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L'automobile allemande se prépare à la fin des années folles - Les Échos

Coup de frein économique en Europe,  ralentissement du marché automobile chinois, incertitudes liées aux tensions commerciales ou encore au Brexit : l'industrie automobile allemande, qui emploie plus de 800.000 personnes outre-Rhin, commence à sentir les effets de ce cocktail très menaçant et se prépare à des lendemains difficiles.

« La crise est arrivée jusqu'au coeur du bastion automobile du Bade-Wurtemberg », écrivait fin juillet le quotidien « Handelsblatt », après la faillite d'Eisenmann, une entreprise familiale spécialisée notamment dans la peinture pour l'automobile. Cette société de 3.000 salariés est implantée dans cette région prospère du sud de l'Allemagne, où sont également établis Daimler et Bosch.

Personne n'y échappe

Les équipementiers font les frais du recul de la demande et enchaînent cet été les avertissements sur résultats. Début août, ZF Friedrichshafen,  l'équipementier installé au bord du lac de Constance, a raboté d'un milliard d'euros ses prévisions annuelles. Il table dorénavant sur un chiffre d'affaires compris entre 36 et 37 milliards d'euros et prévoit une marge opérationnelle comprise entre 4 à 5 %, en recul d'au moins un point sur l'exercice précédent. Peu auparavant, l'autre géant Continental avait revu à la baisse ses prévisions, tout comme Schaeffler, un équipementier bavarois de 90.000 salariés.

Les constructeurs automobiles déchantent aussi : Daimler, la maison mère de Mercedes a  revu à la baisse à deux reprises en quelques semaines ses prévisions.  Son rival munichois BMW table pour 2019 sur un « net recul » de son bénéfice avant impôt. Le géant Volkswagen s'en tire quant à lui plutôt bien pour le moment avec une hausse de son chiffre d'affaires et de son bénéfice en dépit d'une baisse de ses livraisons au premier semestre. Le groupe vise d'ailleurs toujours des livraisons « légèrement supérieures » à celles de 2018 cette année et espère une hausse proche de 5 % de son chiffre d'affaires.

Production au plus bas depuis 20 ans

« L'industrie automobile, qui tablait en début d'année sur des ventes mondiales stables en 2019, voire en recul de 1 ou 2 % au pire, parie à présent sur une baisse d'activité de 5 % », souligne Jürgen Pieper, analyste chez Metzler.

Sur les sept premiers mois de l'année, les constructeurs allemands ont vu leurs exportations reculer de 14 % sur un an, avec 2,1 millions de véhicules exportés, pointe la Fédération automobile allemande (VDA). Au premier semestre, les principaux marchés se sont contractés, avec un recul des nouvelles immatriculations de 3 % sur un an en Europe, de 2 % aux Etats-Unis, voire de 14 % en Chine… le premier marché automobile mondial.

« Cette année sera la pire enregistrée depuis plus de vingt ans pour l'industrie automobile mondiale », pronostique Ferdinand Dudenhöffer, directeur de l'institut de recherche CAR à l'université de Duisburg, qui table sur un recul de la production allemande à 4,7 millions de véhicules en 2019, ce qui correspondrait à son plus bas niveau depuis 21 ans.

Plutôt que d'une crise, Christian Brunkhorst, expert automobile chez IG Metall, préfère parler d'un « retour à la normale des ventes » dans une industrie qui a connu plusieurs années fastes. Crise ou simple ralentissement, la chasse aux coûts s'enclenche au sein de la branche. « Les entreprises prennent actuellement des mesures pour protéger leurs rendements, ce qui fait grimper la pression sur les salariés », explique l'expert syndical, en évoquant le non-renouvellement de CDD ou la réduction du travail intérimaire.

« Répercussions sur l'emploi »

« Il y aura des répercussions sur l'emploi », a prévenu début août Volkmar Denner, le patron de Bosch, le premier équipementier automobile mondial, dans les colonnes de la « Süddeutsche Zeitung ». Le coup de frein intervient à un moment d'autant plus critique que les constructeurs sont en train de dépenser des milliards d'euros pour adapter leurs usines à la production de véhicules électriques et pour lancer de nouveaux modèles électriques.

Ralentissement du marché, virage vers la voiture électrique, le dirigeant  de Bosch a rappelé une troisième difficulté : les menaces qui pèsent sur les emplois liés au diesel, technologie tombée en disgrâce depuis le  « dieselgate » . Chez Bosch, 50.000 emplois en dépendent encore (sur 410.000 salariés). L'équipementier déclare déjà ne plus remplacer ses CDD et avoir recours aux départs en retraite anticipée pour réduire la voilure. La majorité des constructeurs a également lancé des plans d'économies pour sauvegarder ses marges, à l'image de BMW qui veut économiser 12 milliards d'euros d'ici à 2022.

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