dizaine d'années, son industrie est en effet devenu une mécanique mondiale construite sur le « juste-à-temps », une logistique complexe qui peut se dérégler à cause d'un petit grain de sable protectionniste.

«N'importe quel contrôle douanier ajouterait des coûts, des délais supplémentaires et menacerait la productivité. Dans le pire scénario, cela pourrait même conduire à des ruptures sur les lignes », s'alarmait fin mars Erick Jonnaert, le secrétaire général de l'Association des constructeurs européens (Acea), qui réclame instamment des travaux sur la simplification des procédures douanières entre l'Europe et le Royaume-Uni. « Sinon, on aura de gigantesques points de congestion des deux côtés de la Manche quand le Brexit sera effectif ».

Chez BMW, certains ont même expliqué à la presse qu'il faudrait fermer les usines Mini et Rolls-Royce si les contraintes logistiques devenaient trop fortes. Il faut dire que quelque 90 % des composants assemblés outre-Manche par le constructeur allemand proviennent du continent. Chez Honda, on précise qu'il faudrait construire un entrepôt grand comme 42 terrains de football pour abriter les pièces nécessaires à neuf jours de production à Swindon, rapporte le « Fianncial Times »...

Interdépendance

De fait, en matière d'automobile, l'Angleterre est tout sauf une île. Selon l'Acea , le Royaume-Uni a importé 2,3 millions de véhicules d'Europe l'an dernier, tandis que 804.000 engins ont fait le chemin inverse (80 % de la production automobile britannique à l'étranger). Sur un autre plan, les Britanniques ont fait venir du Vieux Continent 14,1 millions de pièces automobiles pour 11,4 milliards d'euros, et en ont écoulé 21,7 millions pour 3,8 milliards auprès de clients européens. « Cela donne un aperçu de la dépendance des usines britanniques aux grands équipementiers européens », soulignait l'an dernier Matteo Fini, expert logistique au sein du cabinet IHS. 

D'après ses estimations, seuls 34 % des composants critiques d'un véhicule assemblé au Royaume-Uni sont produits sur place. C'est une moyenne : dans certaines usines, la proportion tombe à 22 %;  pour certaines pièces comme les transmissions ou les systèmes de dépollution, c'est encore moins. 

Taille critique

Si certains constructeurs ou équipementiers pourraient relocaliser une partie de leur production au Royaume-Uni pour limiter les frais, le mouvement ne saurait être massif. Le marché automobile anglais, certes conséquent, ne justifiera pas forcément de construire une usine spécialement pour lui, sauf à disposer de très larges incitations et facilités de la part des autorités compétentes. Et encore faudra-t-il que quelques pourcentages de droit de douane ne viennent pas effacer les faibles marges du secteur.

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https://www.lesechos.fr/industrie-services/automobile/0301880423873-le-brexit-un-danger-pour-les-usines-automobiles-britanniques-2187402.php

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