PSA et Fiat-Chrysler se sont officiellement mis en route ce jeudi vers la création d’un nouveau géant mondial de l’automobile. Les deux constructeurs ont annoncé être tombés d’accord à l’unanimité sur le principe d’une fusion entre égaux. L’accord définitif pourrait intervenir « dans les prochaines semaines », selon le mandat donné aux équipes des deux constructeurs.
#GroupePSA et @fcagroup envisagent d’unir leurs forces pour construire un leader mondial et entrer dans une nouvelle ère de la #mobilité durable
— Groupe PSA (@GroupePSA) October 31, 2019
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Pourquoi cette fusion était-elle inéluctable ?
Cette fusion intervient quelques mois seulement après l’échec cuisant des négociations entre Fiat Chrysler et Renault, numéro un français de l’automobile. L’italo-américain avait rapidement jeté l’éponge, n’ayant pas pu obtenir un engagement du constructeur français, freiné par l’État actionnaire. Le groupe PSA, lui, n’a pas raté l’occasion. Car s’associer est désormais un impératif pour rester compétitif dans un marché automobile mondial qui devrait reculer en 2019, une première depuis dix ans.
« On est dans un contexte où les nuages gris s’amoncellent au-dessus de l’industrie automobile. Quand les affaires sont plus difficiles, la concurrence est plus forte et les marges tirées vers le bas », pointe Flavien Neuvy, directeur de l’Observatoire Cetelem. Au-delà de la question de la demande qui s’essouffle, les constructeurs doivent faire face à des défis colossaux, comme une « réglementation de plus en plus drastique sur les émissions polluantes », note l’expert.
Pour répondre à ces normes et faire évoluer leur parc vers l’électrique ou l’hybride, « des milliards et des milliards d’euros d’investissement » sont nécessaires et, « dans ce cas, la taille critique devient encore plus stratégique », ajoute Flavien Neuvy. Les constructeurs doivent aussi inventer la voiture de demain. « Dans le futur, on ne choisira pas une voiture uniquement pour ses prestations de mobilité mais aussi pour les services à bord », explique Giuliano Noci, professeur de stratégie à l’école de commerce de Polytechnique à Milan : « Ce sont des investissements qui nécessitent une taille que FCA et PSA ne peuvent atteindre seuls ».

Crédit photo : DANIEL ROLAND / AFP
Quels bénéfices pour les deux groupes ?
PSA et FCA ont évalué à 3,7 milliards d’euros les synergies annuelles générées par leur rapprochement, pour une société dont le chiffre d’affaires consolidé est évalué à 170 milliards d’euros. Sur le papier, les deux groupes semblent avoir une certaine complémentarité. La fusion pourrait ainsi permettre à PSA de revenir sur le marché américain grâce notamment aux Dodge et Jeep de son allié tandis que FCA consoliderait ses positions en Europe, où il est en perte de vitesse. Selon plusieurs experts du secteur, PSA pourra également apporter une certaine expertise en termes d’électrification des véhicules, tandis que FCA peut proposer des voitures haut de gamme avec ses marques Alfa Romeo ou Maserati.
Quelle organisation pour la nouvelle entité ?
Avec 8,7 millions de véhicules vendus par an, la nouvelle entité, qui serait basée aux Pays-Bas, rejoindrait les géants de l’automobile, en devenant le n°4 mondial. « 50/50 »: la répartition au sein de ce nouveau mastodonte de l’automobile se veut claire, avec les actionnaires des deux groupes détenant chacun la moitié du capital. Même constat au sein du conseil d’administration, où cinq membres seraient nommés par Fiat-Chrysler, cinq autres par PSA, le onzième étant Carlos Tavares, actuel patron du constructeur français qui deviendrait directeur général de ce nouveau groupe. Ce conseil d’administration serait par ailleurs présidé par John Elkann, patron de Fiat-Chrysler.

Crédit photo : Daniel ROLAND et BILL PUGLIANO / AFP
Qu’en pensent les salariés ?
Les deux groupes ont d’ores et déjà assuré qu’"aucune fermeture d’usine" n’est prévue. Dans un communiqué publié mercredi, FO jugeait « attractif » le projet « au plan industriel » tout en restant « particulièrement vigilant sur l’impact social ». Olivier Lefebvre, délégué syndical central, estime qu’il est « préférable pour un groupe de produire 9 millions de véhicules plutôt que 4, compte tenu des mutations profondes du secteur automobile, notamment les conséquences de la transition énergétique ».
« Cela permettra à PSA d’avoir une taille plus importante vis-à-vis des gros, comme Toyota ou Volkswagen », observe Patrick Michel, secrétaire FO du comité de groupement de PSA. « Pour Fiat, l’intérêt est d’accéder à une technologie qui lui permettra de respecter les futures normes d’émission de CO2 ». « Côté français, il faut dans tous les cas que l’emploi soit protégé a minima, et le mieux serait des créations, comme on en a eu à Sochaux au moment du rachat Opel-Vauxhall ».
La CFE-CGC (numéro 2 chez PSA), elle, retient « qu’il n’est pas prévu de fermeture de site en France dans le cadre de ce projet ». Le syndicat promet d’étudier les impacts sur "les implantations industrielles nationales, la préservation des forces de R et D en France et les emplois qui y sont attachés". La CGT, 3e syndicat de PSA, estime que « l’intérêt des groupes en question est forcément d’augmenter leur rentabilité et les profits, ce qui ne peut se faire que sur le dos des salariés en France, en Italie et aux États-Unis », selon Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central.

Crédit photo : MARCO BERTORELLO / AFP
Quelle est la position des autorités ?
Dans un communiqué de Bercy diffusé ce jeudi matin, le ministre français de l’Économie Bruno Le Maire « accueille favorablement » le projet de fusion des constructeurs automobiles PSA et Fiat Chrysler. Mais le gouvernement « sera particulièrement vigilant sur la préservation de l’empreinte industrielle en France, la localisation des centres de décision et la confirmation de l’engagement du nouveau groupe sur la création d’une filière industrielle européenne de batteries électriques", a indiqué le ministère.
Le vice-ministre de l’Économie italien, Antonio Misiani, a pour sa part estimé »vital de préserver les sites" Fiat Chrysler (FCA) en Italie, insistant sur le fait que « le gouvernement italien observe avec attention l’évolution du secteur et l’avenir de FCA ». Les réactions de la Bourse étaient quant à elles plus mitigées, les actions des deux constructeurs connaissant des fortunes radicalement opposées. Dans les premiers échanges à la Bourse de Milan, Fiat Chrysler bondissait de 10% tandis qu’à Paris, PSA lâchait près de 9%.
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