Souvent synonyme de perte de temps et d’argent, la restitution des véhicules en fin de contrat est aussi bien souvent source de conflits. Les gestionnaires de flotte font face à une augmentation du nombre des litiges. Une tendance qui pourrait bien prendre fin grâce à l’intelligence artificielle, qui automatise et digitalise le diagnostic.

Rapidité, fiabilité et transparence sont les maîtres mots de ces start-up qui se sont penchées il y a quelques années sur le sujet de la restitution automobile. Parmi elles, deux françaises tentent de conquérir le marché. Après trois années de R&D, les solutions sont prêtes à être commercialisées. En ligne de mire : les constructeurs, les concessionnaires, les loueurs, les assureurs mais aussi les responsables de parc d’entreprise. « Nous estimons que les flottes disposant plus de 100 véhicules pourraient largement profiter des bénéfices de notre portique » explique Gabriel Tissandier, cofondateur de WeProov. Qui précise : « C’est un dispositif efficace pour les véhicules qui sont amenés à tourner entre les mains de différents conducteurs . Il peut aussi faciliter le développement de l’auto-partage en levant les freins liés à l’état des véhicules et en sécurisant les conducteurs lors de l’emprunt. »
De l’application au portique de restitution
Pour nos deux françaises, tout est parti du développement d’une application permettant de réaliser un photoscan complet d’un véhicule. L’objectif : certifier son état, contrôler à distance l’état d’une flotte, réaliser une expertise et un chiffrage à distance ou encore déclarer un sinistre. Mais très vite les start-up ont voulu aller plus loin et proposer au marché automobile un éco-système complet qui puisse répondre à la demande de sites à faibles volumes comme aux gros acteurs du marché. « Nous avons donc décidé de développer un portique numérique équipé d’optiques électroniques, d’un éclairage sur mesure et d’intelligence artificielle. La ProovStation scanne en 3D les véhicules afin de réaliser un état des lieux complet d’une automobile ou d’un petit utilitaire », continue Gabriel Tissandier. « Notre volonté est de changer le modèle économique de la restitution automobile » fait savoir de son côté Léa Chevry, cofondatrice de la start-up Tchek. « L’objectif final, dit-elle, étant de pouvoir refacturer en toute transparence et de diminuer les litiges tout en favorisant le gain de temps. Le système est amené à trier et classer un grand nombre d’images 360° d’une multitude de véhicules, ce qui l’entraîne et l’enrichit à chaque passage. »
Un œil intelligent pour une détection au millimètre près
Exit donc l’expertise humaine pour laisser place à l’intelligence artificielle. La ProovStation et le scanner Tchek fonctionnent sur le même principe, mis à part que le second s’adapte aussi aux poids lourds. Concrètement, lors du passage du véhicule, un photoscan à 360 degrés en haute résolution est réalisé en trois à cinq secondes. L’intelligence artificielle identifie ensuite les dommages relevés sur le véhicule et traite la donnée. Elle est capable de faire la différence entre une petite rayure et une poussière ou une trace de doigt, plus difficile à identifier. Un rapport horodaté, géolocalisé et sécurisé contenant des photos conservatoires de l’état du véhicule est alors généré et comparé avec une inspection précédente pour établir un relevé des dommages de l’ordre du millimètre. Ceux-ci, localisés et quantifiés, peuvent être chiffrés automatiquement à partir du cahier des charges du client.
Cette innovation a de nombreux atouts pour les flottes selon nos jeunes pousses. « Comme dans l’imagerie médicale, la révolution IA dans l’imagerie automobile s’avère titanesque, explique Léa Chevry. Nous attestons de l’état d’un véhicule lors de son prêt ou de sa sortie de parc pour éviter tout litige lors de la restitution. Cette procédure sensibilise aussi les employés au périmètre de bonne utilisation de leur véhicule et facilite la réparation de petits dommages. » Le dirigeant de WeProov complète : « L’outil offre ainsi une réduction des frais de remise en état en imputant directement les dommages au responsable. La refacturation est au plus juste et sans conflit. En cas d’expertise nécessaire, une alerte automatique est envoyée. Nous offrons également des services complémentaires comme la demande de devis auprès de notre réseau de réparateurs partenaires afin d’orienter nos clients vers les bons opérateurs. »
Vers un déploiement à grande échelle
Le scanner de Tchek est déjà commercialisé en France, au forfait mensuel de 1 190 euros par mois pour un volume de 600 passages et une durée de trois ans. Depuis son lancement, plus de 20 000 véhicules ont déjà bénéficié de cette innovation. En revanche, la ProovStation est encore en phase de test. Un portique a été installé chez l’un de nos constructeurs français, quand un autre poursuit son apprentissage au sein du groupe de distribution Bernard, partenaire du projet. Si la commercialisation doit débuter en fin d’année, la start-up ambitionne de déployer son dispositif à l’échelle nationale au niveau des concessions ou de sites stratégiquement bien placés pour inciter à l’inspection récurrente des véhicules. « Les entreprises pourront ainsi faire appel à nos services. Les collaborateurs seront avertis par SMS qu’il est nécessaire que leur véhicule soit diagnostiqué par un portique près du lieu de travail ou du domicile. Le gestionnaire de parc recevra ensuite un compte rendu complet de l’état du véhicule. L’objectif étant encore une fois de permettre une prise de décision rapide et de limiter les coûts lors de la restitution des voitures en fin de contrat », résume Gabriel Tissandier. De quoi laisser entrevoir une mutation complète du rapport humain à la vérification avec une réduction des conflits en parallèle d’un gain de temps !
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